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Débat Budgétaire Intervention Sur L’agriculture

Débat Budgétaire  Intervention Sur L’agriculture

Débat budgétaire

Intervention sur l’Agriculture

Député Mamadou Diop ‘Decroix’

Le rapport est excellent dans la forme et le fond. Félicitations aux experts du département pour avoir montré une maîtrise élevée des problématiques majeures d’un développement agricole véritable. Cela montre simplement que si la vision et les orientations étaient bonnes, les problèmes de l’Agriculture seraient, pour l’essentiel, résolus.

Monsieur le ministre,

La faiblesse du budget de l’Agriculture pose véritablement problème. Je m’y arrête.

En avril dernier, plus d’un million de Sénégalais étaient menacés de faim (chiffres de la F.a.o).

Aujourd’hui 500.000 sénégalais sont dans la famine et, en juin dernier, vous aviez décidé de débloquer 4 milliards pour y faire face pendant la période de soudure de juin-juillet-août 2017.

Plus grave, les experts disent explicitement je cite : « On peut ajouter aux six départements classés vraiment dans la zone rouge, tous les autres départements du Sénégal, si l’on tient compte du fait que sur l’ensemble du territoire national, la plupart des ménages n’arrivent plus à assurer les trois repas quotidiens ». Très important à noter.

Pourquoi cette situation ? Parce que simplement les moyens pouvant permettre à notre agriculture de résoudre la question de notre auto-suffisance alimentaire ne lui sont pas allouées. Il faudrait passer de 7,5% du budget actuel qui est taux minable à, au moins, 15% du budget sur fonds propres et aller rechercher des fonds supplémentaires pour atteindre, chaque année, un investissement équivalent à 25% du budget global.

Si l’on veut un appareil économique radicalement réformé, il faut impérativement poser un nouveau paradigme qui renvoie au concept d’Economie rurale. Une économie rurale d’autosuffisance alimentaire et d’exportation articulant harmonieusement l’agriculture dans ses différentes déclinaisons, l’élevage dans ses différents versants, la pêche et la pisciculture, un artisanat de qualité et une efficiente industrie légère de transformation.

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Les échanges mondiaux des biens et services étant encore largement marqués par l’inégalité et l’iniquité, et le Sénégal étant un Pma (pays moins avancé), il nous faudra protéger fermement et résolument notre agriculture. L’expérience de l’oignon local dont la production a été multipliée par 4 en une décennie du fait de la protection est à méditer à cet égard.

Dans ce domaine précis de la production, l’exploitation agricole familiale devra retenir l’attention toute particulière de l’Etat car elle est la corde principale qui ouvrira les mailles du filet de l’autosuffisance alimentaire et signera la disparition de la faim et de la malnutrition. Les réformes foncières et agraires la mettront au cœur des préoccupations. Où en sont à ce propos les travaux de de la commission sur la réforme foncière du Pr Moustapha Sourang.

Pour tenir fermement cette orientation et la sécuriser sur le moyen et le long terme, il faut décider que tous les objectifs déclinés dans l’Agriculture seront pour l’essentiel financés sur ressources propres car un tel secteur qui n’attire pas encore suffisamment d’investissements privés, qu’ils soient nationaux ou directs étrangers, ne se développera que de cette façon. A cet égard, le budget consolidé d’investissement (bci) devra être totalement refondu pour prendre intégralement en compte la priorité qui s’attache à l’agriculture.

Sur le matériel agricole

Nous devons développer, dans le même mouvement, une industrie lourde tirant sa substance des minerais de fer de la Falémé (+-1 milliard de tonnes) pour assurer une mécanisation durable de l’agriculture. Une mécanisation adaptée aux différents types de sols (à régénérer) et aux différents types d’agriculture : l’exploitation familiale, l’agro-industrie d’exportation, les entreprises moyennes de substitution à l’importation. Lorsque nous parlons de sols à régénérer, nous intégrons ceux gagnés par le sel. En effet, sur les 3.800.000 ha cultivables que nous avons, plus de 1.230.000 ha sont affectés par le phénomène de salinisation.

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Cette industrie lourde servira également à la modernisation de l’artisanat.

Tous les secteurs de l’économie seront judicieusement articulés au secteur primaire d’où ils puiseront en retour leur sève nourricière. Il en sera ainsi du commerce et des services tout comme de la recherche et développement.

L’eau

Proclamer que l’on met l’agriculture au poste de commande sans une politique adéquate de l’eau reste de la phrase. La maîtrise de l’eau sera au cœur de cette stratégie. Partout dans le pays, l’eau devra être disponible tout au long des 12 mois que compte l’année ce qui reviendrait à créer les conditions de multiplication par 3 ou 4 des revenus paysans. A titres indicatif, les ressources en eaux renouvelables internes sont évaluées à 25-30 milliards de m3 dont moins de 10% sont utilisées. Toutes les dispositions possibles et imaginables devront être prises pour que les dizaines de milliards de m3 d’eau que les rivières, les fleuves et les pluies nous apportent chaque année soient largement récupérés, stockés et gérés en sus des ressources souterraines pour mettre un terme définitif à la situation actuelle où un pays tout entier ne peut compter que sur une activité agricole de trois ou quatre mois de l’Année. D’autres l’ont réussi ; il n’y a donc aucune raison que le Sénégal ne puisse à son tour le réussir. En termes de révolution économique, c’est la première manche qu’il nous faut gagner. Partout où nous pourrons aller tirer des expériences dans le monde pour arriver à cet objectif, nous devrons le faire sans complexe et dans les meilleurs délais. Un institut de l’eau devrait être créé pour aider à porter les politiques définies par les pouvoirs publics.

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La recherche : Dans l’optique d’assurer le plein succès de la politique agricole, le volet recherche-développement sera fortement appuyé avec un budget conséquent de renforcement des ressources humaines (en effectifs et en motivations), des équipements et de la logistique.

La coopération internationale devrait aussi être largement sollicitée dans ce cadre, tant au plan matériel et financier qu’au plan des ressources humaines et scientifiques.

Dakar

Assemblée nationale

Ce 26 novembre 2017

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