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LibÉrer Les Prisonniers De La Route De Yarack

LibÉrer Les Prisonniers De La Route De Yarack

Faire quatre heures (4h) pour aller de Pikine à Capa Yarack est impensable et difficilement admissible. Cela défie, même l’entendement. Car au même moment, celui ou celle qui aura pris la voiture pour aller à Kaolack serait arrivé (e) à destination, bien avant nous, à Capa Yarack à Dakar.

Cela faisait longtemps que je n’ai pas emprunté l’axe routier Pikine –Yarack Dakar. Ce matin vers 10 heures, ce 31 Octobre 2018, en me rendant à une réunion à Dakar, j’ai pris le 12 Yarack de Dakar Dem Dikk (DDD) sans le savoir. Car sur la face devant du bus réservé à son identification, une des destinations intermédiaires Yarack qui devait être écrit après le numéro 12, ce qui aurait donné 12 Yarack (ce qui signifie qu’il passe par Yarack) à la différence de 12 Autoroute (qui passe par l’autoroute) n’y était plus. Pressé, je n’ai pas pris la peine de demander au receveur ou à quelqu’un d’autre de quel 12 s’agit-il car tous les 12 DDD mènent à Fann.

Quand nous sommes arrivés au niveau du marché central de poissons de Pikine, le bus s’est immobilisé pour cause d’embouteillages. A cet instant, j’étais loin d’imaginer le calvaire qui nous attendait. J’ignorai que nous allions devenir les prisonniers de la route de Yarack pour quatre heures.

En face du passage à niveau, j’ai aperçu des camions qui avançaient, qui reculaient et qui tournaient sous les ordres d’un agent régulateur préposé à cette tâche qui n’avait même pas de sifflet et qui tenait entre les mains une paquette de bois sur laquelle est écrite « stop »

Les bruits de moteur des camions mêlés aux klaxons des véhicules et des conversations des personnes créaient un  brouhaha indescriptible. J’avais le sentiment d’être dans un monde nouveau, différent de celui que j’ai connu jusque-là.

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La poussière que laissaient les camions derrière eux s’élevait au-dessus de nos têtes et s’affaissait immédiatement sur le sol. Au même moment, l’idée sur la qualité de l’air que nous respirons à Dakar m’a soudainement traversé la tête. Je me suis rappelé la mise en garde sur la mauvaise qualité de l’air à Dakar, il y a quelques semaines.

J’ai appris par un usager habituel de cet axe routier dans le bus que depuis le début des travaux du Ter, la circulation a complétement changé en mal. Elle est devenue plus que difficile. Sur ce, j’ai essayé de comprendre si il y a un lien établi entre les travaux du Ter et le pullulement des camions dans la circulation sur cet axe routier Pikine-Yarack-Dakar.

Il y avait des camions de tout acabit qui partaient pour Dakar et d’autres qui en revenaient ou en sortaient. J’ai observé que les camions qui travaillent sur le Ter, circulent sur une voie aménagée à cet effet. Cependant, pour sortir du chantier ou pour y enter au niveau de certains endroits, ils sont obligés de faire des insertions dans la circulation occasionnant des embouteillages monstres.

A mon humble avis, les travaux du Ter ne sont pas la seule cause à l’origine du blocage de la circulation sur l’axe Pikine-Yarack-Dakar comme me l’a dit le passager. Il y a également l’augmentation exponentielle du nombre de camions en circulation qui empruntent cet axe routier dont l’explication m’échappe sincèrement.

Tout le monde sait que l’axe routier Pikine- Yarack- Dakar est sévèrement marqué habituellement par un problème de circulation, les services compétents de l’Etat auraient pu faire une simulation de situation de la circulation avant le commencement des travaux du Ter pour non seulement proposer des solutions mais aussi et surtout informer les usagers des désagréments qui peuvent en découler. Je pense que c’est la moindre des choses qui était attendue du Ministère en charge des transports terrestres.

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Au fil du temps, les passagers à bout de patience ont commencé à le manifester. Brusquement, un passager se tourne vers moi, les yeux dans les yeux et me dit « moi, j’avais trois (3) rendez-vous aujour d’hui à Dakar. Imagines que quelqu’un fasse un malaise à cet instant qu’adviendra-t-il ? Puis, il a ajouté « c’est depuis 9 heures que j’ai quitté Guédiawaye ».

J’ai hoché la tête pour lui marquer ma solidarité sans piper un mot. Plus tard, il m’a cédé sa place pour me permettre de m’asseoir. Je lui ai remercié de son geste qui m’avait beaucoup soulagé. Cet homme a certainement perdu quelque chose, en n’arrivant pas à l’heure à ses lieux de rendez-vous à Dakar. Quant aux élèves, ils ont perdu des heures de cours et d’autres, toute autre chose, non moins importante.

Un autre passager moins convaincant me dit « pourquoi le bus est-il passé par là tout en sachant que cet axe routier est impraticable » ?  

Quant à celui-ci, je n’ai pas hésité de lui dire mon désaccord en mettant en avant que ce n’est pas la faute du chauffeur du bus 12 Yarack encore moins de Dakar Dem Dikk (DDD) si la circulation est bouchée par les camions.

Au total, je lui ai signifié que le bus estampillé 12 Yarack est affecté à desservir l’axe routier Pikine- Yarack en toutes circonstances avant de rejoindre Fann en passant par Castors. D’ailleurs, je lui ai dit contrairement aux transporteurs privés, qui ne sont pas assujettis à une mission de service public, la DDD (société publique) est tenue d’accomplir son devoir de transporter les usagers à l’endroit où ils veulent aller dans la mesure du possible.

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Au fur et à mesure que nous avancions, je me suis rendu compte de l’immensité de l’obstacle à la circulation qui se dressait sous nos yeux. Il y avait tellement de camions devant nous, que j’ai eu l’impression que notre bus était comme un intrus dans la circulation. C’était comme si nous étions dans une zone de circulation réservée exclusivement aux camions.

A un certain moment, l’envie de descendre du bus pour prendre un autre moyen de locomotion m’a traversée. Mais c’était trop risqué. Car, il n’y avait aucun autre moyen alternatif en dehors du bus dans lequel j’étais pour me transporter à Fann avant d’arriver à Capa Yarack. Il faisait chaud à l’extérieur du Bus. Et la poussière soulevée par les camions mêlés au gaz d’échappement empoisonnait l’atmosphère. Et je ne voulais pas prendre ce risque.

Prisonniers de la route de Yarack, nous sommes finalement arrivés à Capa Yarack où le bus a bifurqué à droite pour se rendre à Castors. Tout le monde a poussé un ouf de soulagement et de liberté retrouvée. Il était 13heures.

Le chef de l’Etat ne peut pas être partout pour régler les problèmes. Il nomme des ministres pour faire ce travail. L’axe routier Pikine-Yarack- Dakar est aujourd’hui envahi et colonisé par les camions qui causent beaucoup de torts aux populations qui ne le méritent pas. Que Dieu bénisse le Sénégal !

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