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Il Faut « arrêter » Ousmane Ngom

La polémique sur l’arrêté Ousmane Ngom, du nom de cet ancien ministre de l’Intérieur sous Wade qui interdit toute forme de manifestation en centre-ville, refait surface. Des partisans de Macky, réunis au sein du Comité exécutif du Mouvement des Apéristes Authentique (MAA), se l’approprient en souhaitant en faire une loi. Ce qui différencie un arrêté et une loi c’est que celle-ci est difficilement attaquable car émanant de la représentation parlementaire. On devine aisément que c’est parce qu’Amnesty International a pris l’initiative d’attaquer l’arrêté devant les tribunaux compétents pour inconstitutionnalité que ce groupe d’apéristes réagit de cette manière.

Les partisans du Président semblent ainsi bien conscients du fait que l’arrêté en question est liberticide et viole allégrement le droit à la manifestation publique désormais inscrite dans la Constitution par le régime même de Wade, le même qui a émis un tel règlement. Mais, ils entendent verrouiller le système afin de ne plus permettre de telles manifestations, soi-disant pour protéger des magasins, le commerce, etc. Ce qu’il faut se dire, c’est qu’il faut ‘’arrêter’’ Ousmane Ngom. Cet acte administratif n’a pas sa raison d’être dans notre système démocratique qu’il infantilise.

L’histoire récente a montré, en effet, que ce ne sont pas les manifestations qui sont dangereuses, mais les interdictions. Car ce sont elles qui causent des troubles. Or, manifester en centre-ville n’est nullement une menace à un quelconque pouvoir. Les citoyens qui ne partagent pas certaines pratiques doivent pouvoir accéder aux Ministères concernés et déposer leurs lettres de doléances.

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En 2012, nombre de manifestations, y compris celles organisées par Sidy Lamine Niass à la Place de l’Indépendance, se sont tenues en Centre-ville, sans anicroche. Mieux, les Sénégalais ne peuvent pas avoir le droit de manifester dans le centre-ville de pays d’accueil comme l’Italie et ne pas avoir ce droit en France. C’est paradoxal.

Mieux, il est particulièrement maladroit qu’au moment où la Justice est saisie de cette situation, des individus recommandent sa mutation en loi. Ce serait une façon maladroite de court-circuiter le travail des magistrats et de le réduire à néant. Et ce serait inacceptable de la part de ceux qui disent, souvent, qu’il faut respecter la Justice.

Le mieux est d’attendre que le verdict tombe et que tout le monde s’y soumette. Si l’arrêté est annulé, il doit disparaitre de l’ordonnancement juridique, même si, par ailleurs, le Préfet peut, souverainement, sans ce règlement, estimer qu’une manifestation menace l’ordre public et l’interdire.

L’autorité administration conserve toute ses prérogatives de jauger ses possibles atteintes ou non à l’ordre public et d’interdire toute manifestation à risque. Donc, véritablement, on n’a besoin pas d’un tel arrêté et ceux qui l’ont instauré ont été mal inspirés.

C’est dommage d’ailleurs que le nom d’Ousmane Ngom soit associé à cet arrêté, lui qui, auprès de Wade, aux durs moments de l’Opposition contre le pouvoir d’Abdou Diouf, a été de tous les combats pour la protection des libertés.

Il y a des erreurs comme celles-ci que tout homme politique regrette profondément d’avoir commis. L’excès de zèle dans l’édification de normes anti-démocratiques se retourne toujours contre leurs auteurs.

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Il est paradoxal en effet que ceux qui l’ont initié en souffrent le plus aujourd’hui. Cette situation doit servir de leçon aux membres du MAA qui doivent se rendre compte qu’ils peuvent retourner, un jour, dans l’opposition. Nous avons besoin d’institutions solides, d’une démocratie saine où tous les canaux d’expression des libertés sont garantis par les lois.

Bien sûr, la tendance à tout tenant du pouvoir est d’imposer son diktat, mais il faudrait toujours que les sentinelles ne dorment pas et qu’elles sachent agir à temps. Ce que seydy Gassama a fait, les hommes politiques auraient dû y penser depuis longtemps. Au lieu de souffrir tout le temps de l’arrêté, il fallait penser l’attaquer en justice pour l’annuler.

Et si la Justice pense qu’il doit être maintenu, elle en portera l’entière responsabilité devant l’histoire.

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