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Quelques Réflexions Sur La Levée De 660 Milliards De Fcfa Par Le Sénégal Sur Le Marché International

Le Sénégal a émis, avec succès, le mardi 16 mai, des obligations souveraines sur les marchés financiers internationaux pour un montant de 1 milliard 100 millions de dollars, soit l’équivalent de 660 milliards de FCfa. Cette mobilisation de ressources a été un grand succès.

En premier lieu, elle a été un grand succès en raison des termes de l’émission : un taux de 6,25 % et une maturité de 16 ans. Ces conditions placent le Sénégal parmi les pays africains les mieux appréciés par les investisseurs sur les marchés internationaux. A titre d’exemple, les émissions du Cameroun et du Ghana ont été réalisées respectivement à 9,75 % en 2015 et 9,25 % en 2016. Cette année, le Nigeria a émis à un taux de 7,875 %.

En deuxième lieu, l’émission du Sénégal fut aussi un grand succès compte tenu de l’appétit important suscité au niveau des investisseurs. Les obligations ont été largement souscrites avec presque 400 investisseurs qui ont présenté des offres pour un montant total de 9 milliards 300 million de dollars.

L’engouement des investisseurs repose sur les appréciations positives de la situation et des perspectives macroéconomiques du Sénégal. Mais, les investisseurs font aussi deux paris. Des paris qui sont tout aussi importants ou même encore plus importants pour le Sénégal.

Le premier pari est que les ressources collectées seront utilisées de manière productive et efficiente afin de générer la croissance et les ressources requises pour le remboursement de la dette. En d’autres termes, que la dette du pays restera soutenable.

Ceci requiert que les ressources mobilisées servent effectivement au financement des projets prévus dans le budget 2017, projets retenus sur la base de leur rentabilité financière, économique et sociale. En cela, nous saluons l’engagement du président de la République d’utiliser exclusivement les ressources mobilisées pour les projets d’infrastructure inclus dans la loi de finances 2017.

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Le deuxième pari est que l’exploitation, dans l’avenir, du pétrole et du gaz ne serait pas une malédiction, mais une bénédiction pour l’économie sénégalaise. En effet, l’expérience dans de nombreux pays, y compris en Afrique, suggère que la découverte de ressources non renouvelables, tels que le pétrole et le gaz, a souvent nui au développement économique.

Toutefois, certains pays ont réussi à faire de la découverte de ressources non renouvelables une bénédiction. Cela requiert une gestion transparente et efficiente des ressources liées au pétrole et au gaz. Il s’agit notamment de débuter avec des appels d’offres transparents, concurrentiels et bien conçus pour maximiser les recettes pour l’Etat.

Ensuite, toutes les recettes doivent être identifiées et passer par le budget de l’Etat. Enfin, les règles adoptées devraient assurer une gestion prudente des revenus issus des ressources, notamment en finançant le Plan Sénégal émergent et en favorisant la diversification de l’économie. L’industrie extractive est peu intensive en main d’œuvre, et créer des emplois pour la population, notamment pour les jeunes, passe par le développement d’un tissu de petites et moyennes entreprises sain et actif.

 

Boileau LOKO

Représentant-résident du FMI au Sénégal et chef de Mission pour l’UEMOA

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