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Dieu Fasse Que Le Juge AccÈde À La LuciditÉ !

C’est donc le 18 juillet 2018 que le premier président de la Cour d’appel, Demba Kandji, délibérera sur la demande de libération immédiate déposée par les conseils de Khalifa Ababcar Sall. Il ne s’agit pas, ici, que de l’avenir de ce dernier. C’est notre devenir collectif qui se dessine dans les dédales d’une justice attirant, aujourd’hui plus qu’hier, tous les soupçons sur elle. En 1962, le président du Conseil, Mamadou Dia, en a été victime mais c’est le Sénégal, alors une jeune République, qui a davantage pâti de cet épisode douloureux. Plus récemment, la Cour de répression de l’enrichissement illicite, avec la complicité de ses « aiguilleurs », a condamné et exilé Karim Wade, candidat déclaré du parti démocratique sénégalais, pour plonger le peuple dans la confusion. Barthélémy Diaz, homme politique constant d’une vaillance digne des meilleurs éloges et d’un patriotisme sincère, croupit injustement dans les geôles du cupide tyran. La liste des dérives n’est pas exhaustive. Les doutes sur une justice impartiale sont légitimes. Encore plus les « silencieuses » interrogations des Sénégalais. Pour continuer de suçoter vos sucettes et pour les gratifications éphémères de sa majesté et sa fringale de pouvoir, ne vous couvrez pas d’ignominie Messieurs les gens de la justice. Accéder à la lucidité. Ne vous privez pas de votre humanité. Le Sénégal vaut mieux que tous les privilèges que la nouvelle bande de rupins vous fait miroiter.

Exécuter l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO réconciliera le Sénégal, entraîné par une horde d’excités hors de sa trajectoire, avec sa propre histoire. La réputation de cette Nation a été flétrie et la confiance de son peuple en ces autorités politiques ébranlée. C’est une question d’honneur. Au vu de la tournure du procès, il y en a au moins un qui ne veut pas compromettre le sien. En effet, les mots sortis de la bouche du procureur général, Lansana Diaby, sont porteurs d’espoirs pour un retour à la sérénité même si on peut le soupçonner d’agir de connivence avec l’exécutif. Plus lucide que les louangeurs de la cour, il dit ceci : « Dans un monde où nous avons accepté de vivre dans des communautés et avons signé des traités, si nous ne les respectons pas, nous allons inéluctablement vers un chaos communautaire. Chaque fois que l’État est condamné à agir immédiatement, le parquet doit exécuter immédiatement cette décision. Nos juridictions n’ont pas respecté ce règlement 5 de l’UEMOA qui exige la présence d’un avocat auprès de son client dès l’interpellation. Il faut respecter cette décision communautaire. Et cette disposition s’impose à l’État…C’est l’État qui a violé le traité.  Et c’est le citoyen qui a été lésé par une situation… ».

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Ces propos sont plus raisonnables que les bravades de l’orgueilleux Macky Sall qu’ « aucune pression internationale ne (me) fera reculer » (confidence qu’il aurait faite à ses militants) dans sa folie de fin de règne. Il revient au premier président de la Cour d’appel, Demba Kandji, en ces instants de tumulte et de désappointement, de restaurer le pouvoir judiciaire dans sa dignité, dans sa noblesse et de prouver au monde qu’il y a des juges comme Ibrahima Dème mais qui ont choisi de rester pour sauver la corporation.

Dans sa nouvelle, « Claude Gueux », Victor Hugo se posaient ces questions : Qui est réellement coupable ? Est-ce lui ? Est-ce nous ? » avant d’y répondre ; « Questions sévères, questions poignantes, qui sollicitent à cette heure toutes les intelligences, qui nous tirent tous tant que nous sommes par le pan de notre habit, et qui nous barreront un jour si complétement le chemin, qu’il faudra bien les regarder en face et savoir ce qu’elles nous veulent. Quand on est en présence de pareils faits, quand on songe à la manière dont ces questions nous pressent, on se demande à quoi pensent ceux qui gouvernent, s’ils ne pensent pas à cela ». Ceux qui nous gouvernent, au Sénégal, sont obnubilés par les captieux éclats des astres qui palissent sinon ils auraient compris que l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO n’est point une injonction menaçante. C’est une invite à préserver ce pourquoi les autres nous couvraient d’éloges. Macky wata watt !

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