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Faut-il Brûler Le Franc Cfa ?

Faut-il Brûler Le Franc Cfa ?

Il faut à la Corée du Sud, 15éme puissance mondiale, 1500 wons pour avoir 1 euro. Il faut à l’Inde (nation émergente), 12.000 roupies pour avoir 1 euro. Il faut à l’Iran (puissance nucléaire), 14.500 rials pour avoir 1 euro. Il faut au Vietnam (2éme producteur mondial de riz), 27.000 dongs pour avoir 1euro. Alors qu’il faut (seulement) à la zone CFA, 655,957 francs pour avoir 1 euro.

C’est cette surévaluation du FCFA qui explique en grande partie, le triple déficit de la balance de paiement (services, capitaux et commercial) de la Zone UEMOA et CEMAC, où le revenu d’un paysan (performant) est de 100.000 (cent mille) FCFA par an! C’est aussi ce qui explique pourquoi les opérateurs économiques de la Zone perdent sur leurs prix, 40% du fait des coûts de change.

C’est comme si en Afrique de l’Ouest et Centrale, avoir sa propre monnaie serait une catastrophe (instabilité monétaire, inflation) économique. Comme si, 14 Etats ne pourraient pas s’en sortir économiquement, là où des pays comme la Gambie ou le Cap- Vert ont pu battre leurs propres monnaies et tenir en main leur économie. Et que dire de l’ASEAN, l’une des régions économiques les plus dynamiques du monde où chaque Etat membre garde sa propre monnaie. D’ou la question: «Peut-on émerger si on ne contrôle pas sa monnaie?»

Ainsi, comment expliquer et comprendre en cette période d’un reclassement géopolitique favorable aux Zones UEMOA et CEMAC, que leurs Banques Centrales continuent à déposer depuis 2005 et avec discipline, 50% de leurs avoirs (réserves) auprès du Trésor Français, après que ce taux fût de 100% de 1945 jusqu’en 1975, puis 65% de 1975 à 2005?

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Au moment où les projections économiques (Matthieu Pigasse) indiquent clairement que sur les 10 prochaines années, l’Europe risque de connaître des taux de croissance plafonnés à 1,5%, là où certains pays de la Zone CFA pourraient se retrouver avec une croissance à 2 chiffres.

La servitude monétaire

Comment émerger avec un FCFA dont la convertibilité (des monnaies émises par les différents instituts d’émission de la Zone franc) est, dit-on, garantie sans limite par le Trésor Français, alors que le FCFA n’est ni fabriqué, ni imprimé en Afrique, mais en France, précisément à Chamelière, près de Clermont Ferrand?

Comment émerger avec un FCFA dont la fixité des parités (1euro=655,99 FCFA) ne vous fait pas bénéficier de l’amélioration des termes de l’échange et des fluctuations monétaires?

Comment émerger avec un FCFA, dit-on, de libre transférabilité, alors que le FCFA des pays de la zone UEMOA n’est pas utilisable dans les pays de la zone CEMAC. Et pourtant, nous sommes dans la même Zone CFA.

Comment émerger avec un FCFA dont le principe de la centralisation des réserves de change (compte d’opérations) exige à la Banque centrale de l’UEMOA et de la BCEAC, d’ y déposer 50% de leurs réserves de change alors que nos Etats ont un besoin criard de liquidités pour assurer le minimum de services sociaux de base?

Le FCFA, le sujet qui fâche

En Afrique, le FCFA est un sujet aussi sensible qu’une lame de rasoir. Le FCFA n’est pas un sujet technique, mais un sujet politique, disait Edouard Balladur. Allez demander à Sylvanus Olympio du Togo, à Modibo Keïta du Mali, à Ange Félix Patassé de la Centrafrique, à Mahamane Ousmane et Mamadou Tandja du Niger, à Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire ou à Abdoulaye Wade du Sénégal.

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Ni plus ni moins, pour la France, le FCFA est sa propriété exclusive, si bien qu’au niveau de tous les régimes – de Gauche comme de Droite-, remettre en cause le système du FCFA mis en place depuis le Général De Gaulle, est passible de haute trahison, de manière non écrite. N’est ce pas Laurent Fabius qui disait le 12 mai 2012 sur RFI, que «les pouvoirs passent et les intérêts de la France demeurent»?

Ainsi donc, nous accordons des dépenses fiscales qui profitent plus aux IDE qu’à nos entreprises locales. Nous tendons la main à travers le monde alors que nous sommes assis sur des mines de richesses. Nos Etats courent les places financières pour emprunter de l’argent. Nous ne pouvons pas construire d’écoles, ni d’autoroutes, ni d’hôpitaux, ni faire vivre décemment, l’écrasante majorité de nos concitoyens, faute de liquidités. Mais, nous pouvons déposer 50% de notre argent dans un compte situé à la rue croix des petits champs, dans le 1er arrondissement de Paris.

Pour combien de temps encore?

 

Mohamadou SY «Siré»

siresy@gmail.com

CEO ‘’Epsilone Consulting’’, stratégie & management

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