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Etre Trop Tidiane, Trop Mouride Ou Trop Qadr, Risque De Nous Basculer Dans Le Vide Du Sectarisme

Etre Trop Tidiane, Trop Mouride Ou Trop Qadr, Risque De Nous Basculer Dans Le Vide Du Sectarisme

Le débat sur l’affaire Idrissa Seck est en train de glisser dangereusement vers la confrontation interconfrérique. En effet, il est noté des dérives verbales sur les réseaux sociaux à la suite de la condamnation par certains dignitaires tidianes des propos de Idrissa Seck sur Bakka et Makka d’une part, et son affiliation à la tariqa Mouridiyya d’autre part. Sans vouloir commenter ces propos, il est important que les musulmans sénégalais fassent la part des choses entre la position des religieux toute obédience confondue en défenseurs de l’Islam face à ce qu’ils peuvent considérer comme une déformation, de bonne foi de la part de Idrissa Seck, de faits historiques d’une part, et les conséquences politiques pour Idrissa Seck, pouvant découler d’une telle prise de position des religieux d’autre part.

Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Maktoum, disait : « Etre trop chrétien, trop musulman ou trop juif, cela risque de nous basculer dans le vide du sectarisme. Soyons partisans de Dieu si nous voulons vivre en paix. » Cette assertion est encore plus vraie dans le contexte d’un Sénégal multiconfrérique où nous pouvons affirmer qu’être trop tidiane, trop mouride ou trop Qadr, cela risque de nous basculer dans le vide de la confrontation confrérique. Soyons partisans du Prophète si nous voulons être de bons musulmans. Oui, car il s’agit de l’Islam et de notre capacité à mettre en pratique ses recommandations envers nos coreligionnaires, envers les non musulmans et envers Allah swt.

Le Sénégal est connu pour sa tolérance légendaire mais surtout, l’esprit du vivre ensemble que les différentes communautés religieuses ont cultivé depuis des siècles. Depuis la révolution des torodos en 1776 sous la conduite de Thierno Souleymane Baal, les peuples vivant au Sénégal ont su instaurer au fil de l’histoire les bases d’une tradition de paix, d’équité et de justice sociale.

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Le pouvoir spirituel incarné par les érudits tels que Seydi El Hadj Malick SY, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Abdoulahi Niass, Limamoulaye, etc. ont porté haut le flambeau de l’Islam dans ce pays et consolidé les bases d’une culture du vivre ensemble dans l’harmonie et le respect mutuel. Les exemples de coopération et de collaboration font florès entre les tenants des principales confréries qui composent l’Islam au Sénégal.

Au-delà des relations familiales qui lient Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké à Seydi El Hadj Malick SY, ces géants de l’Islam entretenaient des relations particulières empreintes d’affection et de cordialité. « Toute personne qui ne dirait outre que du bien dans mes relations avec mon parent et frère Ahmadou Bamba s’exclurait tacitement des miens ». Tels sont les propos de Maodo rapportés par la tradition orale. La rencontre de ces deux grands hommes à Ngambou Thillé peu avant l’exil de Khadimou Rassoul a été un moment d’échanges de cordialité et le Cheikh Khadimou Rassoul lui a même adressé quelques vers pour magnifier leur relation.

Leurs successeurs ont continué à cultiver ces mêmes relations de coopération et de convivialité depuis Serigne Babacar SY et Serigne Fallou qui s’accordaient sur toutes les questions temporelles et religieuses. L’histoire retiendra la visite mémorable de Serigne Cheikh Tidiane SY Al Maktoum chez son père Abdoul Ahad Mbacké pendant 3 jours à Touba en compagnie de ses frères.

Plus récemment, Serigne Sidy Makhtar Mbacké et Serigne Abdoul Aziz SY A Amine se vouaient une affection réciproque et sincère que nous avons pu témoigner personnellement durant tout le temps qu’ils ont présidé aux destinées des deux communautés. La dernière visite de Serigne Mbaye Sy Mansour à Touba à l’occasion du rappel à Dieu de Serigne Sidy Makhtar Mbacké a scellé définitivement l’union sacrée de la famille de Seydi El Hadj Malick SY avec celle Khadimou Rassoul.

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Ce rappel historique prouve à suffisance que les relations interconfrériques reposent sur des bases solides que la nouvelle génération ne devrait pas mettre en péril. Nous en implorons les religieux au sens de la responsabilité et à inciter les musulmans au retour vers les fondamentaux qui régissent notre religion. Dans son Livre, Dieu nous exhorte à la fraternité (Sourate 49, Verset 10), au respect de la différence (Sourate 109, Verset 6) et nous interdit la pratique de toute contrainte dans l’exercice de la religion (Sourate 2, Verset 256).

Ces recommandations vont à l’antipode des invectives à l’endroit d’un frère musulman voire des insultes et autres insanités échangés à travers les réseaux sociaux. Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Maktoum disait que « le débat religieux vire toujours au manque de respect entre belligérants » (Wérénté ci Diné, ci niak Téguine lay moudié). Notre attitude de croyant doit nous pousser à réfléchir sur des sujets existentiels plus importants et sur la bonne conformité de notre pratique religieuse au lieu de nous invectiver sur fond de concurrence confrérique. Comment conformer les bonnes pratiques de la religion aux exigences du monde actuel ? Les questions que soulève la stigmatisation de l’Islam face aux dérives de certains coreligionnaires, telles sont les questions de l’heure qui nous interpellent en tant que musulman du XXIème siècle.

Alors chers frères, soyons mouride, Tidiane, Layène ou Qadr, mais soyons tout simplement musulmans pour nous éviter certaines excès qui risquent de ternir la belle histoire de l’entente inter et intra confessionnelle au Sénégal, ce modèle que les autres pays nous envient tant. Les prières des anciens nous serviront tant que nous nous conformons à leurs recommandations dont l’unique référentiel est le modèle prophétique.

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Qu’Allah nous pardonne nos péchés et nous guide vers le Siratoul Moustaqim.

 

Cheikh Ahmed Tidiane SY Ibn Al Amine

Administrateur de Sociétés

Président du Cadre Unitaire de l’Islam

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