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Enseignement Superieur : Inégalité Des Chances !

A la pléthore des étudiants et aux maux dont souffre l’enseignement supérieur, Souleymane Bachir Diagne et son équipe ont apporté la plus brutale des réponses. Une augmentation vertigineuse des frais d’inscription (150.000 francs CFA contre 11.000francs) et de restauration (400 francs CFA pour le repas contre 150 francs et 200 francs pour le petit déjeuner contre 75 francs), sans souci apparent des conditions de vie des familles pauvres. Car, note le rapport général, » la prise en charge des coûts de formation dans l´enseignement supérieur public demeure une question urgente et sensible. Les droits d´inscription n’ont pas changé depuis une quarantaine d´années, ils restent dérisoires » alors, selon le comité de pilotage, il faut « appliquer la directive de l´UEMOA sur l´harmonisation des frais de scolarité et établir un pacte social pour apaiser l’espace universitaire, telles sont les conditions d’un projet ambitieux de développement de l’enseignement supérieur ».

Rien n’est donc prévu pour les pauvres qui ne seront pas appelés à exercer de responsabilités. Du Thatcherisme pur et dur ! Car si l’enseignement supérieur coûte de l’argent, ces familles-là ne pourront pas y envoyer leurs enfants, alors que depuis la fin du XIXe siècle, l’école est devenue un droit pour tous. D’ailleurs, le Sénégal peine encore à avoir le nombre d’étudiants recommandé par l’UNESCO-250.000- ; il ne fait pas encore la moitié. Paradoxal, non ?

On pourra peser au trébuchet de l’histoire, les propositions de Souleymane Bachir Diagne et Cie de « privatiser l’enseignement supérieur ». Le Sénégal n’est pas les Etats-Unis. La comparaison hâtive, agitée pour mieux émerveiller, ne relève d’aucune raison. Souleymane Bachir Diagne semble déconnecter des réalités sociales du pays. Mais aussi le premier ministre Abdoul Mbaye, né peinard. « Ce n’est pas la première fois que des concertations autour de l’enseignement supérieur se tiennent, mais c’est la première fois qu’elles ont été aussi inclusives, puisque le président de la République a retenu que l’enseignement supérieur est l’affaire de la communauté nationale dans son entièreté », a déclaré le premier ministre Abdoul Mbaye au journal « Le Soleil » lors de la cérémonie de clôture desdites concertations qu’il a présidées. Mais c’est la première fois aussi qu’une mesure du rapport des concertations sur l’enseignement supérieur est rejetée à l’unanimité par la communauté estudiantine et le corps enseignant. Cette mesure consiste à « ressusciter » l’école de l’Antiquité qui était réservée à des privilégiés.

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Toutefois, dans cette affaire, Souleymane Bachir Diagne n’est qu’une marionnette du pouvoir en place qui veut cacher son incompétence à résoudre la crise universitaire. Il apparait que le régime en place n’a aucun programme allant dans le sens de mettre fin à cette crise. Pourtant, Macky Sall, entre les deux tours de l’élection présidentielle, s’est engagé, une fois au pouvoir, d’apporter les solutions adéquates aux maux dont souffre l’enseignement supérieur.

La vérité est que l’Etat peine à trouver de l’argent, et refuse de s’endetter pour quelques 100 mille étudiants. En atteste le rapport général : « Le niveau actuel de financement de l´enseignement supérieur par les pouvoirs publics est tellement élevé (1,2% du PIB contre 0,6% pour la moyenne sub-saharienne et 1% pour l´OCDE) qu´il est difficile d´envisager une augmentation substantielle ». Et pour masquer ses failles, Macky Sall a commandité la concertation dite nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes). Souleymane Bachir Diagne qui a piloté ces travaux, a heurté les étudiants pour plaire au président de la République. C’est une façon de faire croire aux étudiants et aux parents que la décision est prise de manière inclusive sans l’intervention de l’Etat.

L’enseignement relève de la responsabilité de l’État. Il doit être public et non privé, puisque les professeurs sont des fonctionnaires de l’État, spécifiquement formés pour leur fonction. La conservation et la transmission du savoir entre privilégiés est révolue. Il est nécessaire de former des citoyens capables d’exercer la démocratie. Chacun doit pouvoir découvrir le savoir, librement et sans contrainte. Il faut un enseignement le plus large et le plus ambitieux possible, pour que chaque individu puisse réaliser son potentiel au sein de la société et participer à la vie politique-politique au sens étymologique-. Ainsi, l’égalité des chances sera préservée. Dans le cas contraire, ce sont les milieux de la délinquance, de la danse ou de la lutte qui accueilleront les jeunes.

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Chimère Junior Lopy

Etudiant UCAD

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