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Le Hcct, Dernière Tranche Du Gâteau Républicain ?

Le Hcct, Dernière Tranche Du Gâteau Républicain ?

Difficile de répondre par oui à cette question, car les Sénégalais, au regard de la façon avec laquelle le pays est dirigé, auraient raison de s’attendre au pire. En effet, des actes que le pouvoir en place pose depuis 2012 nous ramènent à d’anciennes pratiques qu’une volonté populaire a souhaité bannir en sanctionnant le régime de Wade au soir du 25 mars 2012. Comme pour citer le journaliste politique français Jean-Michel Aphatie, parlant de la France, on a l’impression que les Sénégalais choisissent toujours les mêmes pour recommencer les même dérives républicaines et démocratiques contre lesquelles certains militent au point de payer des fois de leur vie cet engagement.

Lorsque, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est la Démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s’appelle Aristocratie. Montesquieu

C’est ce qui s’est produit en 2012 en faisant confiance à la circonstancielle coalition Benno bokk yakaar dont la dénomination renvoie à une réelle volonté de rassembler la communauté nationale autour d’un même idéal ; celui de servir le Sénégal. Hélas ! On remarque, au fil des années et avec stupéfaction, que cette coalition est en réalité le résultat d’intenses manœuvres politiques et de combines d’appareils dictées par des ambitions personnelles et partisanes. Des réalités politiques très récentes, comme les élections locales de 2014 et référendaires de 2016, ont fait jaillir des divisions qui en disent long sur cet état de fait. De plus, les faits parlent d’eux-mêmes à ce jour. Macky Sall, pour gagner le soutien des différents leaders politiques au second tour de la présidentielle de 2012, avait dû promettre à chacun une place à la hauteur de son engagement.

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Ainsi, au lendemain des législatives de juillet 2012, le présent Sall s’est personnellement impliqué pour permettre à Moustapha Niasse d’être élu président de l’Assemblée nationale. Quelques temps plus tard, Aminata Tall, presque sans efforts, se voit offrir la présidence du Conseil économique social et environnemental. Idrissa Seck n’a pas eu cette même chance, mais il aurait été facilement parachuté à la tête du défunt Sénat.

Sans gêne, le président Sall a ouvertement défendu des transhumants politiques de l’ancien régime qui, pour ne pas couper avec les privilèges de la juteuse République, décident de rejoindre leur ancien opposant et ennemi politique. Ainsi, Djibo Kâ, ancien ministre de Wade, se voit récemment confier la direction de la [bizarre] Commission nationale du dialogue des territoires, alors que le HCCT devait se créer. Abdoulaye Bathily, avec la bénédiction du chef de l’Etat, est candidat unique de la CDEAO à la présidence de la Commission de l’Union Africaine. Les amis et proches collaborateurs des leaders alliés ont bénéficié des largesses du régime avec des postes de ministres et/ou de directeurs d’agences ; des postes pour la plupart inventés de toute pièce pour l’occupant.

Dernier jalon du partage continu du gâteau républicain : la mise en place d’un Haut conseil des collectivités territoriales dirigé, grâce à la volonté de Macky Sall, par Ousmane Tanor Dieng. Chambre de de 150 membres aux fonctions consultatives, dont 70 nommés par le président Sall. Budget de fonctionnement annoncé, plus de 6 milliards de FCFA. Quels paradoxes pour un régime dont la gouvernance se veut sobre et de rupture. Qu’à cela ne tienne, et c’est ainsi depuis 56 ans, le mécanisme est le même pour nos hommes politiques. Ils s’arrangent pour rester le plus longtemps aux manettes, se partagent sans cesse les privilèges du pouvoir et continuent, de façon mensongère, à faire aux Sénégalais des promesses qu’ils ne tiennent presque jamais. En définitive l’urgence pour le jeune Etat du Sénégal serait [aussi] de revoir le système de fonctionnement du régime présidentiel conférant trop de pouvoirs au chef de l’Etat.

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Mamadou DIOP

diop.mammadou@gmail.com

 

Mamadou DIOP

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