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L’après Wade… 

L’après Wade… 

Malgré ses bravades, à la Tartarin de…Kébémer, Abdoulaye Wade sait que l’inévitable l’attend: l’après Wade a bel et bien commencé! La longue page associant son nom à la vie publique de notre pays est en train de se refermer et cela quelle que soit l’issue de ce rendez-vous électoral de toutes les incertitudes: qu’il se tienne demain ou soit reporté pour circonscrire les dangers risquant d’en faire la mère d’un chaos possible n’y change rien. Sauf pour ceux dans l’arène politique qui ne sont motivés que par l’ambition de capturer l’Etat, quitte à le mettre au service des intérêts de quelque puissance mercantiliste!

Il n’est pas surprenant que cette course de l’ancien chantre du changement se termine dans la violence. Comme pour faire honneur à ses propres méthodes. A l´heure de cette retraite inéluctable, ce qui doit le chagriner encore plus, et qu’il ne peut comprendre, c’est qu’au lieu d’une sortie en fanfare, d’une finale triomphale, à la Pavarotti, il est conscient de la triste tonalité du chant de cygne qui retentit à ses oreilles. Se voudrait-il sourd que ses yeux, qui ne sont pas non plus épargnés, le rappelleraient à l’ordre: les images diffusées par les télévisions du Sénégal et d’ailleurs se passent de commentaires! Le spectacle qui se donne à voir constitue la trame des derniers moments pitoyables pour un homme qui n’aime rien moins que les éloges parce que se croyant sorti de la cuisse de Jupiter. Ce qui accentue sa tragédie, c’est qu’il ne parvient toujours pas à sortir de sa bulle politique. Isolé, sachant au fond de lui-même qu’il n’est plus que la proie d’opportunistes sans foi ni loi, en dehors du besoin de combler leurs panses, pulsions et poches, à commencer par des membres de sa famille traditionnelle et occidentalisée, il se rend compte, sur le tard, qu’il n’est plus qu’une souris piégée. Dans ces conditions, ses foucades ne sont plus que des coups de têtes désespérées. Comme ceux que le petit rongeur donne à la souricière…Honneur et réputation mondialement détruites, il ne réalise pas encore pourquoi il suscite une telle haine, lui qui pense sincèrement avoir tellement fait pour ce pays. Son peuple, doit-il penser, ne devrait que se mettre à genoux sous ses pieds de…Pharaon! Mais, agrandissant sa tendance naturelle à l’autosatisfaction, les flagorneurs autour de lui l’empêchent de voir, jusqu’en ces heures graves, les menaces pesant sur l’avenir du pays du fait de son entêtement à vouloir s’accrocher au pouvoir. S’inscrivant dès lors dans la triste lignée des Milosevic, Taylor, Gbagbo, ou encore kadaffi, le promoteur de démocratie qu’il se rêvait d’être n’est plus qu’un nationicide en puissance. Il a perdu la raison. Toute raison! La Cour pénale internationale de la Haye, pas le Nobel de la Paix comme Mandela, pourrait même être son seul…avenir.

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Aussi bien, personne ne doit se laisser berner par les effets oratoires qu’il tente de déployer au cours de cette pénible campagne électorale. Parce que quiconque connaît bien Abdoulaye Wade sait qu’il n’est plus qu’un animal politique intérieurement blessé, sentant, craignant, cette fin qu’il n’entrevoyait pas tant ses certitudes entretenaient ses folies autocratiques. Las, il n’a plus la mains. Il est comme impuissant face à ces jeunes bravant les forces du désordre, ou encore cette classe moyenne, surtout toute l’intelligentsia crédible lui ayant tourné le dos, les chefs religieux se refusant dans leur vaste majorité à lui apporter le soutien qu’il mendie auprès d’eux, avec les moyens financiers de l’Etat. Il se trouve réduit à corrompre les chefs de village et associations sportives de quartier. Il a perdu la voix aussi. De celle rauque, voire souvent éteinte qui lui reste, les menaces qu’il lance laissent les gens de marbre, s’ils ne les accueillent avec mépris.

Sans inspiration, il n’a donc pas été capable de franchir le pas nécessaire pour contribuer à sauver ce qui, il n’y a guère longtemps, faisait du Sénégal une fierté, lui conférant un statut d’exception démocratique dans ce « continent à ménages uniques » que lui même décriait en des temps décidément bien lointains, précisément le jour du Congrès Constitutif de son Parti, le PDS, à Kaolack, au milieu des années 1970.

Pour un homme qui fut longtemps fier d’avoir été le maître d’oeuvre de la première conférence sur les transitions démocratiques en Afrique, qu’il avait organisée en 1992, pendant la première expérience de gouvernement de majorité présidentielle élargie, ce devrait être une honte de voir ce pays qu’il gouverne depuis douze ans partir en vrille…Sauf si l’autre Wade, celui qui agit en autocrate, pas le théoricien de la démocratie, est à la barre.

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Cet allié des forces obscures a toujours été l’autre réalité chez cet homme. En le voyant désormais agir irrationnellement, comme un dément, pis en démon, je suis convaincu qu’il n’est plus celui que j’ai connu dans les années de braise de l’opposition et qui était toujours ouvert aux discussions, y compris sur des questions farfelues. Ce n’est pas non plus le même Wade qui au plus fort de la vague populaire ayant favorisé sa victoire en l´an 2000 avait eu encore la présence d´esprit de ne laisser aucune porte fermée, y compris en engageant un dialogue secret, indirect, avec Abdou Diouf, pour s´assurer que la première alternance démocratique ait lieu et qu´elle soit réussie. Je peux en parler parce que ce fut à travers ma personne qu´il s´était adressé à l´ancien Président sénégalais. Quand il le fit, ce fut en homme libre, faisant de la haute politique, en l´absence de tous ces acteurs nouveaux, magouilleurs, qui le poussent à l´extrémisme. Aucun des troubadours qui l’entourent désormais n’avait été mis au parfum. Même son fils, Karim Wade, n´avait été réduit qu´à jouer les chambellans…

La vieillesse, ce naufrage le plus féroce, a sans doute aussi fait sa part dans cet entêtement de ce quasi nonagénaire de s’éloigner des voies de la…sagesse. Or il suffirait simplement qu´il annonce son retrait de la course présidentielle, permettant ainsi au Sénégal de se donner le recul nécessaire en vue d´une transition apaisée, hors de toutes contestations possibles, sous la supervision des amis du pays, pour que l´exception démocratique sénégalaise fasse à nouveau la preuve de sa capacité à innover. Pour redevenir la boussole démocratique que le Sénégal n’aurait jamais dû cesser d’être.

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Il importe de savoir si, en ces ultimes moments de folie politique, Wade aura la lucidité, encore plus le courage politique, de faire ce saut qualitatif. On peut en douter. Puisqu’à ce jour, il a ignoré les appels à la raison qui lui sont lancés. Saura-t-il saisir la perche du dialogue que lui tend l’envoyé de l’Union africaine et de la Cedeao? Pas sûr! En rencontrant Obasanjo mercredi soir, je sais combien les bonnes volontés sont nombreuses à vouloir voir le Sénégal retrouver son leadership démocratique. Même Georges Soros s´y est mis! « Je ne laisserai aucune pierre non retournée, en d´autres termes toutes les options seront discutées avec lui« , m´a dit l´ancien Président Nigérian.

La balle est décidément dans le camp de Wade…Même s’il se fait déjà tard pour négocier intelligemment sa sortie de scène, il devrait comprendre que s’accrocher à une bouée de sauvetage n’a jamais été reproché à quelqu’un qui se noie. A moins qu’il ne veuille voir son nom s’ajouter à la liste de ces dirigeants africains qui hantent les couloirs du tribunal pénal international, et ceux plus durables de l’histoire. Trop tard pour une sortie de crise douce? Probablement…

 

Adama GAYE

Journaliste

adamagaye@hotmail.com

Ps: Attention aux observateurs électoraux qui sont des prostitués et dont certains, déambulant dans les grands hôtels de Dakar, sont déjà prêts à passer aux actes. Leur spécialité est de valider des élections moyennant rétribution…

Adama GAYE

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