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Ousmane Sonko Ou Le Portrait D’une Legende Devenue Concept…

On ne comprendra probablement jamais rien au politique si on se sent incapable d’en cerner les grandes figures. Évidemment, elles ne peuvent apparaître que lorsque l’histoire génère de grandes circonstances, lorsque les tensions fondamentales logées au cœur d’une cité ou d’une époque s’exacerbent. 

Mais c’est justement parce qu’elles devinent ces tensions, qu’elles les saisissent et s’en emparent pour mettre de l’avant un projet qui les transcendent et permettent à la cité de se refonder.

Sans grands hommes pour porter de tels projets, il peut arriver qu’une cité finisse par se disloquer sous le poids de ces tensions. 

 Il peut arriver qu’elle se disloque sous la pression des factions seulement attentives à leurs intérêts privés, qu’elle perde le sens du politique en inoculant à ses institutions le poison du cynisme et en invitant chacun à se replier dans une intimité qui à notre époque, laisse libre cours à la marchandisation de l’existence. 

Ousmane Sonko correspond bien à ce descriptif de figure emblématique. D’aucuns diraient que le PROS, c’est plus que ça ». D’autres « Mu seell mi, c’est bien au-delà »…

Depuis l’avènement de sa participation à la vie politique du pays, la légende de l’énarque continue de s’écrire. Mais qu’est-ce que ce « plus que ça » et que ce « bien au-delà » ?

Une icône nationale autour de laquelle le pays se rassemble comme un seul corps. Ou encore  le tribun des foules acquises ? Un mythe populaire sur lequel se projette une forme d’identité de la jeunesse entre résilience et audace? 

Symbole social, réel ou mythique, le personnage d’Ousmane Sonko se partage entre la légende, cristallisée par le mythe, et l’histoire. C’est le héros dramatique que distingue Hegel dans ses leçons d’esthétique, celui dont la volonté s’accomplit au travers des circonstances douloureuses et sacrificielles. 

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Ousmane Sonko ou la politique autrement 

 

On peut être souvent en désaccord avec ses postures politiques (c’est le cas de la marée des neutriotes, et de toute cette nouvelle opposition recomposée et en radicalisation ascendante), on peut être frustré par son analyse tranchante de l’écosystème, on peut être énervé par sa rigidité du ton, mais il faut se faire à l’idée qu’Ousmane Sonko a apporté quelque chose de fondamentalement positif dans le paysage morne de l’engagement politique et militant au Sénégal. 

 
Quoi exactement ? 

Un esprit réactif, offensif, malin, un coup de fraîcheur et beaucoup d’élan. Sorties en bras de chemise et sourire à tout-va : les masses sont pamées et conquises. Que dire d’autre d’Ousmane Sonko? 

Il faut lui reconnaître outre son charme ravageur, un flair unique : il a respiré comme personne l’air du temps, identifié avant tous, la soif de changement, la lassitude de la population du libéralisme oligarchique. 

Il a misé sur ces jeunes que l’on disait perdus pour la politique, conquis et surfé sur une planète internet qui a littéralement propulsé son action politique. Le résultat, on le connaît : des centaines de millions de francs CFA récoltés,  des centaines de milliers de donateurs, une révolution dans le mode de financement du parti et le don de soi érigé en doctrine idéologique.

Le patriotisme 2.0 ? D’autres en ont parlé (et parlé et parlé…) ; Lui,  il l’a fait. Le défi est lancé : que le meilleur devienne hégémonique ! 

Il est cet héros-là qui manifeste la rencontre d’un moment historique et d’un caractère, et cette convergence marque son inscription dans l’histoire, sa confrontation avec le réel.

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Sa dimension fondatrice s’exprime par le pouvoir créateur dont il est doté et par la portée sociale de son invocation, qui pousse à l’initiative, à l’organisation, en constituant un moyen efficace de mobilisation.

Mais Sonko va même au-delà de son statut de héros national. La position particulière du héros vis-à-vis de ces autres figures (le chef, le roi, le grand homme, l’idole) permet de mieux situer sa dimension fondatrice dans l’espace social. La vie du héros, ses actions, par leur exemplarité, y introduisent la possibilité d’une postérité collective.

 PROS, meneur d’un jeu politique polycentrique

Voilà un homme qui n’a pas hésité à renoncer à son rêve de présider aux destinées de ses concitoyens pour adouber son second et permettre au projet de survivre à la tempête de l’adversité. 

Aux côtés de son leader,  Bassirou Diomaye Faye, Ousmane SONKO qui se positionne avant tout comme un meneur du jeu politique, meneur d’un jeu polycentrique au cœur duquel il n’est certes plus le point de mire central de l’action politique, mais à l’initiative duquel, il peut se retrouver pour initier, dans tous les cas où elle a lieu d’être, la discussion politique et pour contribuer à sa structuration argumentative. Avec lui se dessine la notion de vainqueur moral. Il y a la ligne d’arrivée, le nombre de buts, et puis il a le beau jeu, celui qui méritait de gagner. Mais pas seulement.

L’appelation de « Mu Seell mi » va encore une fois « au-delà ». Un tel homme politique se distingue moins par son pouvoir de décision, restitué dans les différents espaces de discussion de la communauté des citoyens, que par sa capacité à faire entendre des propositions ou à faire reconnaître ce qu’a d’incontournable le problème qu’il soulève : susciter, par sa propre force de proposition ou de problématisation, le besoin de ménager un espace de discussion sur ce qu’il propose ou sur les questions qu’il formule. 

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N’est-ce pas là désormais, pour l’homme politique, le rôle qui s’accorde le mieux avec les revitalisations contemporaines de l’idée démocratique ? 

Un nom désormais ancré dans le langage commun 

 

Voilà Pros, le tribun et messie, candidat originel du projet devenu par la force de circonstances aléatoires, mentor et héraut d’un candidat de substitution !  L’éternel premier est devenu second, incarnant un nouvel archétype héroïque.

Cette place de deuxième n’est pas celle d’un premier contrarié, c’est une place enviable, qui dépasse avec superbe, l’idée de victoire et qui transcende le principe de « résultats ». 

D’ailleurs dans l’imaginaire collectif, personne ne retient le premier, car plus qu’une légende, il est devenu un concept. Il a dépassé la notion de gagner ou de perdre. L’opposition binaire entre winner et loser, héros ou anti-héros. Bref, Ousmane Sonko est une résolution dialectique à lui tout seul. Son nom est entré dans le langage commun et c’est sa plus belle réussite.

Voilà donc croqué peut-être de manière idyllique un homme aux multiples dimensions et aux potentialités fédératrices.

Le seul bémol, c’est que le pouvoir rend absolument fou et a vite fait s’il n’y a pas de contre-pouvoir pour immuniser contre la super-puissance de se transformer en abus de pouvoir… Souhaitons donc que le charisme indéniable et le culte du bien commun chez cet homme seront pour ce Sénégal en quête de renouveau, grâce et miséricorde et engendreront une légende dorée qui perdurera encore après 200 ans…







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