Le Sénégalais a l’art de s’émouvoir et de mettre en avant ses émotions face à des tragédies de ce genre, mais il aura fallu une courte période, pour qu’il revienne à ses vielles habitudes et tout devient normal et acceptable à ses yeux.
On dirait que le pays se plaît dans le désordre et érige l’anormal en règle de conduite. Et, il est malheureux de constater que le transport, est tout simplement, le désordre le plus organisé parmi les secteurs d’activités dans ce pays.
Les souvenirs de la catastrophe maritime la plus extraordinaire de l’histoire sont encore frais dans nos esprits.
Jamais dans l’histoire de la marine, l’on n’a assisté à un tel drame vu la manière dont il s’est déroulé. Tous les experts en maritime peuvent certifier, que le chavirement d’ un navire peut prendre un temps assez long avant qu’il ne sombre définitivement au fond de la mer. Pour les profanes, l’exemple du Titanic peut servir d’exemple (bien que le romantisme est beaucoup plus mis en évidence.)
Or, pour le cas du bateau Le joola, le naufrage était tellement rapide que le navire s’est retrouvé en si peu de temps sens dessus, dessous.
Qu’est ce qu’on sait de l’origine de cette catastrophe si ce n’est, le problème d’indiscipline qui peut s’expliquer à travers la surcharge de passagers, la surcharge de marchandises et leur mauvais arrimage?
Ce même tableau, peut être reproduit dans le transport routier de passagers où chaque jour, on voit des bus bondés pleins à craquer. Un spectacle qui a fini de s’installer comme une norme bien ancrée dans l’imaginaire collectif des sénégalais au grand bonheur des propriétaires dont le seul et unique objectif est l’excellence dans les recettes.
Encore un accident mortel impliquant les bus de transports où on dénombre beaucoup de cas de décès. Une énième fois j’allais dire et désolé de le souligner mais les accidents ont de beaux jours devant nous. Ce n’est ni une prémonition encore moins un pessimisme, mais eu égards aux événements et la réaction timide des autorités compétentes, Il y a de quoi s’alarmer. Vous me direz que les accidents existent partout, mais force est de noter que la fréquence des collisions au Sénégal avec leurs lots de désolation suscitent des inquiétudes.
Le ministre actuel est un homme du sérail qui connait très bien ce secteur et ses maux. Jusque-là, on n’a entendu que des discours pompeux et des promesses non tenues. BASTA!!! Il faut véritablement opérer une révolution copernicienne en attaquant définitivement, le mal à la racine.
Sur cet accident survenu à Koungheul on nous parle de défaillance pneumatique.
Un pneu qui s’éclate en pleine vitesse, il faut s’attendre à des dégâts importants, en plus des morts, il faut penser aux blessés graves notamment, les amputés et autres.
C’est le pire, quand il s’agit d’un bus où le surnombre et la surcharge des bagages sont très souvent constatés.
Comment peut-on laisser un bus qui transporte plus de 70 personnes, chausser des pneus d’occasions, qui parfois sont à un degré d’usure très avancé.
Ce qu’il faut retenir est que, pour la plupart, un pneu d’occasion n’est jamais bon, pour la bonne et simple raison que le pneumatique a une durée de vie. De Colobane à Thiaroye, on voit la prolifération des ventes de pneus d’occasions, et pire, certains pneus en état d’usure avancée sont retracés sur place, à l’aide de cisailles locales donnant l’impression de pneu normal alors qu’il en est rien.
D’autre part, il y a l’existence des pneus rechapés.
Le rechapage est une technique qui permet d’augmenter la durée de vie des pneus. Elle consiste à remplacer la bande de roulement d’un pneu usé par une nouvelle bande en conservant la même carcasse.
Cette technique n’est toujours pas efficace, surtout dans nos pays où l’état des routes n’est pas des meilleurs, mais aussi, avec les surcharges de poids combinés avec la chaleur ardente, rendent inefficaces les performances du pneumatique qui sont généralement inférieures à celles d’un pneu neuf.
On ne peut se permettre d’hypothéquer des vies humaines à la faveur de l’importance du gain. Les transporteurs doivent observer beaucoup plus de sérieux dans leur domaine d’activité en rendant leurs matériels aptes à voyager dans des conditions optimales de sécurité et de sûreté.
Le régime précédent, à travers son ministère des Transports, avait annoncé la suppression des porte-bagages. Que nenni, car les vielles habitudes sont toujours là.
L’autocar (véhicule adapté pour les longs trajets ) est habilité à transporter des passagers et leurs bagages, mais dans les limites du raisonnable. Contrairement à ce que l’on constate où bagages personnels et colis lourds sont chargés sans aucun respect des normes de sécurité.
La pertinence de la mesure de suppression des porte-bagages est d’autant plus avérée que le bus en question peut voyager en toute sécurité avec un poids largement supportable par le pneumatique.
En ce qui concerne le transport des colis, L’Etat peut mettre à contribution l’entreprise publique LA POSTE.
Cette entreprise qui est déjà sous perfusion pourrait se relancer en se dotant de matériels logistiques capables d’assurer la livraison des colis dans de nombreuses localités du pays.
La POSTE existe déjà dans presque toutes les localités, elle peut prendre ses locaux pour en faire des zones de groupage des colis qui seront déjà étiquetés avec l’adresse et les contacts du client. Par un système de ramassage avec des points de collecte, le client pourrait facilement soumettre à la POSTE ses colis.
Dans un souci d’efficience et d’optimisation de cette activité, le matériel roulant préposé à cet effet pourrait par exemple, sur l’axe Dakar-Touba, desservir Khombole, Ndangalma, Bambey, Diourbel, Mbacké.
Quant au transport de passagers aussi bien que de marchandises, des mesures drastiques doivent être prises parmi lesquelles l’application de ces décisions:
– exiger des pneus neufs pour les véhicules qui assurent les transports interurbains ;
– exiger une visite technique semestrielle à tous les bus de transports de passagers, en lieu et place des visites techniques annuelles.
Babou Bamba
Baboubamba@gmail.com
Logisticien