Depuis plus d’une décennie, certains observateurs attentifs à l’évolution de l’agriculture sénégalaise constatent l’émergence d’un fait nouveau. D’une manière singulière, des exploitations à la taille utilisant les nouvelles pratiques agricoles se situent sur l’ensemble du territoire sénégalais, et mettant en œuvre des techniques, des systèmes de production, des circuits de commercialisation qui peuvent surprendre par leur originalité. Cela est le fait de quelques jeunes acteurs marginaux, voire isolés.
Les profils changent au fil du temps. Les producteurs sont de moins en moins des enfants d’agriculteurs. Ils sont des employés de banque, des commerçants, des enseignants, des enfants d’infirmiers. Ils sont
parfois littéraires ou électroniciens. Ce qui les pousse, malgré les difficultés du secteur, c’est la passion qu’ils entretiennent, parfois depuis tout petit pour l’agriculture. Ça étonne, mais les jeunes le
sont devenus, par passion. Ils veulent servir à quelque chose dans la société « Produire pour nourrir le Sénégal ».
Le métier d’agriculteur se modernise et se professionnalise. Il devient pluridisciplinaire, celui d’un chef d’entreprise. Il faut désormais tout maîtriser, de la production à la stratégie commerciale.
Le secteur s’adapte aux pratiques d’utilisation de certaines machines agricoles. Si l’on en sait un peu plus sur l’analyse du bilan des comptables, on est capable d’évaluer la marge pour savoir s’il est rentable ou non.
L’innovation des jeunes : Un concept pour nourrir le débat ?
Dans l’imaginaire des Sénégalais, l’agriculture ne correspond guère aux aspirations des jeunes intellectuelles et n’offre pas de perspectives attractives. Il ressort donc la nécessité de changer cette perception chez les jeunes. Les initiatives des jeunes sénégalais se multiplient. Elles empruntent des voies diverses : le « Yessal Agri-hub » par exemple, se conforme à l’apport d’une touche
innovante dans le secteur de l’agriculture au Sénégal, où les jeunes deviennent les instigateurs du développement agricole à travers la créativité et l’innovation numérique, tout comme le YPARD Sénégal, ou encore la plateforme Mlouma…etc.
De même, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) par les jeunes est en train de moderniser le secteur agricole tout en fournissant de nouvelles opportunités.
Il existe un réel écart entre cette minorité créative et la masse des exploitants traditionnels suivie en totalité par nos politiques. En considérant que les jeunes sénégalais sont largement affectés par
la pauvreté et l’exclusion économique et sociale, un feedback durable de la part du peuple et du gouvernement est essentiel pour améliorer les perspectives vers une sécurité économique et alimentaire durable.
Il est fondamentalement important que l’État sénégalais prenne l’engagement de transformer la génération actuelle en entrepreneurs agricoles, en vue de la promotion du secteur.
En outre, il est important que le Ministère de l’Agriculture mette l’accent sur l’appui à l’entreprenariat des jeunes avec le crédit et l’assistance technique pour le montage de l’entreprise agricole et favoriser aussi dans les écoles primaires la création de micro-jardinage pour inciter le métier à bas âge. Un projet d’appui aux jeunes passionnés, quel que soit leur cursus scolaire, serait vraiment favorable pour faciliter les initiatives et renforcer les connaissances de bases dans l’agriculture afin d’être le plus complet possible.
Par
Thierno NGAMB spécialiste en sécurité alimentaire et resilience
Les jeunes sont-ils l’avenir de l’agriculture sénégalaise? Un secteur qui attire de jeunes malgré les difficultés ! .