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L’effet Diomaye

Dans quel état le président Diomaye Faye a trouvé le Sénégal ? De sa prise de pouvoir début avril à aujourd’hui, il ne s’est pas écoulé cent jours pour apprécier sa trajectoire ou l’image qu’il donne de lui. Sans doute est-il tôt pour s’adonner à ce jeu favori des Sénégalais : la spéculation.

En revanche, le pays s’apaise. La vie reprend son cours. Et une patience stratégique s’observe enveloppée toutefois dans un épais silence de circonstance, reflet d’une décence vis-à-vis d’un nouveau pouvoir qui s’installe.

Ce pouvoir cherche ses repères. Normal qu’il s’octroie du temps pour les trouver. Est-il néanmoins conscient que point trop n’en faut ? Car les urgences s’accumulent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières territoriales.

Il se dégage de l’avenant visage du président une certaine sérénité qui, accompagnée d’une lucidité qui lui est prêtée, impressionne et laisse songeur. Son entourage dit qu’il écoute, ce qui est une qualité. Parviendra-t-il à faire comprendre qui il est ?

La magie de sa prouesse électorale opère quand-même : remporter au premier tour la présidentielle en tant qu’opposant âgé seulement de 44 ans ! Il faut le faire. Sa victoire a eu une grosse résonnance dans l’espace sous régional où il tient encore la vedette et suscite une saine curiosité dans divers milieux qui envient le modèle démocratique sénégalais.

En choisissant la Mauritanie pour son premier déplacement hors des frontières, Diomaye affiche sa préférence pour une diplomatie de proximité. Et de ce fait, il inscrit son action dans cette rupture prônée par le « Projet », un condensé du programme de gouvernance de l’actuel pouvoir.

Dakar et Nouakchott se préoccupent de s’accorder sur des dossiers majeurs liés au partage des ressources énergétiques, à l’épineux sujets des pêcheurs de Saint-Louis dans les eaux du voisin et le réveil de l’axe qui passe par l’édification du pont sur le fleuve Sénégal à hauteur des deux Rosso ainsi que la relance de l’après-barrage qui a englouti des sommes colossales en tant qu’infrastructure d’intégration.

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Les Présidents Gazouani et Diomaye ont-il abordé l’autre dossier qui fâche : la présence sur le sol sénégalais de milliers de chameaux et de dromadaires appartenant aux classes aisées du Nord ? Compte tenu de sa délicatesse et surtout de sa sensibilité, le sujet ne fait pas grand bruit.

Plus grave, il est enveloppé dans un épais silence qui frise l’omerta alors que son traitement mérite d’être porté à l’opinion des deux pays qui s’enflamme pour moins que rien à propos des 500 licences de pêche que la Mauritanie octroie chichement aux pauvres prestataires de Guet Ndar, souvent abandonnés à leur sort peu enviable.

Le Sénégal aurait tort de taire cette lancinante équation. En se montrant rigoureux et résolu, il va faire jeu égal avec une Mauritanie culturellement et socialement attachée à ces mammifères qui sont une composante intrinsèque et essentielle de son histoire.

En se rendant ensuite en Gambie, le président Diomaye cultive et prolonge cette même proximité diplomatique cette fois à l’égard du voisin du sud « logé comme une langue dans la bouche » pour parler comme feu Joseph Ki-Zerbo, prestigieux historien du Burkina Faso.

La bonne entente prévaut, disent les officiels. En témoigne aussi la chaleur de l’accueil et l’hospitalité débordante du Président gambien Adama Barrow resté ébaubi d’admiration envers son homologue Diomaye attentif, à son tour, aux soins dont il a fait l’objet tout au long de son séjour.

Là aussi, la ferveur n’a pas occulté la revue des rapports de bon voisinage.  Certes à Dakar comme à Banjul certains construisent des débats artificiels en s’intéressant plus à l’écume et pas assez aux vagues. Naturellement la frontière reste poreuse en divers endroits.

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En-deçà et au-delà, d’immenses efforts sont consentis au quotidien pour décourager la ruineuse coupe des arbres, notamment les espèces rares, avec la lâche complicité de sulfureux Chinois qui ne sont que des « téfanké » d’autres compatriotes plus fortunés, destinataires finals de ce honteux trafic, destructeur de forêts.

En ces temps d’inquiétude, de menace et de grande fragilité, les questions de sécurité revêtent une importance capitale. L’attitude et la conduite des acteurs du MFDC sont intéressantes à suivre en termes de projection et surtout d’évolution vu la réduction des couloirs d’opération du fait de la volonté de Banjul de « mieux coopérer » avec Dakar en vue de pacifier cette zone hantée par des violences d’un irrédentisme résiduel.

Le Mouvement qui en est le porte-étendard, faiblit et s’essouffle avec le vieillissement de ses dirigeants historiques. L’absence de rajeunissement le plombe et, occasionnellement, des voix se font entendre ici ou là par médias interposés plus prompts à activer des foyers de tensions qu’à accentuer les perspectives de paix. Les hydrocarbures sont un enjeu à géométrie variable…

L’affaire devrait inciter à l’examen de conscience. Le pétrole et le gaz, déjà prouvés, se trouvent en haute mer, en off-shore, dit autrement. Ces ressources ne devraient pas inverser les priorités.

Donc focus sur l’agriculture qui occupe encore et pour longtemps 70 pour cent de la population sénégalaise. Si elle est revigorée avec des investissements massifs et pertinents, elle pourrait assurer la sûreté et la sécurité alimentaires, nous rendant ainsi moins dépendants de l’extérieur pour l‘approvisionnement en denrées de première nécessité.

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L’épisode du Covid-19 est encore frais dans les mémoires. Rien qu’à y penser ça fait froid dans le dos en raison des rétentions de céréales orchestrées par des pays producteurs qui ont eu le reflexe de conserver des stocks de souveraineté pour se mettre à l’abri de retournements conjoncturels.

Le riz, pour ne pas le nommer, a même été brandi comme une redoutable arme de spéculation, révélant à l’occasion toute la fragilité de pays assujettis à la consommaient d’une céréale qu’ils ne produisaient pas. Le Sénégal est du lot. Il importe plus d’un million de tonnes à l’année pour une facture qui oscille entre 400 et 500 milliards de francs CFA.

Un énorme pactole qui enrichit d’autres et appauvrit ce pays, pourtant avantagé par la nature et sa position géostratégique exceptionnelle pour assurer sa souveraineté alimentaire en relançant sa propre politique agricole.

Les enjeux de pouvoir liés à cette problématique justifient de se hâter lentement sans toutefois se précipiter au risque de commettre des impairs qui seraient imputables à la jeunesse de l’équipe au pouvoir exposée au temps d’épreuves du fait qu’elle est novice aux affaires.

Des forces conquérantes peuvent-elles se muer (assez vite) en forces de trophées ? Techniquement, le gouvernement reste outillé pour faire face en accomplissant sa mission avec une forte dose de réalisme. Le duo qui l’incarne, Sonko et Diomaye pourra-t-il articuler rapidité, efficacité, pédagogie et séduction ? Le pays profond observe. Empathie.







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