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Non à La Validation, Les Véritables Maux Dont Souffre L’école Sénégalaise

Dans mon premier article portant sur les grèves récurrentes en milieu scolaire, j’ai tenté partiellement, sans pour autant entrer dans les détails, d’attirer indirectement l’attention de certains dirigeants syndicaux et des autorités gouvernementales sur la brûlante et délicate problématique de la validation (rappel des années de vacation et de volontariat plus une promotion à un grade supérieur ), qui ne relève en réalité que d’une mauvaise foi, de la ruse et de la promotion de la cupidité, de l’arnaque et de la duperie au détriment de la loi, du mérite et du culte de l’excellence. Puisque je ne dispose que de ma plume pour dénoncer et éveiller les consciences en ma qualité de modeste éducateur, mon intention n’est point de m’arrêter en si bon chemin.

Dans cette contribution-ci, je présenterais sans ambages les raisons fondamentales de mon désaccord sur le point portant sur la validation, car je ne veux pas être en porte à faux avec mes principes, encore moins aves les textes, et parce qu’il y a un prix à payer, et que je suis disposé à tout pour le respect strict de la justice sur le plan de la carrière du fonctionnaire. «Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés» (Mt., 5.6). Nous rendons grâce à Dieu pour la contribution, l’impact et le témoignage qu’ont laissés sur terre des gens comme Martin Luther King, Nelson Mandela etc., mais alors qu’en sera-t-il de vous et de moi ?

D’abord quelques mots sur les maux qui gangrènent le système éducatif et souillent la bonne réputation de l’enseignant. À mon avis, nous avons deux groupes d’enseignants : ceux qui font le travail avec amour et conscience, pensant à la réussite et au devenir des enfants et ceux qui, pour des raisons purement financières ou parce que ne sachant plus à quel saint se vouer après leur cursus universitaire, ont accidentellement embrassé le métier. Force est de reconnaitre que parmi ces derniers, il y a des gens qui ont, au cours du temps, aimé et respecté le travail, d’autres par contre continuent de faire montre de laxisme et pourtant je demeure convaincu que l’enseignement est l’une des carrières les plus nobles parce que axé sur l’avenir des jeunes et leur développement. Rien n’est plus valorisant que de servir d’inspiration et de modèle aux autres. Etre enseignant, ce n’est pas seulement un travail, c’est une profession, une vocation. J’en profite pour tirer un grand chapeau à tous les enseignants qui ont joué un rôle prépondérant dans ma formation, allant du primaire au supérieur en passant par le moyen et le secondaire.

Compte tenu de ce que je viens d’énoncer, il me parait urgent que l’Etat se penche sur la question de la carrière de l’enseignant pour solutionner définitivement le problème des lenteurs administratives. La question de l’avancement, de l’intégration des sortants de la FASTEF dans la fonction publique, le respect de la hiérarchie, la hausse de l’indemnité du logement en fonction du grade, la formation des vacataires constituent les impératifs qu’il faut régler au plus vite pour réparer certaines injustices. Lors du récent Sommet sur l’Enseignement Supérieur en Afrique, le Président de la République a déclaré que la question de l’éducation et de la formation doit rester au cœur des politiques publiques,- à mon avis, il est grand temps que le gouvernement prenne ces points ci-dessus et en fasse un impératif de premier ordre.

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Quant à la «validation» mise en avant par certains, elle ne relève que de la roublardise et non du mérite. Je suis navré de constater que des fonctionnaires sortant de l’Ecole Normale Supérieure aient soutenu cette injustice, pour moi, c’est une conspiration que de suivre leurs mots d’ordre de grève. Soit ces derniers ont une compréhension erronée du point de revendication portant sur la validation, soit ils sont partisans du moindre effort. Je trouve ridicule et contradictoire que de lutter pour une cause, qui somme toute, va te nuire, c’est comparable à un joueur qui marque contre son camp. «Le mensonge peut donner des fleurs mais jamais de fruits».

Il suffit de suivre les émissions radiophoniques pour savoir que le peuple sénégalais en général et les parents d’élèves en particulier ont une dent contre les enseignants. Ils nous en veulent beaucoup. Si aujourd’hui on nous appelle de tous les noms d’oiseau, c’est en réalité à cause de cette sempiternelle question de la validation. Au-delà de ces invectives lancées à tort ou à raison contre nous, il y a aussi le fait que bon nombre de parents hésitent aujourd’hui à envoyer leurs enfants dans les écoles publiques parce que ces derniers n’auront pas la chance de connaitre un cursus normal sans perturbations. Comment appréhender le fait que des enseignants observent des mots d’ordre de grève, privant leurs élèves de toutes possibilités d’acquisition de connaissances et au même moment se ruent dans les écoles privées pour dispenser des cours à d’autres pour des miettes. À mon avis, un tel comportement peut être synonyme d’une absence totale d’éthique dans les actes que ces derniers posent. Et pourtant, c’est l’Etat qui forme ces fonctionnaires enseignants, leur paye régulièrement un salaire, leur garantit une assurance et tant d’autres avantages. De nos jours, on voit certains enseignants qui se donnent corps et âme dans les écoles privées à cause du règlement intérieur qu’ils trouvent sur place et par conséquent, sont souvent lessivés au point de ne plus être productifs devant les élèves de l’école publique pour qui, ils sont payés. D’autres enseignants créent leurs propres écoles qu’ils gèrent eux-mêmes, et du coup, n’ont plus le temps de faire le travail comme il faut, mais pensent plus à comment faire pour que leur propre bisness marche. Ces genres de comportements ont crée à Kaolack des situations pas du tout confortables, où des élèves du lycée Valdiodio Ndiaye ont râlé et sont partis sortir leurs camarades d’une école privée d’a côté, parce que ces jeunes apprenants ont fini par découvrir que leurs propres dispensateurs de savoir brillaient plus ailleurs.

Il y a quelques temps, un sociologue déclarait que la société sénégalaise est malade, mais, au vu de ce qui se passe actuellement au quotidien, on pourrait, sans encombre ni cachoterie, lui donner raison. Dans toutes les religions révélées, il est formellement interdit de manger du «Ribaa» (illicite). On doit gagner son pain à la sueur de son front. Dans cette marre de problèmes dans laquelle nous baignons, il me semble urgent que tout un chacun se soumette à cet exercice d’introspection dont je faisais mention dans ma première contribution, car c’est la condition sine qua none qui pourrait garantir à l’école sénégalaise des lendemains meilleurs. Sans respect des vertus sociales et valeurs cardinales telles que l’honnêteté, l’amour du travail bien fait, bref la justice, le développement de notre pays ne sera que chimérique. On aura beau dire ou faire, mais en vain.

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Concernant le problème de la validation, j’aurais proposé à l’Etat de régler tout d’abord la question des lenteurs administratives, de faire de son mieux pour assurer la formation à tous nos collègues vacataires et leur permettre d’avoir ensuite un plan de carrière dans la fonction publique au lieu de vouloir verser indument des sommes faramineuses à de tierces personnes. Des syndicats ont lutté jusqu’à la dernière énergie pour leur permettre d’avoir un plan de carrière, aujourd’hui qu’ils sont devenus fonctionnaires, ne devraient-ils pas penser à leurs collègues vacataires ou contractuels, surtout en mathématique et en philosophie, dont le statut reste jusque là ambigu ? Est-il juste de refuser la formation à nos collègues en mathématiques appliquées et d’autres disciplines et de l’autoriser aux étudiants issus des départements de Langues Etrangères Appliquées et de celui de la Géographie de l’aménagement du territoire ? J’espère qu’il est parfois bien de penser à ces collègues, surtout que ce combat pour la validation.

Il s’y ajoute que ce problème d’années non validées n’est pas spécifique aux enseignants. Dans la santé comme dans les corps paramilitaires, le problème de cette validation se pose aussi, c’est pourquoi j’appelle certains syndicalistes et collègues brandissant vaille que vaille ce point qui est somme toute contre indigne, d’avoir un esprit de dépassement sur cette question parce que c’est un truisme que de vous dire que nous sommes tous régis par un seul Ministère, celui de la Fonction Publique. Il faut que nous soyons habités par les idéaux de solidarité, de compassion et de communion entre nous pour que le milieu enseignant puisse retrouver sa belle image d’antan. À mon avis, c’est peut être cette arme que vous mettez en avant comme moyen de pression sur l’Etat qui est à l’origine des lenteurs administratives sur l’avancement et l’intégration de bon nombre de collègues. Si les syndicalistes continuent à être aussi perméables aux aspirations illégitimes de certains, je vous assure que nous allons tout droit à la dérive et demain vous serez à plaindre.

La révision de la loi portant sur le statut général du fonctionnaire, dont le Président a fait mention lors du dernier conseil des ministres, est, à mon avis, une occasion pour l’Etat de corriger les dysfonctionnements notés dans la Fonction Publique. J’apprécie le travail qui a été fait dans le cadre des audits pour débusquer tous ceux qui empoisonnaient le système, mais je pense qu’il est aussi grand temps d’agir efficacement. Dans cette action, il s’agira de cibler le mal et de l’extirper pour toujours. Pour moi, la validation des deux tiers (2/3) est comparable à un policier non gradé qu’on aurait pris un beau jour de la circulation pour lui confier le poste de Directeur General de la Police Nationale, ou bien à un soldat directement cueilli d’une base militaire pour en faire un général de l’armée, et je pèse bien mes mots. Cela pourrait également ressembler à une tortue déposée sur un mur et nous savons tous que cet animal (marin ou pas d’ailleurs) n’est pas capable de monter. C’est en réalité parachutage de quelques collègues qui ont exploité une situation électorale pour faire croire aux gens qu’il s’agit d’une chose normale, mais l’histoire retiendra que vous avez fait valoir votre désir ardent pour l’argent et non le mérite, encore moins la légitimité. En toute chose, il faut considérer la fin. L’aspect pécuniaire est moins grave. Avec cette validation, ils accéderont en plus à un grade supérieur à celui des gens qui ont subi le concours d’entrée et l’examen de sortie de la FASTEF, et du coup, ils battront toujours s’il y a compétition à un poste de responsabilité. Si et seulement si ces syndicats étaient conscients de l’erreur grave qu’ils sont en train de commettre en considérant la validation comme le point non négociable, ils allaient faire marche en arrière. Parfois, j’ai l’impression qu’on a fixé des œillères à certains d’entre eux qui ne mettent en avant que la question de la validation. Aux uns et aux autres, je dis ceci: il ne faut pas accepter qu’on vous embarque dans une voiture sans tableau de bord. Ayez le courage de vous démarquer complément de cette erreur et pourquoi pas tenir un point de presse pour montrer fermement votre désaccord sur ce point. Le syndicalisme pur et dur n’est pas une question de sentiment ou d’émotion, mais plutôt un combat pour la vérité, dans le but de réparer les injustices subies par des personnes en milieu professionnel. Il est même des fois où vous rencontrerez de faux amis et de vrais ennemis, mais ceci ne doit guère vous décourager, encore moins vous détourner de votre mission principale, parce que c’est sur cette base que les gens vous jugeront. Cette maudite validation ne fera qu’amoindrir le budget initialement prévu pour tout le monde sur l’indemnité de logement et ralentir les rappels relatifs aux avancements des uns et des autres. En leur for intérieur, ils savent que c’est malhonnête, mais puisqu’ils ont vu que ce point est mis en avant par certains responsables syndicaux, ils s’entêtent toujours. «Yenn yi ci gatt xell la bokk» (ça relève de l’égoïsme). Nous comprenons pourquoi ils mettent la pression sur l’Etat pour ne pas lui permettre d’avoir le temps de réfléchir comme il faut sur la question et pouvoir leur donner une réponse objective.

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De concert avec toutes les autorités éducatives, juridiques et avec tous les sortants de l’Ecole Normale Supérieure, levons nous pour dire non à cette injustice qui prend de plus en plus de l’ampleur dans le mouvement syndical. Arrêtons notre mutisme coupable, osons pointer du doigt le fond du problème et n’acceptons pas d’être tributaires des pratiques qui n’honoreraient pas la carrière de l’enseignant fonctionnaire, et ou qui compromettraient l’avenir des jeunes générations.

Espérant que cette contribution portera un coup de fouet à nos consciences de professeurs, je termine mes propos par inviter les autorités gouvernementales, le Ministère de la Fonction Publique en premier, à plus de lucidité sur les décisions à prendre, pour éviter de proposer des solutions qui pourraient enfanter d’autres problèmes et créer des inimitiés au sein du corps enseignant.

 

Gabriel THIOR

Professeur d’Allemand au Lycée de Bambey.

Email : gabrielthior@yahoo.fr

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