Suite à la sortie du Fonds monétaire international (FMI), il est nécessaire de définir un cadre de réflexion sur la demande quelque peu exorbitante de l’institution de Bretton Woods, surtout à un moment où les populations subissent une paupérisation accrue et insoutenable.
Est-il pertinent d’éliminer les subventions dans les énergies comme l’électricité, le carburant au Sénégal ?
L’élimination des subventions dans le secteur de l’énergie au Sénégal est une question complexe avec des arguments pour et contre.
A. Arguments pour l’élimination des subventions
1. L’Impact budgétaire des subventions
Les subventions énergétiques représentent une charge significative pour le budget de l’État, avec plus de 800 milliards de FCFA en 2023 et 750 milliards de FCFA en 2022.
Cela limite les marges de manœuvres budgétaires pour des dépenses sociales et infrastructurales essentielles.
Le FMI recommande de réduire ces subventions pour reconstituer les marges budgétaires et placer la dette publique sur une trajectoire descendante à moyen terme (remarquons qu’ils ne font pas ces mêmes propositions dans leurs pays surendettés).
2. Efficience et utilisation des ressources
L’application du principe de vérité des prix pourrait favoriser une utilisation plus efficace des ressources énergétiques et encourager une consommation plus rationnelle, ainsi que la réduction du gaspillage énergétique.
Cela pourrait également stimuler l’innovation et l’adoption de technologies énergétiques plus propres et plus efficaces.
LIRE LE COMMUNIQUÉ : Les services du FMI achèvent leur visite au Sénégal
3. Ciblage des subventions
Le FMI souligne que les subventions actuelles sont non ciblées et bénéficient à tous, y compris aux organismes internationaux et aux entreprises qui n’en ont pas besoin. Des subventions ciblées sur les ménages vulnérables seraient plus efficaces.
B. Arguments contre l’élimination des subventions
1. Impact social
Les subventions ont permis de stabiliser les prix de l’électricité et du carburant, rendant ces services essentiels plus accessibles à une grande partie de la population.
La suppression de ces subventions pourrait entraîner une hausse des prix, affectant directement le coût de la vie des Sénégalais, particulièrement les ménages vulnérables.
2. Mesures d’atténuation nécessaires
Pour éviter des impacts sociaux négatifs, le gouvernement doit mettre en place des mesures compensatoires, telles que des transferts monétaires ciblés, pour atténuer l’impact de la hausse des prix sur les ménages à faible revenu.
3. Transition progressive
Le gouvernement a défini une stratégie en six étapes pour supprimer progressivement les subventions d’ici 2025, ce qui inclut des ajustements tarifaires, des études pour réviser la structure des tarifs, et le renforcement de la situation financière de la SENELEC.
En conclusion, bien que l’élimination des subventions énergétiques puisse être économiquement justifiée pour améliorer la gestion des finances publiques et favoriser une utilisation plus efficace des ressources, elle nécessite une gestion prudente et des mesures d’atténuation pour protéger les ménages vulnérables.
Une transition progressive et ciblée, accompagnée de mesures compensatoires, est essentielle pour minimiser les impacts sociaux négatifs.