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Les Néophytes Et Le Culte De L’intolérance En Politique (ousmane Sy)

Le débat politique sénégalais se caractérise en ces moments par une forme de violence qui a transformé le pays en une poudrière que la plus petite des étincelles peut embraser. Les causes de ce climat perpétuel de violences verbales, voire physiques peuvent être multiples. 

Quand la politique devient une arène ou des gladiateurs se donnent des coups que la morale et l’éthique répugnent, alors il devient nécessaire de s’interroger sur les hommes qui l’animent.

Pour la plupart, on a affaire à d’anciens technocrates, à d’anciens opérateurs qui pour des raisons individuelles ont atterri dans cette arène dans laquelle ils ne seraient pas prédestiné. Leur arrivée en politique relèverait d’un concours de circonstances plutôt que d’une volonté longtemps caressée. Les technocrates ont déserté leurs bureaux par mal être, par déception ou par désaveu et se sont plongés dans la politique pour solder des comptes. Quand aux opérateurs et autres profils, ce serait plutôt par pragmatisme car la politique offrirait d’autres opportunités. 

Or la politique est une école. Elle est science et apprentissage. Si nous interrogeons l’histoire, nous remarquerons que plusieurs ténors politiques qui ont marqué l’histoire politique du Sénégal ont fait du chemin et gravi des échelons avant d’atterrir sur la scène nationale. Ils ont fait leurs armes dans leurs villages, dans leurs communes et dans leurs régions respectives.  Au sein de leur parti aussi ils ont dû batailler ferme pour être dans les sections locales, départementales, régionales et enfin nationales. Dans ce schéma, non seulement la politique s’apprend mais devient un art. On reconnaissait aisément que ces pointures ont un passé, un vécu politique qui font d’eux des gens tolérants et ouverts au débat contradictoire. On allait de la localité à l’échiquier national en ravissant des échelons aussi essentiels que nécessaires pour forger l’Homme politique. Dans notre arène d’aujourd’hui Khalifa SALL serait le produit politique qui pourrait illustrer notre propos. Avec ou pas avec lui, la prestance se dégage naturellement et sa tolérance n’aurait d’égal que la retenue dans ses interventions. N’est pas politique qui veut !

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Aujourd’hui, c’est tout le contraire. C’est du haut d’un ministère ou d’une direction nationale qu’on convoite une commune.

La plupart des hommes politiques ne peuvent pas se vanter d’avoir ce passé. Ils sont passés de leur spécialité au statut de leader national et néophyte en politique. La politique est un autre domaine. Quel que soit leurs génies dans leur domaine, l’inexpérience politique les plombe, vicie le débat politique et met en danger la sacralité de la République. On assiste à des discours populistes et à ses bras de fer sans lendemains mais aussi à des débats de caniveaux. Ils ne se donneraient aucune limite, la fin justifiant les moyens, tout serait bon pour faire rallier à leur cause. Or il y a des limites qu’on ne franchit pas en politique car elle est l’art de gérer les affaires de la cité dans et en dehors du gouvernement. A ce niveau précis, gouvernants et gouvernés, opposition et pouvoir ne peuvent vivre dans un parallélisme absolu. Malheureusement, au lieu d’apprécier et de s’apprécier on se dénigre, on complote et on manipule. Les politiques se sont tellement dénigres, dits du mal que le face- à-face qui leur reste est celui du corps à corps. Le chevronné en politique sait qu’il a un adversaire alors que le néophyte en politique voit partout des ennemis. Voilà notre pays dans une ambiance électrique sous une canicule que toute l’eau de Chac ne pourrait éteindre.

Mais enfin, il faut l’avouer, si l’espace politique est devenu un terrain aussi fertile pour des néophytes, c’est que les politiques ont fait preuve d’échec de l’indépendance à nos jours.

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Ousmane Sy

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