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Macky Sall, Du Conte De Fée à L’apocalypse

D’une déception, le seul espoir est l’oubli ! Mais il y a des déceptions dont on ne se relève jamais, tellement elles laissent des séquelles indélébiles. Les nombreuses déceptions causées par la gouvernance de Macky Sall sont incontestablement de cette catégorie.

Déception vis-à-vis d’un système : celui de la mal gouvernance et du piétinement de la démocratie. Déception vis-à-vis d’un homme : Macky Sall.

De l’apôtre de la république et de la bonne gouvernance, il est aujourd’hui largué à la piteuse position d’un apprenti dictateur qui bafoue les principes les plus élémentaires de la démocratie et de l’Etat de droit.

Pourtant, l’espoir était permis de voir arriver à la tête de l’Etat un monsieur né après les indépendances. Beaucoup de nos concitoyens voyaient en lui un homme sincère dans ses engagements et capable de réunir le pays autour de l’essentiel après la fracture causée par le débat pré-électoral de 2012 sur la candidature de Wade. Mais cet espoir s’est très vite dissipé comme neige au soleil.

Macky Sall nous a vendu des slogans qui raisonnaient bien à l’oreille. On se souvient « de la patrie avant le parti » ou « je ne protégerai personne » ou encore « pas de décret pour mon frère » ainsi que ses théories contre la « transhumance ».

Dans les faits et les actes, Macky Sall se distingue comme le président le plus médiocre que le Sénégal ait connu, tant ses actions à la tête du pays se sont révélées dévastatrices et destructrices du socle sur lequel s’était confortablement installé notre pays.

Il a assis sa gouvernance sur le pillage des ressources, l’enrichissement des puissances étrangères, la mise aux ordres de la justice et de l’administration par un chantage exacerbé, la promotion de sa famille et de sa belle-famille, l’usage de méthodes condamnables pour légitimer son régime et écraser la concurrence électorale, ainsi que la promotion de la transhumance par la corruption.

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Son mandat est caractérisé par des sauts de cabri et de l’enfumage. Au début de celui-ci, il a créé divers instruments pour surfer sur l’adhésion des Sénégalais sur les thèmes de la reddition des comptes et de la bonne gouvernance. Mais le but ultime de ses instruments était de traquer ses adversaires politiques les plus sérieux. La CREI avait été réactivée pour solder des comptes politiques avec ses anciens frères et sœurs de parti. Le mensonge d’Etat, porté par les plus hauts dignitaires de son régime, a été banalisé durant les premières années de son mandat, portant atteinte à l’honorabilité et à la dignité de citoyens ayant servi loyalement leur pays.

La farce et la crétinisation du peuple ont été érigées en mode de gouvernance. La création de l’OFNAC en grande pompe a donné des gages quant à la bonne gestion des deniers publics. Mais la toute première patronne de cette institution, Nafi Ngom Keita, avait été forcée de quitter les lieux lorsqu’elle a voulu s’attaquer aux vrais problèmes que constituaient les délinquants à col blanc du régime de Macky Sall.

Désormais, l’impunité a atteint un niveau inadmissible et renforce le sentiment largement partagé d’une justice à deux vitesses, exigeante et coercitive contre les opposants, bienveillante et aveugle pour les proches du pouvoir. Sinon, aucun esprit éclairé ne peut comprendre que Mame Mbaye Niang soit encore Ministre, après le scandale du Prodac qui l’implique directement. Pendant ce temps, Karim Wade et Khalifa Sall sont traînés dans la boue par une justice Sénégalaise aux ordres, au prix de la décrédibilisation de cette institution aux yeux de la justice communautaire et internationale. En l’espace de cinq ans, la Cour de Justice de la CEDEAO a rendu deux arrêts qui remettent en cause les décisions rendues par les tribunaux du Sénégal. Dans l’affaire Karim Wade, l’Etat du Sénégal est constamment débouté dans ses tentatives de faire valider sa forfaiture par la justice internationale. La justice a été marquée dans cette mandature par des situations inédites. On se souvient de la démission d’un juge, Yaya DIA, en plein procès Karim Wade, dénonçant la façon suspecte dont le juge Henri Grégoire conduisait le procès. Un éminent magistrat, le juge DEME, a démissionné avec fracas de la magistrature, pour dénoncer l’instrumentalisation de cette institution par l’Exécutif. Et plus récemment, le rétropédalage spectaculaire « wax waxeet » du procureur général Lansana Siby sur l’affaire Khalifa Sall vient sonner le glas des derniers espoirs d’une justice, gardienne des libertés individuelles, de régulateur social et d’équilibre des pouvoirs.

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La faute à la seule volonté de Macky Sall de se cramponner au pouvoir. Il refuse de se plier à l’éthique d’un jeu politique civilisé. Incapable de satisfaire son contrat présidentiel, il s’adonne à des pratiques d’un autre âge par l’emprisonnement d’adversaires politiques et en faisant subir au peuple un terrible affront et une honte immense par une mise à rude épreuve de notre dignité de Sénégalais et la souille de notre démocratie. A cause de Macky Sall, le Sénégal n’est plus ce havre de paix qui a longtemps fait la fierté de ce valeureux peuple.

Macky Sall n’est pas un démocrate. La base de la démocratie est la possibilité de l’alternance qu’elle présente. La crainte de devoir tout perdre en cas de défaite dans une compétition loyale est en train de le conduire à s’agripper coûte que coûte au pouvoir en utilisant les moyens les plus condamnables.

Ce système est entretenu par des contre-modèles pour qui la politique est une carrière, une profession au vrai sens du mot. « Ne plus être au pouvoir avec tous les avantages et les privilèges afférents, c’est de courir le risque de sombrer dans l’anonymat social, dans le désœuvrement et dans la misère matérielle » nous enseignait le Professeur Semou Pathé Guèye. C’est ce qui peut expliquer que des gens comme Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng soient aujourd’hui à la solde de quelqu’un qu’ils détestent et qu’ils considèrent comme un loser, alors qu’ils ont à leur actif près d’un demi-siècle de vécu en politique.

C’est pour des raisons similaires que des dignitaires de l’ancien régime libéral se ruent tels des loups affamés vers le camp présidentiel. On peut citer ici, avec toute l’amertume et tout le mépris qui sied, Diagne Fada, Souleymane Ndéné, Sérigne Mbacké, Ousmane Ngom et d’autres qui ont tous trahis Me Wade qui les a pourtant tout donné, en rejoignant l’ennemi d’hier. Ces personnes n’ont aucun respect pour le peuple et ne méritent aucune considération. Pour ma part, je les considère comme des traîtres indignes de mériter la confiance du peuple. Il faut bannir la transhumance et la combattre vigoureusement. Elle constitue le drame de notre démocratie.

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Tant que ce système prévaut, il n’est nullement étonnant que ne puisse encore se matérialiser la perspective d’un Sénégal nouveau, de paix qui permettrait d’exploiter les ressources matérielles et humaines dont le pays n’a jamais disposé tant en quantité qu’en qualité. Aujourd’hui, il demeure fondamental d’engager, de façon irréversible, la marche du pays dans le sens de l’émancipation du peuple et de l’amélioration continue pour son bien-être économique et social.

En 2019 le pouvoir devra revenir légitimement à ceux que le peuple, par son vote, aura majoritairement et clairement désignés pour l’exercer. Et ce choix semble irréversible. Macky Sall dégagera.

 

Yaya DIALLO

Membre du comité directeur du PDS

Membre de la fédération France du PDS (Marseille)

Ancien chargé de communication de l’UJTL et du MEEL

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