Face au désordre politique ambiant, et l’exacerbation du phénomène des mouvements sociaux, le risque est grand de voir notre pays sombrer dans l’anarchie. Devant une accumulation de faits, il est difficile, même pour les funambules de la démagogie, de nier l’évidence.
En s’obstinant à assimiler les citoyens à de vulgaires consommateurs, le risque est de découvrir, à ses dépens, leur capacité de nuisance, s’ils sont poussés à l’indignation. En l’occurrence, la démagogie ne suffit pas à faire admettre qu’on puisse user des rouages du pouvoir pour transformer un pays de droit comme le Sénégal en une République de contestation.
Une partie de l’hémicycle, composée de députés à la solde du gouvernement, coupables de leurs discours, use de son mandat pour entrainer le Président de la République dans l’abyme.
Avec l’inqualifiable affaire Mr Ousmane Sonko, ils offrent ainsi une des plus sordides illustrations de l’éloignement du pouvoir de sa pléthore de promesses de campagne. Et comble de l’indignité : ceux qui dénonçaient hier avec zèle les dérives de Maitre Wade, sont devenus les plus farouches défenseurs d’un régime, qui je rappelle, a bénéficié de plus de 65% des suffrages exprimées aux présidentielles de 2012. Oubliant du coup leur rôle de sentinelles pour éviter au Président Macky Sall de se fourvoyer, ces hommes sont perdus à jamais par les largesses du pouvoir. Même les individus les plus remarquables durant la lutte post-scrutin de 2012 ont adopté de nos jours des comportements jugés aberrants ou médiocres car contraints par un système qui les nourrit.
Il ne faut donc pas vouloir changer de force les individus, mais plutôt le système qui les conduit à agir de manière contre-productive ou nuisible. Ce rôle a été confié au Président de la République par l’écrasante majorité des sénégalais, qui, hélas, n’a pas encore vu le bout du tunnel.
Dans ce contexte de cacophonie, où la convoitise ne laisse le moindre espace à la dignité, une passion immodérée de l’argent et du pouvoir, a gagné le cœur des sénégalais. Et dès que l’occasion se présente, des laudateurs n’hésitent pas à brandir des menaces à l’endroit d’honnêtes citoyens qui ont eu juste la malchance d’alerter le peuple et son Président de la République de certains faits. Il suffit d’écouter leur discours de va-t’en guerre à chaque sortie médiatique, attisant ainsi le feu. Pensent-ils sérieusement rendre service au Président de la République ? Je ne le pense pas car dans la confusion intellectuelle, rien de bon ne pourra se faire. Jamais ! Comment ceux qui ne parviennent pas à se corriger eux-mêmes pourraient-ils guider le Président ?
C’est que le pouvoir est méticuleusement encadré par des gens qui ne représentent plus qu’eux-mêmes et ne font que chanter les louanges du Président de la République. Un comportement honnête finit par être vécu comme un comportement stupide dans un système qui n’incite pas à dire la vérité si on veut avoir sa part du gâteau.
Comme si cela ne suffisait pas, semblerait-il que se fomente un projet pour incarcérer Monsieur Sonko ? C’est l’apothéose !!!
Mais « Qui » conseille le Président de la République ? Pourquoi a-t-il accepté d’être poussé à prendre une telle décision si impopulaire qui fait jaser tout le peuple ? Dans un pays qui prétend s’imposer aux yeux du monde entier comme un modèle de démocratie, l’épreuve de force s’est définitivement substituée au dialogue, tandis que le peuple se trouve dans une situation de consternation extraordinaire. Comme par hasard, c’est dans ce même pays que le changement devient impossible et que les conflits sont récurrents. Conception étrange du « dialogue ». A défaut de dialogue, on vit dans un climat de conflits chroniques et les politiciens se considèrent comme les forces armées d’une lutte (pour développer le pays) en laquelle ils n’ont jamais cru.
Monsieur le Président, hier vous étiez victime d’une injustice, une situation qui a beaucoup contribué à votre accession au pouvoir. Une fois au sommet de l’Etat, vous nous aviez promis une gouvernance sobre et vertueuse. La rupture pour un Sénégal de justice fut scandée par les ministres de la république, vos militants, les répondeurs automatiques de l’APR sur facebook et sur Seneweb, etc.
La liberté est ce qui est essentiel à la survie de l’esprit d’un intellectuel. Votre victoire, Son Excellence, est le résultat de la mobilisation de plus de 65% des sénégalais (moi y compris), donc il est de notre responsabilité de vous alerter si on constate des dérives dont les conséquences n’engageront pas seulement les politiques mais toute la population.
Ceux qui aiment le Président de la République ne sont pas forcément ceux qui sont proches de lui. Pour voir le Futur Monsieur le Président, il faut regarder derrière soi.
Loin de toute considération politique politicienne et animé d’une liberté sans contrainte, Monsieur le Président de la République, je vous le demande, ayez raison garder. Ceux qui vous poussent vers l’extrême, seront les premiers à quitter le navire au simple aperçu de l’iceberg.
La grandeur statistique résultant de la sommation de ces décisions individuelles n’est qu’une construction artificielle qui tend à nous faire oublier que derrière les chiffres et les discours, il y a des hommes et des femmes avec leurs motivations et leur libre arbitre. Ce sont eux les véritables pilotes du navire.
Toute entreprise humaine, toute décision humaine, tout raisonnement humain et toute organisation humaine sont nécessairement imparfaits. L’homme n’est pas Dieu. Les hommes restent des hommes nécessairement imparfaits. C’est pourquoi il est souvent nécessaire de les mettre face à leur propre imperfection, face à leurs contradictions, face à leurs responsabilités.
IBRAHIMA DIOUF dit GAYE GAYE
Economiste – Statisticien
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