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Idy-le-corbeau, Macky-le-renard Et Le Fromage Pds

Défense d’en rire ! Macky n’est pas une tête carrée dans un corps rond. C’est plutôt un esprit vif et bien arrondi dans une démarche toujours carrée. A peine une situation politique nouvelle se présente qu’il a déjà fait, dans sa tête, le tour de la question. Il la comprend à la vitesse de l’éclair, en cerne rapidement les contours, affine vite sa stratégie et résout promptement l’équation. Bref, on l’aime ou on l’aime pas, Macky est un as de la politique.

Opportuniste à souhait, il avait compris que son heure avait sonné quand, après avoir liquidé politiquement Idrissa Seck, Wade s’était retourné vers lui. Et pour cause.  Il fallait qu’il dégage à son tour de la voie de sa succession au profit de Karim Wade. Mais c’était sans compter avec la vista du successeur d’Idrissa Seck à la Primature.

Macky savait en effet parfaitement que le prochain « fils d’emprunt » sur la liste de ses victimes, aurait la compassion, la sympathie et le soutien d’un grand nombre de Sénégalais. Ceux-là qui allaient forcément finir par être outrés par la propension du Pape du Sopi à envoyer à l’échafaud tout successeur qui ne l’agrée pas.

Dès que Wade a eu donc la maladresse de s’en prendre à lui, Macky ne demanda pas son reste. Aussitôt la loi Sada Ndiaye votée, ramenant de 5 à 1 an son mandat à la présidence de l’Assemblée, il choisit de lâcher ipso facto son perchoir. Il se décharge même de tout mandat électif obtenu sous la bannière du Pds et crée dans la foulée l’Alliance pour la République (Apr). Puis, instruit par le jeu de yoyo fatal à Idrissa Seck, il décide, contrairement à ce dernier, de s’écarter complètement de Wade et de ne point « regarder dans le rétroviseur ».

La suite, on la connaît. Macky Sall se défait de Wade en mars 2012 et réussit là où Idy avait échoué. Anciens Premiers ministres de Wade tous les deux et ex-numéros deux du Pds, ils auront connu des fortunes diverses. Accusé à tort ou à raison de tentative de parricide, l’actuel président de « Rewmi » ne réussira jamais à triompher du fondateur du Pds. Alors que soumis à son tour au rouleau compresseur de Wade, Macky réussira, lui, à survivre et à succéder à celui qui voulait avoir sa peau. Et c’était l’épilogue de la bataille de succession de Wade au pouvoir.

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Idy venait de la perdre aux dépens de Macky qui fut au début et à la fin de l’entreprise de liquidation qui avait eu raison de lui. Quant à la bataille autour de l’héritage politique de Wade, en l’occurrence le Pds, Macky n’a pas voulu l’engager aussitôt.

Le président de l’Apr savait en effet que le baobab Pds ne pourra échapper à l’effeuillage suite à sa déconvenue de mars 2012. Et que, l’attrait du pouvoir aidant, lui et son parti en seraient les grands gagnants. Là encore, il a vu juste. Que de libéraux ont transhumé depuis pour rejoindre les prairies marron-beige ! Et parallèlement à ces flux migratoires, Macky s’emploiera, sans l’air d’y toucher, à fragiliser le Pds de l’intérieur.

A la faveur de la traque des biens mal acquis, Karim Wade autour duquel son père voulait organiser son héritage politique après avoir échoué à lui léguer son pouvoir, Karim Wade donc se voit museler par Macky. Wade a beau contrecarrer ce coup de son successeur en amenant les siens à faire de son fils le candidat du Pds à la présidentielle, sa parade ne servira à rien.

Son héritier biologique neutralisé, Macky fera par la suite de Modou Diagne Fada son cheval de Troie dans ce qu’il est convenu d’appeler « la bataille de l’Assemblée ». Empêchant ainsi au parti de Wade de prendre un nouveau souffle avec le contrôle de la présidence d’un groupe de l’opposition fort d’une vingtaine de députés dont ceux du Mouvement Tekki, du Fsd/Bj et, surtout, de « Rewmi » d’Idrissa Seck. Il n’était pas d’ailleurs étonnant qu’au plus fort de la guéguerre pour le contrôle du groupe de l’opposition, Moustapha Diakhaté, président du groupe de la majorité, fût le plus ardent défenseur de Modou Diagne Fada.

Cette bataille gagnée, il ne restait qu’à étouffer les dernières poches de résistance du Pds, en particulier celle qu’incarne Aïda Mbodj avec Bambey. Victorieuse dans son bastion aussi bien aux locales de juin 2014 qu’au référendum du 20 mars dernier, elle se verra fragiliser par la perte de la présidence du groupe de l’opposition et par sa destitution à la présidence du Conseil départemental de Bambey.

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L’Opa de Macky sur les « actions » d’Idy

C’est donc à un parti libéral particulièrement éprouvé et fragilisé que Macky tend aujourd’hui la main. Naturellement, il ne s’agit point d’une main amicale. Ses anciens frères libéraux seraient d’ailleurs bien naïfs de le croire. Il s’agit plutôt de faire main basse sur ce qui reste du Pds pour gagner la bataille autour de l’héritage politique de Wade. En particulier, aux dépens d’un Idrissa Seck qui a toujours prétendu en être « l’actionnaire principal ».

C’est lors d’une rencontre impromptue avec des responsables du Pds au domicile d’Oumou Salamata Tall que Macky a donc plaidé pour ces retrouvailles avec ses anciens frères libéraux. « C’est Dieu qui a décidé que je sois là où je suis ; vous avec qui j’ai été, devez venir pour qu’on travaille ensemble », dit-il. Avant de poursuivre : « je disais dans la voiture que c’est la deuxième fois, en l’espace d’un temps court, que vous me faites passer par un chemin que je connais très bien (celui qui mène chez Wade au Point E). Pendant 19 ans, j’ai fréquenté ce lieu ».

En appelant à ces retrouvailles en des termes si émouvants, Macky a réussi à toucher les cordes sensibles de plus d’un libéral. A commencer par Wade qui n’est intéressé après tout que par la libération de Karim et qui voit, à travers ce rapprochement avec Macky, un moyen d’y parvenir.

Or, c’est lui Wade qui tient encore la boussole au Pds. Et il n’a même pas besoin de donner de la voix pour indiquer la direction à suivre. On l’obéit au doigt et à l’œil. Et quand bien même certains viendraient à se montrer réticents, le président de l’Apr aura au moins réussi à casser le Pds en pro et anti retrouvailles. Certains libéraux pourraient même être si éprouvés par les affres de l’opposition et si emballés par les délices du pouvoir qu’ils n’hésiteraient pas à franchir le Rubicon pour migrer vers l’Apr. C’est tout l’enjeu de cette bataille autour de l’héritage du « Sopi » que Macky a enfin décidé d’engager avec sa main tendue.

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Naturellement, Idrissa Seck a vite senti la menace sur les « actions » qu’il prétend détenir au Pds. Aussi, le leader de « Rewmi » s’est-il empressé de tempérer l’enthousiasme de Wade, sans manquer de lui faire à son tour les yeux doux.« Ce que Wade a fait pour Diouf, soutient-il, Macky devait le faire pour Wade. Il lui appartenait de penser à cela et il ne l’a pas fait. Wade a aidé Diouf à diriger la francophonie. La réhabilitation de Wade est une nécessité, car l’Afrique n’a pas un autre patriarche de sa trempe ». 

Il paraît évident que le patron de « Rewmi » n’a tenu ces propos qu’en réaction à l’acte posé par Macky. D’autant qu’il avait gardé jusque-là la distance avec son ancien mentor et son proche entourage. Pas une seule entrevue, encore moins une visite de courtoisie d’Idrissa Seck à son ancien mentor. Dire qu’il était une époque où Idy, qui fut un peu moins qu’un fils pour Wade et bien plus qu’un collaborateur, était idéalement placé pour être et son successeur et son héritier politique. Hélas, il se pourrait bien que son clin d’œil à Wade arrive aujourd’hui un peu tard.

Par contre, en emportant visiblement l’enthousiasme du Secrétaire général du Pds, Macky est en passe de réaliser une Opa sur les « actions » que son principal rival prétend détenir au Pds. Voilà donc le risque qui plane sur les prétentions qu’Idrissa Seck a toujours eues sur son ancienne formation.

La dualité Macky-Idy est donc à l’image de la célèbre fable de La fontaine autour du corbeau et du renard. Le corbeau Idy croyait tenir une bonne part du fromage Pds. Mais il a suffi d’une pirouette du renard Macky pour qu’il soit en passe de la perdre. N’est-ce pas que le Pds a encore de beaux restes qu’il importe d’avoir juste avec soi ?

 

Momar Diongue 

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