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Le Parrainage, Remède Ou Ciguë

Dans un article intitulé « parrainage : après le vote de la loi, la chasse aux parrains », nous alertions par rapport une à éventuelle zizanie, à des pratiques peu orthodoxes. La peur d’avoir le revers de la médaille était le sentiment le mieux partagé. Aujourd’hui les faits nous donnent raison ; les pratiques sur le terrain sont contraires à l’esprit déclaré pour cette Loi sur le parrainage, promulguée le 04 juillet 2018. Nous nous posons légitimement deux questions :

–        Le parrainage ne serait-il pas une simple stratégie de sabotage d’une libre expression de la démocratie ?

–        Au lieu d’être un remède, le parrainage n’est-il pas une ciguë ?

 

D’après l’Article L.68 de la Loi No 2018-22 du 04 juillet 2018 portant révision du code électoral, « pour être recevable, toute candidature doit être accompagnée de la signature d’électeurs  représentant au minimum, 0,8 et, au maximum 1% du fichier électoral général.

Ces électeurs doivent être domiciliés dans au moins sept régions à raison de deux mille au moins par région. Un électeur ne peut parrainer qu’un (01) candidat ».

C’est pourquoi, chaque candidat à la candidature doit connaitre le nombre total d’électeurs régulièrement inscrits sur le fichier électoral général. Tous les candidats à la candidature sont-ils en mesure de dire le nombre total d’électeurs régulièrement inscrits ? Je ne le pense pas. D’après le ministre de l’Intérieur « la mise à disposition du fichier électoral est réglementée au Sénégal » et les candidats ne peuvent avoir accès au fichier électoral que 15 jours avant les élections. Cette règlementation ne mérite-t–elle pas d’être revue en conformité avec l’exigence d’avoir « 0,8 et, au maximum 1% du fichier électoral général » ?  Dire simplement qu’il faudra 67 000 ou 70 000 parrains est soit un manque de rigueur ou soit une volonté de manipulation. Il faudra nécessairement donner la référence de calcul, le chiffre exact par rapport au nombre total d’inscrits sur le fichier électoral général. Ne pas communiquer ce chiffre capital serait un piège dans lequel les candidats à la candidature ne devraient pas tomber. Sinon des surprises pourraient être notées lors du décompte final.

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A ces obstacles, s’ajoute une volonté manifeste et malveillante d’outrepasser la règlementation sur le parrainage. Vouloir collecter 10, 20, voire même 50% de parrains par rapport au fichier électoral général, au moment où la Loi en autorise 1% au maximum, peut être qualifié d’acte de sabotage du processus électoral. Oh la mauvaise foi, elle demeure le cimetière des compromis !

 

Il est clair qu’au décompte final, les fiches de collecte de parrainage risquent fortement de créer un contentieux général qui entacherait tout le processus électoral. Une question non moins importante : la cour suprême a-t-elle les moyens logistiques, techniques, voire même humains pour effectuer toutes les vérifications nécessaires ?

 

Le parrainage au lieu d’être une solution contre la prolifération de candidats risque de devenir un virus dans le processus électoral, voire un sabre entre les mains d’un candidat.

Par ailleurs, l’autre question que l’on ne se pose pas assez est celle-ci : le candidat sortant ne devrait-il pas être dispensé de la phase de parrainage ? A mon avis ce n’est pas logique de demander à un candidat sortant d’aller collecter des parrains pour valider sa candidature. En effet, celui-ci est supposé avoir assez de légitimité pour être candidat à sa propre succession. Logiquement, l’objectif de rationalisation des candidats ne devrait pas frapper le candidat à sa propre succession. De plus, sa participation pourrait constituer un mouvement de démonstration de force face aux candidats de l’opposition ; biaisant ainsi, le processus de collecte de parrains. La Loi sur le parrainage ne devrait pas être une tribune de démonstration de force, mais plutôt cadre démocratique de rationalisation des candidats aux élections. Malheureusement, l’absence de dialogue n’a pas permis d’avoir un débat de fond sur ces questions. La Loi sur le parrainage traine de nombreuses imperfections dont quelques exemples sont cités plus haut.

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Je fus profondément scandalisé quand j’ai entendu un jeune homme raconter qu’il a déjà parrainé trois candidats moyennant de l’argent. Tout candidat à la candidature qui récolte des parrains moyennant de l’argent ne s’inscrit pas dans une dynamique de rupture et n’est pas digne de confiance.

Le parrainage est une loi mal préparée, elle est également appliquée de façon malveillante. Aucune disposition n’est prise pour veiller à son application correcte sur le terrain. Un tel contexte pose déjà les racines d’un contentieux électoral.

 

 

Momath Talla NDAO

Adresse : Kaffrine

momathtalla@yahoo.fr

L’article Le parrainage, remède ou ciguë .

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