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Les élections Passent, Le Sénégal Reste éternel

Des scènes émouvantes et des images sublimes, car immortalisées au plus fort des tensions qui émaillaient encore la campagne électorale pour les Législatives, qui plus est, à l’heure où les faits de violence faisaient légion dans le pays, avec des adversaires politiques, tapis dans le pouvoir ou en embuscade dans l’opposition, qui se crêpaient le chignon. Pendant que des hordes de nervis, à la solde de politiciens en mal de popularité, de projets de société crédibles ou de discours politiques responsables, mettaient le pays sous coupes réglées puis à feu et à sang, voilà que des images très fortes, et pour le moins inattendues, sont venues mettre un zeste d’humanité à la barbarie ambiante qui s’était emparée de la faune politique sénégalaise.

Un journal de la place a été bien inspiré de publier un encart avec la photo du couple Waly Fall (Benno bokk yaakaar)-Fatoumata Gassama (Manko taxawu senegaal) se tenant côte à côte, le sourire complice et espiègle en coin. L’épouse, Fatoumata Gassama, militante engagée du Fsd/Bj de Cheikh Bamba Dièye, est très active dans la cellule de communication de Manko taxawu senegaal dont la tête de liste nationale, Khalifa Sall, croupit en prison dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. L’époux, Waly Fall, ex-maire de Dieuppeul-Derklé-Castors, et transfuge du parti Rewmi de Idrissa Seck, est un allié de taille du Président Macky Sall. Mais malgré des divergences réelles sur le plan politique, les deux tourtereaux filent le parfait amour dans l’harmonie de leur ménage que les contingences de politique politicienne ne sauraient troubler. Comme pour montrer que ce bel exemple d’intelligence politique et cette belle image de sens du discernement ne constituent pas un cas isolé, voilà qu’une caravane de campagne de Benno bokk yaakaar conduite par le ministre Mame Mbaye Niang, arrivée à l’étape du Point E, a été accueillie à bras ouverts par le maire de la localité, le Socialiste Palla Samb de la coalition Mankoo taxawu senegaal. S’ensuivent alors des poignées de mains franches, un échange d’amabilités, de civilités et de bons procédés sur fond de discours réciproques teintés de respect mutuel avant que les deux camps ne poursuivent, chacun de son côté, leurs activités respectives.

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D’autres exemples de ce genre ont été notés un peu partout dans le pays, mais ont très peu retenu l’attention d’une presse friande de scoops, plus encline à relater des situations sensationnelles ou qui fait de larges extraits sur les échauffourées qui opposent des militants belliqueux, à moins qu’elle n’ouvre ses colonnes à des politiciens retors, à défaut de relayer leurs élucubrations stériles.

Comme ça semble être aujourd’hui une habitude dans ce pays, les sempiternels risques ou menaces de lendemains d’élections qui devraient voir le Sénégal basculer dans le chaos ne se sont jamais réalisés. Et c’est maintenant chose banale que les Sénégalais vaquent tranquillement à leurs occupations au lendemain d’élections pourtant «placées à haut risque». Comme si de rien n’était. Mais cela ne devrait pas étonner dans la mesure où les actes de violence et la pagaille relative qui s’installent dans le pays pendant la campagne électorale, voire le jour même du scrutin, sont principalement le fait de militants stupides de partis politiques qui ont un mal fou à comprendre qu’ils ne sont pas des ennemis, mais seulement et tout juste des adversaires politiques. Or, il est de notoriété publique que la majorité des électeurs sénégalais qui se rendent aux urnes et dont le vote est déterminant dans l’élection d’un tel ou dans la défaite d’un tel autre ne sont pas des militants actifs de partis politiques, n’assistent jamais à des meetings, ne participent pas à des marches, etc. L’ensemble des militants de tous les partis politiques recensés au Sénégal n’atteint pas le million de personnes, sur une population électorale qui dépasse les six millions d’inscrits sur les listes électorales. Sous ce rapport, on comprend aisément que les menaces d’agitations qu’on enregistre dans le microcosme politique sénégalais ne sauraient ébranler ou secouer la majorité silencieuse de Sénégalais sans coloration politique, cette force tranquille et dormante qui ne fait pas de vagues, mais suit son train-train quotidien et attend patiemment le jour j pour accomplir son devoir citoyen et rentrer à la maison pour attendre tranquillement la proclamation des résultats. Le reste, c’est l’affaire des politiciens qui sont dans leur bulle et dans leur propre monde, et qui ne s’intéressent au Peuple que lorsqu’ils ont besoin de ses suffrages pour ensuite l’oublier jusqu’à la prochaine élection. Cela vaut pour tous les politiciens confondus, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, mais identiques dans leur manie de se payer la tête des Sénégalais. Il ne faudrait donc pas penser que, parce qu’il y a une élection, qui est un moment instantané à l’échelle de la vie d’une Nation – ce qui n’enlève en rien à son importance – le pays doive basculer dans le chaos. Il ne faudrait pas accepter aussi que les efforts consentis pendant des années pour bâtir une Nation, construire un Etat, consolider la démocratie et poser progressivement les jalons du développement soient anéantis d’un seul coup. Ce pays que nos aïeuls nous ont laissé debout, nous avons le devoir de le transmettre à notre tour, en l’état, voire dans un meilleur état, à la postérité.

Le Sénégal, cette constante, est de loin plus important que toutes les variables que sont les occurrences qui surviennent au cours de la marche du pays. La démocratie, ce système politique que nous nous sommes librement choisis, est faite pour réguler notre commun vouloir de vie ensemble et appelle l’organisation d’élections à intervalles réguliers, programmées suivant le calendrier républicain. Ces élections nous permettent de choisir ou de renouveler nos élus, mais aussi de changer les dirigeants qui n’ont pas donné satisfaction. Les hommes passent, les institutions demeurent. Dès lors, aucune ambition politique, aucun délire ou dérive d’un illuminé se prenant pour un messie et qui se croit investi d’une mission divine ne sauraient mettre en péril la stabilité de nos institutions républicaines, encore moins compromettre l’avenir du pays, car du fait de notre finitude, nous sommes tous appelés à partir un jour, d’une façon ou d’une autre. Des générations de Sénégalais vont se relayer les unes après les autres. Fatalement. Seul le Sénégal éternel restera.

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Pape SAMB

papeaasamb@gmail.com

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