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De L’autoroute De L’avenir à Ilaa Touba : Apprendre Du Présent Pour Anticiper Sur Le Futur

Il est peut-être trop tôt pour faire le bilan du transport des personnes à l’occasion du Magal de Touba édition 2018, mais force est de constater les améliorations considérables notées et rapportées par les pèlerins, malgré les 8 morts et 200 victimes répertoriés sur le réseau non concédé.

Ces améliorations doivent beaucoup à la mise en service provisoire de l’autoroute Ila Touba au grand bonheur des pèlerins et des usagers de l’autoroute de l’Avenir, appelée communément Patte d’Oie-Aibd, gérée en concession par Senac Sa.

Longue d’une centaine de kilomètres et réalisée grâce à un prêt concessionnel d’un montant de 416 milliards de francs Cfa, l’autoroute Ila Touba vient s’inscrire dans cette vision que déclinait le 24 octobre 2016 le Président Macky Sall lors de l’inauguration de l’autoroute Diamniadio – Aibd : «il s’agit de doter notre pays d’un réseau routier et autoroutier  moderne, répondant aux meilleurs standards, non seulement pour faciliter les liaisons entre nos villes, mais aussi pour rendre nos campagnes plus accessibles, en voyageant plus vite et dans de meilleures conditions de sécurité.»

Mais, alors que le débat sur le tarif de l’autoroute de l’avenir l’Avenir est loin d’être clos, voilà qu’on nous annonce que Ila Touba sera doté d’un système de tarification au kilomètre parcouru.

Si le mode d’exploitation n’est pas connu pour le moment, cette annonce pose pour les consuméristes et usagers que nous sommes, plus de questions qu’elle n’en règle.

L’usager empruntant le Iila Touba à partir de l’Autoroute de l’Avenir sera confronté à une tarification complexe et les abonnés au rapido seront obligés d’acquitter le péage du iIla Touba en espèces ou avec une autre carte spécifique.

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Selon les ingénieurs, dans ce tronçon, l’usager va prendre un ticket et payer à sa sortie exactement le nombre de kilomètres parcourus. Et on nous annonce des postes de péage à Thiès, Khombole, Bambey, Diourbel et Touba.

On nous signale également le meme même système sur Aibd- –Mbour avec des gares de péage à Thiambokh, à Soune Wolof, à Kirène, à Nguekhokh et à Mbour.

Avec cette floraison d’autoroutes, il urge de définir un organe de régulation, pour que « l‘’interconnexion » ne soit pas un casse-tête pour les usagers ni pour les différents opérateurs publics ou privés.

Mais si la question du tarif reste un inconnu sur ces tronçons, il reste à clore le débat sur les tarifs de l’Autoroute de l’Avenir.

Nous savons que les prix sur Dakar – Aibd ont été déterminés et fixés par l’Etat du Sénégal suite à une étude qu’avait commandée l’Etat pour définir le prix socialement acceptable et qu’en outre, le Concessionnaire Senac Sa ne peut pas modifier les tarifs sans l’accord de l’Etat. Lesquelles conditions de révision de prix sont définies par l’Etat dans le contrat de concession.

Nous savons également que Senac Sa et l’Etat du Sénégal discutent depuis le début de l’année de cette révision des tarifs et que Senac Sa a depuis plusieurs mois proposé à l’Apix, qui est l’Autorité concédante déléguée, des propositions en vue d’une redéfinition globale du réseau et des tarifs et qu’il appartient à l’Etat et à l’Apix de clore ce débat.

Toutefois et pour les consuméristes que sommes, notre souci, relativement à l’Autoroute de l’Avenir comme aux autres autoroutes à péage en gestation, ne saurait être confiné au seul cout coût du péage.

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En effet le souci de la célérité et de la sécurité qui sont caractéristiques d’une autoroute à péage ne saurait être sacrifié sur l’autel du low-cost tarifaire !

Une baisse «incontrôlée» des tarifs signifie une affluence incontrôlable aux péages et une saturation du trafic synonymes de chaos et de perte de ces objectifs de célérité et de sécurité.

Pour preuve, la situation actuelle est déjà compliquée à gérer si l’on considère , par exemple, cette propension endémique à circuler sur la Bande d’arrêt d’urgence et, de ce fait , à gêner les services de sécurité et de secours comme l’exploitant, dans leur mission de services d’assistance !

Quelques passagers malheureux d’Aibd ont même raté leur avion à cause de cet incivisme.

Seuls des choix réfléchis et responsables en dehors de toute démagogie peuvent garantir une politique tarifaire réaliste à meme même de garantir à l’autoroute ses fonctions premières de célérité et de sécurité.

Le contraire nous mènera vers des situations déplorables comme ce fut le cas avec La la société des Autoroutes du Maroc qui pratiquaient des prix très bas et est aujourd’hui en faillite.

Aussi, si l’autoroute de l’Avenir, première concession autoroutière d’Afrique de l’Ouest, peut être améliorée, il reste constant qu’elle répond aux plus hauts standards internationaux.

Et le prix du péage correspond à un service (confort, sécurité, gain de temps) qui n’est pas obligatoire. L’autoroute n’est qu’une alternative payante à des voies gratuites et il appartient à l’Etat d’améliorer ces voies gratuites alternatives.

Au surplus, le péage coûte moins que le carburant perdu dans les attentes sur la Rn1.

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Et les embouteillages des jours de grand départ sont communs à toutes les autoroutes du monde, comme l’illustrent bien les problèmes notés sur Ila Touba, relativement aux accidents, aux pannes et aux embouteillages à l’entrée et à la sortie de Touba.

Ces problèmes nous ramènent aux réalités de l’autoroute Patte d’Oie-Aibd.

Le problème des pannes est révélateur de l’état de vétusté du parc automobile et ses conséquences sur la sécurité autoroutière et la gestion de la viabilité de l’ouvrage par les exploitants, qu’ils soient privés comme la Senac Sa ou publics comme l’Ageroute, mérite une attention particulière.

Si l’autoroute doit rester un espace de célérité et de sécurité, des facteurs négatifs exogènes ne doivent pas la handicaper.

Et malheureusement, c’est le cas, avec le surcoût d’exploitation induit par :

– l’implosion exponentielle des pannes sur l’autoroute (vétusté du parc, les excès de vitesse, ….)

– les charges démesurées de balayage avec les déversements faits par les transporteurs de sable et de béton (camions non bâchés ou mal bâchés)

-la saturation du réseau extérieur (frein à l’écoulement du trafic vers le réseau extérieur)

Le Sénégal a su, avec des années d’avance sur la plupart des autres pays africains, entrer dans le domaine des infrastructures routières concédées, il convient donc, en rappelant à chacun ses devoirs, de ne pas gâcher cette belle expérience.

Jean Pierre DIENG

Sg de L’Uncs l‘Uncs et ancien conseiller menbremembre du conseil Conseil des infrastructures Infrastructures du SenegalSénégal DE 2004 A 2013

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