Après l’accident tragique survenu sur l’autoroute dans la nuit du 4 au 5 mai 2018, il s’est installé dans notre pays un débat autour de la sécurité de l’autoroute à péage. Débat très utile quand il permet de trouver des solutions durables à une problématique récurrente. Si nous essayons de faire l’arbre de causes de cet accident – pour utiliser le jargon des spécialistes en santé et sécurité – la première cause serait la présence de vaches sur l’autoroute, et la seconde, le manque d’éclairage sur l’autoroute.
Comment éviter la présence des vaches sur l’autoroute
La présence de vaches sur l’autoroute et nos routes (elles sont souvent visibles sur le campus universitaire de Dakar, sur la Vdn et aux alentours) est un phénomène inadmissible et inacceptable. On ne peut pas comprendre que dans une capitale comme Dakar, les automobilistes soient obligés de cohabiter avec des animaux et/ou de véhicules hippomobiles (communément appelées charrettes) ; la présence de ces derniers a souvent été signalée sur l’autoroute. La présence de ces charrettes est beaucoup plus dangereuse que celle des vaches. En effet la nuit, les charrettes, n’étant dotées d’aucun éclairage, sont plus dangereuses que les vaches dont les yeux peuvent être des catadioptres, pour certaines espèces, donc visibles de loin quand on leur met les phares. Cependant, pour freiner le passage des animaux sur l’autoroute, on pourrait installer des catadioptres aux endroits sensibles. Ces catadioptres, sous éclairage des phares, émettent une lumière rouge qui fait fuir les vaches et autres animaux ; c’est la technique utilisée par la Sncf (Société nationale des chemins de fer) en France pour éviter les collisions trains-animaux.
Partant de ce malheureux accident, l’Etat devrait prendre des mesures fortes – qui doivent être appliquées dans toute leur rigueur – pour une interdiction stricte d’animaux et de véhicules hippomobiles sur l’autoroute et dans les rues de la capitale. Les récalcitrants devraient être sévèrement punis pour dissuader les autres.
Eclairage de l’autoroute…
Concernant l’éclairage des autoroutes, aujourd’hui, dans la lutte contre les émissions des gaz à effet de serre (Ges), responsables du réchauffement climatique, et pour l’efficacité énergétique, la tendance mondiale est de le réduire, voire le supprimer. Cependant, le Sénégal pourrait mettre à profit son ensoleillement annuel pour installer des lampadaires solaires qui n’occasionnent pas d’émissions de Ges lors de leur fonctionnement. Ces lampes pourraient fonctionner de manière permanente ou s’allumer à l’approche de véhicules grâce à des capteurs. La deuxième option est préférable pour éviter une pollution lumineuse qui peut être dommageable pour la vie et la reproduction de certains écosystèmes.
Une technologie récente pourrait également être utilisée : mettre à profit le souffle des voitures sur l’autoroute pour alimenter une éolienne qui produirait de l’électricité pour alimenter les lampes. Il a été montré qu’une voiture roulant à 100 km/h génère un souffle d’une puissance d’un kw.
Vers la création d’emplois verts
Si l’Etat sénégalais opte pour l’installation de lampes solaires sur nos autoroutes et routes, il doit impérativement opter pour un transfert de technologies afin que les photopiles solaires comme les batteries solaires soient fabriquées au Sénégal, que nous maîtrisions la technologie. Ce n’est que de cette manière que le Sénégal s’inscrira dans une démarche de développement durable avec à la clé la création de milliers d’emplois verts et décents au bénéfice de notre jeunesse qui bout d’impatience de pouvoir jouer son rôle dans le développement socio-économique du pays.
Pr Adams TIDJANI
Fst/Ucad Imem