De toutes les professions, le métier d’enseignant est sans doute le plus noble et le plus exaltant. Transmettre le savoir, participer à la formation des jeunes, à leur éducation, apporter une pierre à l’édification d’une Nation sont pour l’enseignant des missions des plus vertueuses. Aucune Nation ne peut prétendre au développement sans une prise en compte réelle et effective de l’éducation dans son projet de société. Tout espoir d’émergence, voire de développement, doit être sous-tendu par la création d’un système éducatif solide, performant et équitable. Il ne suffisait pas pour l’Etat du Sénégal de proclamer dans la Constitution l’universalité du droit à l’éducation. Il lui fallait trouver, par le Pdef entre autres, les moyens pour cette démocratisation.
Une fois l’accès pour tous réalisé, l’Etat a initié un vaste programme dont les fondamentaux sont : la bonne gouvernance, l’équité et la transparence dans le système éducatif sénégalais. Et à cet effet, des organes internes (Cge) comme externes (redynamisation de l’Iaf) sont mis en place. L’esprit de ces réformes est que le jeune Sanarois, Toubéen de Maka ou le Ngallélois ait les mêmes chances – parce qu’ils ont les mêmes droits – que l’élève de Sacré-Cœur, de Thiès ou de Ziguinchor.
Qui ne dit rien consent et le silence est une autre forme de complicité, a-t-on l’habitude de dire. Alors, nous n’avons plus le droit… Nous n’avons plus le droit de continuer à croire et à faire croire que le lycée de Ngallèle de Saint-Louis fonctionne. En effet, cet établissement scolaire est un lycée atypique. Et ce, pour plusieurs raisons.
En ma qualité d’enseignant, je suis surpris quand des collègues y servant me disent qu’aucune réunion ne s’est tenue depuis le début de l’année, que les conseils de classes n’ont pas été organisés après les évaluations du premier semestre, qu’aucun professeur ne dispose de statistiques pour ses résultats ; le censeur soutiendrait qu’il n’a pas la base de données détenue par le proviseur, son supérieur et collaborateur direct. Cela en dit long sur leurs rapports. L’autoritarisme et la gestion autocentrée des premières heures ont laissé place à un laxisme qui a fini de plonger le lycée dans un état de pourrissement insoupçonné devant le silence assourdissant des autorités académiques.
Comment peut-on comprendre que le chef de service pédagogique se consacre plus à ses vacations à l’Ugb que ses prérogatives au lycée ?
Quand la mal-gouvernance, l’absence de communication, l’absentéisme de l’administration gangrènent le lycée, les résultats sont forcément catastrophiques quels que soient la bonne volonté et l’engagement des enseignants et des apprenants.
C’est au nom de la noblesse du métier, de notre devoir de citoyen et de notre droit à une éducation de qualité pour tous que nous dénonçons avec la dernière énergie cette situation.
Non ! Nous n’avons plus le droit de nous taire. Nous taire reviendrait à nous faire complices d’une situation de non-droit, d’injustice qui hypothèque l’avenir de nos enfants, d’une école voguant à contre-courant comme si, à la place du Paquet, le Pamie, (Programme d’appui à la mal gouvernance, à l’iniquité dans l’éducation) y était mis en œuvre. Le laisser-aller est à un point tel que des livrets scolaires d’élèves de Terminale y sont trafiqués sinon traficotés, des livrets y changent de propriétaire, surchargés au grand dam des candidats au Bac qui se retrouvent ainsi dans une situation d’échec en cas de repêchage.
Non, nous n’avons plus le droit de nous taire. Il est grand temps que tout cela cesse. Que le lycée bénéficie du même traitement diligent que toutes les autres écoles du Sénégal, que l’autorité fasse preuve de plus de responsabilité au grand bonheur des parents d’élèves que nous sommes et qui attendons beaucoup de nos enfants ! Le lycée de Ngallèle ne peut et ne doit pas être un établissement à part, en dehors du système.
Mamadou FALL
Parent d’élève à Ngallèle