Comme la grande migration saisonnière dans les plaines du Serengeti en Tanzanie ou du Massai Mara au Kenya, les politiciens ont aussi leur période de grands mouvements. Ces mouvements surviennent en général au lendemain des élections, se poursuivent au gré des alliances et mésalliances qui se nouent et se dénouent en fonction des circonstances politiques ponctuelles, puis deviennent plus tonitruants à l’approche de nouvelles élections. Mais à la différence des grandes migrations animales qui répondent à des fonctions naturelles et spécifiques liées à la préservation de toute une espèce, celles des politiciens n’obéit à aucune logique politique et ne contribue en rien à la préservation et la sauvegarde de fonctions essentielles à notre démocratie. Bien au contraire. La transhumance est égoïste, opportuniste, immorale. C’est la politique du ventre dans ce qu’elle a de plus vile, de plus méprisable et de plus repoussante. Elle affaisse les fondements de la morale sociale, abime l’éthique politique et balafre notre société. Par analogie à l’anomie sociale telle qu’elle est théorisée par le sociologue Emile Durkheim, je vois la transhumance comme l’expression d’une anomie politique c’est à dire une situation de dérèglement, d’absence, de confusion ou de contradiction des règles qui régissent l’ordre politique. Ce phénomène est une véritable gangrène qui ronge le corps politique sénégalais en renforce l’idée très répandue selon celui-ci se putréfie.