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Les Industries Chimiques Du Sénégal Et La Rse

Les Industries Chimiques Du Sénégal Et La Rse

Depuis la fin des années 80, le monde apparaît comme « une aire d’extension de la planète dotée de relations dynamiques entre les lieux qui s’y trouvent, de dessins des maillages qui délimitent les contours, irriguent et relient les réseaux. ». Sous ce rapport, l’exploitation à outrance des ressources de la planète soutenue par la logique implacable de délocalisation, met en scelle les entreprises transnationales. Celles-ci sont dans le contexte actuel des acteurs-clés de la Mondialisation. Cependant leur inévitable recherche de profit pose deux problématiques majeures : celle du développement durable et celle de la Responsabilité sociétale des Entreprises. Mais à y regarder de près, ces deux problématiques se fondent en une seule si l’on envisage la RSE selon la perspective de la Commission de l’UE.

En effet, dans le livre vert de celle-ci paru dès juillet 2001, la RSE est définie comme : « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. Etre socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables mais aussi aller au-delà et investir dans le capital humain, l’Environnement (…) ».

A la lumière de cette approche, il convient de retenir que les Entreprises devraient participer à la gestion responsable de l’Environnement. Peut- on en dire autant des ICS basées dans le secteur de Mboro ? S’acquittent-elles de leurs obligations depuis la reprise économique par les Indiens ?

Jugez-en vous-mêmes

Nées en 1996 de la fusion-absorption de la CSPT, les ICS sont présentées selon leur propre site web comme « le plus grand complexe industriel ; elles produisent du phosphate, de l’acide phosphorique, des engrais mais aussi par leur filiale SENCHIM des produits phytosanitaires »

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Rappelons que les ICS « césar industriel » en 2004 ont traversé une grave crise financière en 2006, ce qui a d’ailleurs conduit à leur recapitalisation en 2008. Il est à ce propos opportun d’indiquer que conformément aux clauses retenues les Indiens avaient l’obligation d’injecter 40 milliards sous forme d’investissement puisqu’ils se retrouvaient avec 85% des actions. Mais depuis la recapitalisation :

– On assiste à de graves violations en matière de droit du travail notamment le caractère vétuste des installations provoquant des accidents de travail, des projections d’acides, de pierres, effondrement de toit, faibles indemnités en cas d’accident, pas de soins primaires digne de ce nom sur place. Il s’y ajoute que les travailleurs sont rongés par des maladies professionnelles (nuisance sonores, maladies pulmonaires, dermatologiques, lombalgiques) sans compter des épisodes récurrents de retards de paiement salarial.

– Au plan environnemental, on assiste à la perte de la biodiversité liée au déversement par les ICS d’acide fluosilicique en mer. Ces déversements exposent la vie des Citoyens de la commune et des environs et foulent aux pieds les dispositions du Code de l’Environnement en ses articles L 31 et L 64. Il s’y ajoute que ces types de pollution réduisent sensiblement les mises à terre et entament ce faisant cruellement les potentialités maraichères de la zone. La salinisation des bas-fonds, les nuisances des aires d’exploitation, de l’air et des eaux ternissent davantage le tableau déjà sombre de cette société. De même, les dispositions du chapitre 6 articles 15- 16 du Code minier ne sont pas respectées par les Industries chimiques du Sénégal.

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– Au plan hydraulique, Mboro souffre terriblement des déficits criards en matière d’alimentation en eau potable. D’ailleurs à force de chercher de l’eau, une femme enceinte est tombée dans un puits, une autre est matinalement mordue par un serpent dans une ville très mal éclairée. Pourtant, dans une correspondance datée du 18 septembre et adressée à Madame Mata sy DIALLO alors Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, M. Alassane DIALLO PDG des ICS promettait : « (…) les ICS vont démarrer avant la fin de l’année la construction de ce forage d’un coût de 650 millions qui devrait, si la ressource est bien gérée, résoudre les problèmes d’eau dans les localités environnantes. ». A ce jour RIEN

– Au plan sanitaire, la présence des ICS dans la zone explique le caractère endémique de certaines maladies comme la diarrhée, les maladies pulmonaires, les végétations chez les nouveau-nés, l’asthme. Pourtant Mboro n’est dotée que deux districts sanitaires dont les capacités d’accueil ne répondent depuis belle lurette aux préoccupations d’une localité fortement polluée mais encore surpeuplée (8,34 % de croissance urbaine). A ce propos, il est opportun de rappeler la promesse faite toujours par les ICS en 2008 en présence du Ministre de l’Industrie d’alors « construire et équiper un hôpital de référence avec un coût estimatif de 4 milliards. En attendant beaucoup de Mborois sont victimes de cancer et meurent à petit feu.

On le voit donc la conjonction « et » reliant les termes RSE – ICS a plus une valeur d’opposition qu’une fonction habituelle de coordination. Maintenant que les Indonésiens sont venus à la rescousse des Indiens, nous pensons à notre humble avis que l’Etat et les nouveaux repreneurs doivent penser aux populations jusque-là très meurtries par une certaine gestion : spolier et polluer.

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Cheikh Ahmed Tidiane SALL

Coordonnateur de « AND defar Mboro »

Professeur au Lycée Taïba ICS.

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