Brusquement, dans la presse, pour un mot prononcé par un haut responsable politique, une fois de plus, un indigeste et polluant débat nous envahit. En effet, nos amis de l’APR, comme s’ils se sont passés le mot, ont simultanément tiré groupé sur lui. C’est certain, les poulains de ce dernier vont riposter. Déjà, depuis quelque temps, les jeunes du socialisme et ceux des républicains de chez nous (encore eux) se jettent de petits mots.
Trois noms nous viennent et reviennent dans ce débat : Le Président Macky Sall, Idrissa Seck et Khalifa Sall. Où est le Sénégal dans tout ça ? Nulle part. Pourtant tous prétendent parler pour le pays, le peuple.
Paradoxalement ce peuple n’entend son nom que dans la presse, sur les plateaux de Télé. Il ne vous voit jamais et n’a jamais partagé son couscous avec vous. Moi qui passe mes jours et nuits dans les communautés, je n’ai jamais rencontré aucune autorité politique, dans aucune place publique d’un village, tenir une rencontre au cours de laquelle on parle de développement avec ce peuple au nom de qui vous prétendez parler et agir. Tout indique que vous ne pouvez travailler pour le pays sans un poste de député, de directeur de société, de ministre, de président de conseil d’Administration ou même sans être un politicien professionnel avec une 4X4 et un bureau climatisé et un comportement dispendieux même sans revenu connu. Et ceux qui cultivent, pêchent et élèvent ce que vous mangez ? Ils ne font rien pour le pays ? Alors soyez moins arrogant et respectez nous dans vos débats.
C’est comme s’il était interdit de porter un jugement sur la situation du Sénégal sous le Président Macky. Dés que quelqu’un prononce un mot sur les problèmes actuels, la clameur s’élève pour nous envahir comme si tout était rose et parfait ici et maintenant. Si vraiment l’amour et l’attachement que vous clamez au nom du peuple est vrai, écoutez ceux qui rendent audibles les remarques qu’ils ont sur la marche du pays. Prenez le temps de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas et discutez de ce qu’il faut faire pour améliorer ce qui ne va pas. Car l’évidence saute à l’œil nu. Il y’a des difficultés, beaucoup de difficultés. Les gouvernants d’aujourd’hui ne peuvent pas être tenus pour unique responsables de cette situation. Ceux qui critiquent en ont aussi une part de responsabilité pour avoir été aux affaires. Nous citoyens aussi en avons une part. Par conséquent les solutions exigent un débat serein, non passionné, objectif et citoyen. Le problème n’est ni le Président encore moins Idy ou Khalifa. Par conséquent, Ils ne peuvent en aucune façon être qu’une partie de la solution. Ce débat ne mènera nulle part le pays. Il est malsain. Idy a le droit de dire ce qu’il pense sur la marche de son pays.
A mon avis, ce peuple, comme vous le dites est non seulement mur mais il est largement en avance sur vous. Si ce que vous dites était vrai, vous alliez oublier un instant vos guides pour penser sérieusement au Sénégal. Mais ce qui est vraiment inquiétant c’est que ce sont surtout les jeunes qui alimentent et attisent la flamme de ce débat polémiste. Cela veut dire que le Sénégal n’est pas encore sorti de l’ornière. Car, comme le disait Mr Wade « dis moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel pays tu seras ». Le Sénégal de demain sera donc, sauf miracle, un pays de débat de bas niveau, de farouche bataille d’intérêts particuliers, du culte de la personnalité, des manœuvres bassement puérils, de calculs politiciens, de positionnement, de négation des valeurs culturelles que nous avaient transmises nos aînés et qui ont pour nom : respect et amour du voisin, tolérance, patriotisme, modestie etc
La première règle de la démocratie est le respect de l’opinion de l’autre, le respect de la différence et de la pluralité des idées. Comment pouvez-vous prétendre être des démocrates et fouler ces règles les plus élémentaires au pied. Même Wolof Ndiaye le dit « ku boot bukki xaj bow la ». Nous avons tous joué un rôle dans l’élection du Président Macky Sall. Idy beaucoup plus en mobilisant tout Thiès. C’est dans l’élégance et les civilités républicaines que les critiques doivent être formulées ainsi que les réactions.
Incarnez des valeurs humaines car, elles sont beaucoup plus importantes que les réalisations et autres infrastructures qui ne représentent rien dans une jungle. Ce n’est d’ailleurs pas par faiblesse de bilan que les sénégalais ont refusé de reconduire Mr Wade. Son bilan infrastructurel est presque hallucinant. Mais en face, il y avait quelqu’un qui a incarné, à mon avis, des valeurs dont nous avions soif. Rien que ce petit salut que Macky a adressé à Wade sur le chemin de la campagne électorale a pesé lourd dans la balance de son élection. Mr les journalistes, aidez ces gens à parler développement, au moins une fois. Car ce n’est pas les militants des partis politiques qui élisent mais le peuple qui, patiemment écoute, observe, ne dit rien et attend l’heure de sa prise de parole. La seule d’ailleurs qui vaille.
Falilou Cissé
Conseiller en Développement communautaire
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