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La Qualité Des Souches Et Le Prix De L’aliment De La Volaille : Problématique Majeure De La Filière Avicole Au Sénégal

Le constat est le même pour tous les éleveurs (petits, moyens, grands), à savoir la qualité des souches. En effet, l’aviculture est un des secteurs où la demande est de loin supérieure à la capacité de l’offre. Pour preuve, la production de poussins a porté, en 2008, sur un effectif de 8,569 millions de sujets pour représenter, en 2011, une offre annuelle de 21 millions de poussins d’un jour assurée par 12 couvoirs qui se partagent le marché.

La demande est forte et augmente rapidement en réponse aux cérémonies religieuses, traditionnelles et en raison de la place prépondérante du poulet dans les habitudes culinaires. Ce qui pousse beaucoup d’acteurs à investir dans l’activité sous forme d’élevage à caractère familiale, pseudo-professionnel, en plus des exploitations modernes et industrielles.

Conscients de ce « boom » et ne pouvant satisfaire l’explosion de la demande, les principaux couvoirs réintègrent dans le circuit, à travers leurs dépôts, des poussins d’un jour qui devraient être détruits, puisque ne répondant pas aux normes de souches sélectionnées.

Le manque à gagner est énorme pour les éleveurs, avec des maladies latentes, les cas de paralysie et de malformations qui ne sont visibles qu’au bout d’une semaine ou plus d’activités. Dans la pratique, avec une alimentation riche et équilibrée, il n’est pas possible de mettre sur le marché des poulets de chair avec un poids vif compris entre 1,8 et 2 kg au bout de 45 jours. Ce délai pour l’engraissement effectif des sujets est juste indicatif mais non réalisable dans la plupart des cas à cause des souches de mauvaise qualité. A cela s’ajoute des charges d’exploitation lourdes avec les différents intrants qui entrainent de facto une perte sèche sur le chiffre d’affaires. Sur cet aspect, les éleveurs sont unanimes.

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Le deuxième point concerne l’alimentation qui est le facteur le plus important de tout élevage. La provende toujours conditionnée en sacs de 50 kg ne connait pas de baisse significative malgré les fluctuations de ces différents composants : maïs, tourteaux d’arachide, tourteaux de soja, farine de poisson, son de blé, pour ne citer que ceux-là.

On assiste à un oligopole de fait qui favorisent les ententes tacites et le blocage des prix. Deux fournisseurs, la Sedima et la Nma (qui vient de racheter les moulins sentenac), se partagent le gâteau estimé à 188,915 tonnes pour un chiffre d’affaires de 49 milliards de FCfa en 2010 (statistiques de la direction de l’Elevage), dont la progression et la marge bénéficiaire pour 2015 a triplé en fonction de la production issue de la forte demande en aliments de volaille. Il n’est pas à exclure, dans un avenir proche, de voir d’autres acteurs rentrer dans le marché, vu le potentiel en termes de rentabilité et de retour sur investissements à court terme.

De ce qui précède découle la nécessité de mettre en place une association de défense des éleveurs, de la filière, à travers une coopérative qui sera chargée de l’achat et du contrôle des poussins au niveau des couvoirs, avant la remise aux éleveurs affiliés.

Les dépôts travaillant en étroite collaboration avec les principaux couvoirs ne sont plus garants de la qualité, car eux-mêmes sont victimes d’abus de confiance ou complices dans une logique de profit.

Ces couvoirs générant des milliards de chiffre d’affaires par an, les éleveurs ne sauraient être en reste, car étant les principaux pourvoyeurs de fonds de ces structures. Un minimum de respect pour ces Sénégalais qui travaillent à la sueur de leur front et qui ne demandent que la transparence, pour ne plus être floués sur la qualité du produit, puisque employant souvent leurs propres fonds, contrairement aux exploitations modernes qui disposent de financements et de moyens substantiels pour parer à tous les évènements.

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L’aviculture doit être considéré comme une grappe de croissance au même titre que l’agriculture dans le Plan Sénégal émergent, vu le chiffre d’affaires qui s’élève à 130 milliards de FCfa en 2011 (sources direction de l’Elevage), pour atteindre plus de 500 milliards de FCfa en 2015, contribuant ainsi au développement du pays en termes de créations de richesses et d’emplois.

 

Papa Mouhamadou SANE

Executive/Gérant Nessprod Agro Business Sarl

Email : nessprodagrobusiness@gmail.com

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