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Insécurité Publique Au Sénégal : Si L’etat Se Trompait De Cible

Insécurité Publique Au Sénégal : Si L’etat Se Trompait De Cible

Les populations sénégalaises vivent dans un état d’insécurité permanente : en un mois, il y a eu douze assassinats, dans la seule ville de Dakar, nous disent les statistiques de la presse de ce matin 21novembre 2016 !

Dans la banlieue, comme dans les quartiers huppés de la capitale, il y a des heures et des zones interdites pour les citoyens. Les agressions sont monnaie courante et font partie désormais du décor de la ville. Aucun Sénégalais n’est à l’abri de ce fléau.

Face au danger public envahissant, beaucoup de Sénégalais pensent à la restauration de la peine de mort, comme rempart juridique contre la menace permanente des agresseurs et oublient de pointer le doigt vers la politique sécuritaire de l’Etat.

La peine de mort est une sanction dissuasive à n’en pas douter ; cependant, la Sharia islamique qui la prône est un système global qui ne s’accommode pas au système judiciaire laïc, comme celui en vigueur au Sénégal. Si efficace soit-elle, cette sanction divine pourrait se révéler inopérante en cas de transplantation dans un corps judiciaire étranger. Que faire alors pour juguler le mal qui sévit inexorablement, depuis un certain temps, au Sénégal ?

L’une des missions régaliennes de tout gouvernement étant d’assurer la sécurité des personnes et des biens dans un Etat normal, pourquoi au Sénégal l’Etat a-t-il failli au point de se faire oublier carrément, lors que les populations sont en danger ?

La politique sécuritaire de l’Etat est en porte-à-faux avec la réalité ambiante. Depuis quelques années déjà, de gigantesques efforts sont fournis en vue de combattre, dit-on, un terrorisme, que je qualifierai de fictif. Je sais que « Prévenir vaut mieux que guérir », mais si on est déjà malade, « guérir « devient un impératif incontournable. Or, pendant qu’on se démène à combattre un « terrorisme au stade imaginaire ou en tout cas embryonnaire», il y a bel et bien, un autre terrorisme, qui n’est pas appelé comme tel en France, mais qui décime quasi-quotidiennement nos pauvres populations, laissées pour compte ! Qu’est-ce qui empêcherait de mobiliser la Bip (Brigade d’intervention polyvalente) pour traquer les éventuels agresseurs qui essaiment partout dans nos villes ?

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Les forces de l’ordre que l’on mobilise souvent pour mâter une manifestation de l’opposition ou un sit-in des étudiants, pourraient être déployées à travers les quartiers de nos villes et dans la banlieue pour dissuader les potentiels agresseurs. Il arrive qu’après avoir mâté une manif de l’opposition, pourtant autorisée par la Constitution, que l’Etat se bombe le torse et bande les muscles, comme pour dire « voilà comment je suis fort ! »…Au même moment, dans un quartier de Dakar, un petit agresseur solitaire se permet d’attaquer une pauvre dame au petit matin, pendant qu’elle attendait le bus introuvable, pour se rendre dans son lieu de travail. Comme si les forces de l’ordre n’étaient faites que pour protéger le pouvoir politique en place !

Lors des plus petits déplacements du président de la République, ce sont des files de policiers ou de gendarmes qui jalonnent son parcours, avant et pendant son passage. Dans certains pays modernes où j’ai déjà séjourné, les forces de sécurité montent la garde à travers les quartiers, dans une distance régulière, de près de 500 mètres. Là-bas, le taux d’agressions, comme il en existe au Sénégal, est presque nul. Ceci, pour dire que notre pays dispose de forces de sécurité en quantité acceptable et en qualité respectable ; mais le problème se pose au niveau de leur utilisation.

Le drame qui a frappé la famille d’Ibrahima Samb, chauffeur de taxi de son état, tué banalement en octobre dernier par Ousseynou Diop, relève de crimes qui ne devraient jamais avoir lieu au Sénégal ; c’est aussi le cas pour l’assassinat abject, en début novembre 2016, de deux employés de pharmacie à Ndioum !

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Samedi dernier, comble de l’horreur, c’est un certain Samba Sow dit « Bathie » qui aurait égorgé à Pikine, la vice-présidente d’une institution de la République, le Conseil économique, social et environnemental, Mme Fatou Mactar Ndiaye. Dans aucune de ces agressions, il n’y a eu l’intervention des forces de sécurité !

Les autorités du Sénégal doivent revoir l’orientation de la politique sécuritaire, qui me semble se focaliser, beaucoup plus, sur des cibles qui ne sont pas prioritaires, eu égard aux préoccupations réelles des populations.

 

Mamadou Bamba Ndiaye

Ancien Ministre des Affaires Religieuses

Président du Mouvement « Pour une Afrique debout »

Contacts : 77 545 85 59

Email : ndiabamba1949@gmail.com

 

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