Le sort en est jeté. Enfin, la date de la prochaine élection présidentielle est connue. Le premier tour fixé au 24 mars par le president Macky Sall a été acté par le Conseil constitutionnel, juge souverain des elections. Initialement prévu le 25 février puis renvoyé après un jeu de ping-pong entre le président de la République et le Conseil constitutionnel, ce scrutin se tiendra en plein carême et ramadan. Ce n’est pas le moindre de ses aspects inédits. Pour une fois en douze ans, le Judiciaire a arrêté l’Exécutif qui l’a accepté ; pour une fois aussi, la campagne électorale sera de facto raccourcie pour les 19 candidats retenus, un nombre record pour des joutes présidentielles et le president sortant ne se représente pas.
Le combat acharné mené par des franges importantes de l’opposition, de la societe civile, des syndicats d’enseignants a porté ses fruits. L’État de droit est ainsi sauvé et un grand soulagement habite désormais les coeurs. C’est dire que si les institutions jouent leur rôle à elles dévolu, tout peut se dérouler normalement. Fortement malmenée, la démocratie sénégalaise peut retrouver les lettres de noblesse qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Avouons que les choses n’ont pas été faciles entre le samedi 3 fevrier et ce mercredi 6 mars 2024.
Depuis le jour du fameux discours du président Macky Sall reportant l’élection présidentielle, le processus électoral était perturbé. Le Conseil constitutionnel vient de remettre les choses à l’endroit et sauve ainsi le Sénégal d’une crise aux conséquences inimaginables. Désavoué, le président Macky Sall, jouait la montre et son dialogue national tenu à Diamniadio les 26 et 27 février n’avait fait qu’ajouter à la confusion. Les 7 Sages nous sortent ainsi du gouffre en décidant que l’élection devait se tenir avant le 2 avril et qu’au-delà de cette date la suppléance du president Macky Sall serait assurée par le président de l’Assemblée nationale.
Tout sages qu’ils sont, ils ont été intransigeants sur leurs prérogatives. L’accusation de corruption portée contre deux des leurs n’a fait que renforcer leur ardeur à sauver la face et à user de tout ce que la loi leur confère. C’est tout à leur honneur.
Il en va autrement de l’Assemblee naionale contre laquelle bien des Senegalais sont désenchantés. La loi d’amnistie des faits liés aux evenements politiques survenues entre debut mars 2021 et fin fevrier 2024 ne les honore pas forcement. Qui est responsable des dizaines de morts : des élements des forces de defense et de sécurité, des forces occultes, Pastef ? Les parents des victimes seront-ils indemnisés. Quid des societes et opérateurs économiques ayant subi des casses et des dommages enormes? Comment par exemple passer en pertes et profits l’incendie de ce car avec la mort atroce de deux adolescentes ?
Tant que la lumiere ne sera pas faite sur ces évènements macabres, il sera difficile de pardonner. On n’ose pas croire un seul instant que cette loi d’aministie, loi de magnanimité qu’elle ait initiée par Macky Sall pour proteger des proches avant de quitter le pouvoir.
Seul bemol, cette loi bien qu’adoptée pourrait être retoquée par une nouvelle majorité à l’Assemblée . Une autre paire de manche après la presidentielle dont tout porte a croire que l’issue se jouera entre la coalition de Bassirou Diomaye Faye et celle de Benno Bokk Yaakaar dirigee par Amadou Bâ.