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Noix De Coco, Citrons Cap–vert Et Châtiments !

Mon histoire du dimanche va relever un peu de la légende sur un lieu que beaucoup dépassent, sans savoir qu’il fut un haut lieu de la vie de Dakar.

Tolou bour était situé à l’actuel emplacement du supermarché casino, qui s’appelait Sahm Priba, du bar dancing ‘’le sahel’’, d’un centre commercial avec pharmacie et boutiques de divers. Tout cela, appartenait à feu Ndiouga Kébé, milliardaire de ces années-là, mort en 1982, dans des circonstances qui avaient fait grand bruit à l’époque. Tolou Bour, c’était donc cet espace, juste en face de l’hôpital Abass Ndao, qui, lui, à l’époque, s’appelait ‘’Repos Mandel’’.

Nous habitions à l’époque à l’université de Dakar, au pavillon A dans des logements administratifs, qui, je crois, le sont toujours. C’est juste, quand tu entres au campus par la route de Ouakam, les logements qui font l’angle du pavillon A. On habitait au 3eme, au 2eme, une famille Diakhaté, au rez-de-chaussée, la famille Berthé, rendue célèbre par le tennis. D’abord avec Miloud Doumbia, puis, Yaya Doumbia et les sœurs Berthé.

L’université, son campus, ses étudiants de cette époque, aucun étudiant de maintenant ne peut les imaginer. L’université était un havre de Paix intellectuelle, malgré les violentes grèves qui s’y passaient. Le campus propre et accueillant. Les étudiants, des messieurs qui avaient conscience qu’ils dirigeraient ce pays un jour. Un prof d’université, c’était une icône du Savoir qui inspirait respect et mystère de maître du Savoir. En plus, y avait plein de toubabs. Et tout le monde sait que, là, où sont les toubabs, sous nos latitudes, règne la discipline. Je n’ai jamais su pourquoi.

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Nous étions pendant les vacances, dans l’immense champ de jeux, que constituaient pour nous les espaces désertés par les étudiants et le personnel administratif. L’université était entourée de forêts touffues de tous les côtés, sauf, sur la route de Ouakam. On y chassait, allait jouer au tennis sur les multiples courts qui s’y trouvaient.

Mais, il nous arrivait de nous lasser de nos escapades dans l’enceinte, pour sortir explorer d’autres horizons. On sortait pour aller à Fass, ou la Médina, le marché tilène ou le stade Iba Mar Diop. C’est en allant vers ces lieux, que nous avions fait la connaissance de Tolou Bour. Cet endroit que je vous décrivais plus haut, était une espèce de jardins des plantes. On y trouvait toutes sortes d’arbres fruitiers, et surtout, des cocotiers qui s’élevaient majestueusement à une hauteur incroyable. On y voyait aussi, des citronniers qui produisaient d’énormes fruits qu’on appelait ‘’Limons Cap-vert’’. Un marigot se trouvait à l’intérieur.

C’était un endroit paradisiaque qui tendait les bras aux marcheurs fatigués.

Mais, nous, on contournait ce lieu, on mettait la route entre nous et ses pièges.

On avait entendu dire que quiconque entre dans ce verger du bonheur, gardé par des gardiens féroces et impitoyables, pouvait être pris et torturé de la plus méchante façon. On disait que, c’était permis d’entrer dans cet endroit, de manger tout ce que vous vouliez, mais, il était formellement interdit d’emporter quoi que ce soit. Mais, un esprit malin vous poussait à la faute, et immanquablement, on ne s’en sortait indemne, de déguster les fruits de cet Eden.

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Entre autres punitions dont, nous avions écho. On disait que quand les gardiens vous attrapaient avec des fruits, ils vous enlevaient votre culotte ou pantalon, vous pliaient en deux, et vous faisaient entrer ce tout ce que vous aviez pris par le derrière.

Bon, nous, on a jamais essayé de savoir si, c’était vrai ou pas.

On se contentait de passer au loin. De voir de loin, les énormes cocos, les musclés ‘’limons du Cap-vert, les grosses mangues tranquillement accrochés à leurs arbres.

Et on imaginait en frissonnant. Pressant le pas.

 

ALIOUNE NDAO

Alioune Ndao
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