Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

À Quel Moment Macky A TravaillÉ ?

Des affaires Karim Wade – Khalifa Sall à l’instauration du système de parrainage, en passant par les scrutins référendaire et législatif, le Sénégal, sous Macky Sall, marche au rythme caméléonesque de la politique politicienne. Chaque semestre, son dossier et le septennat obtenu dans la cacophonie part en fumée emportant les délicieuses promesses d’un Sénégal nouveau.

Le Sénégal au rythme de la campagne. Combien de fois, cette expression a fait la manchette des journaux ? En moins de sept ans, quatre campagnes électorales ont mobilisé les Sénégalais pendant de longues semaines durant lesquelles l’administration s’est retrouvée ankylosée, le citoyen plus à applaudir qu’à travailler. Elu le 25 mars 2012 Macky Sall qui a prêté serment lundi 2 avril, s’est aussitôt lancé dans la campagne électorale pour, disait-il, avoir les moyens, des députés applaudisseurs, de gouverner. Le 1er juillet 2012, à l’issue des élections législatives, il obtint sa majorité et ouvrit un autre dossier bien plus prenant.

En effet, présidant la réunion du Conseil des ministres du 10 mai 2012, Macky Sall informa ses nombreux ministres qu’il avait signé le décret n° 2012-502 portant nomination des membres du Siège, du Parquet et de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). L’affaire Karim Wade venait d’être déclenchée. Et, le procès n’avait pas réellement commencé que les libéraux s’insurgeaient déjà contre ce qu’ils qualifiaient d’arme destinée à casser les adversaires du président Macky Sall. Entre Me Abdoulaye Wade qui enchaine les atteintes à la Défense nationale et à la sûreté de l’Etat afin que la CREI ne juge pas son fils et un régime aux abois jouant à se faire peur, le Sénégal s’est immobilisé, retenant son souffle et craignant le pire. Il en sera ainsi jusqu’au 23 mars 2015, date de la condamnation de Karim Wade.

A LIRE  Prétexte du «secret défense» pour l’achat de l’Airbus A320 NEO : les preuves d’un mensonge d’Etat

Entre-temps, il y a eu les élections municipales et départementales du 29 juin 2014. Pour déboulonner Khalifa Sall dans la capitale, le Premier ministre Aminata Touré est envoyé au casse-pipe. En outre, en menaçant de défénestrer tout ministre ou directeur qui perdrait dans son fief, Macky Sall a mis une pression à ses hommes qui ont plus cherché à entretenir un bétail électoral qu’à faire des résultats. Les élections locales de juin 2014 dépassées, le Sénégal ouvre une autre page avec le mandat de Macky Sall. Ce dernier  avait promis de le réduire à cinq ans se débine et engage Ismaël Madior Fall et autres à « judiciariser » son reniement. Pendant plus d’un an, il n’est question que de la promesse de Macky Sall. Ainsi, pour se tirer d’affaire sans perdre la face, le régime décide de la tenue d’un référendum. Pour un Oui ou un Non,  le Sénégal renoue avec la campagne électoral jusqu’au 20 mars 2016.

Le scrutin référendaire avait plus que divisé les Sénégalais qui pour l’adoption d’un texte aussi fondamental s’étaient presque déchirés. C’est ce moment qu’a choisi Macky Sall pour lancer le dialogue national, premier nom. Un prétexte qui va encore mobiliser la République jusqu’à l’ouverture des portes de la Maison d’arrêt et de correction de Reubeus à Karim Wade dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 juin 2016.

Karim Wade sortit de prison dans des conditions rocambolesques,  Khalifa Sall fit, quelque temps après, le chemin inverse. L’affaire de l’ex maire Dakar, arrêté le 7 mars 2017, a également tenu en haleine les Sénégalais pendant de longs mois. Et, c’est dans une cellule de la Maison d’arrêt et de correction de Reubeus que Khalifa Sall a vécu la campagne de l’élection qui lui a permis d’être élu député. Des élections législatives de 2017 marquant le retour de Me Abdoulaye Wade sur le terrain politique.

A LIRE  Quand «tik-tok» rend «toc-toc» (Guimba Konaté)

L’année 2018 est engagée avec le verdict prononcé le 30 mars condamnant Khalifa Sall. Et avant que celui-ci ne dépose un recours à la Cour d’Appel, la loi instaurant le système de parrainage était déjà sur bacs. Votée aux forceps, la promulgation de celle-ci donnait suite au début de la campagne de collecte de parrains qui sera, à ne pas en douter, suivie par la campagne électorale pour la présidentielle de 2019. Pour boucler la boucle.

Entre deux soupirs, le président Sall a rendu hommage à son prédécesseur qui a lancé la construction de l’Aéroport international Blaise Diagne qu’il était en train d’inaugurer. Un exercice auquel il ne pouvait se déroger, l’ancien président ayant fait beaucoup de publicité autour de cet ouvrage. Ce qui n’a pas été le cas du projet Nouvelle Ville que Macky Sall a fait sien pour donner à son bilan un caractère autre que judicaire. Car, comme il l’a soutenu, le lion qu’il n’est pas a passé le plus clair de son temps à attendre d’être réveillé.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *