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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

L’Éducation, Moteur D’une Gouvernance Sociale

Enjeux2019 – Solliciter le suffrage des concitoyens suppose une prise de conscience nourrie, soit par un sentiment d’insatisfaction, d’inconfort de la part des porteurs d’une alternance ou alternative, soit par une volonté de mieux faire de la part du candidat sortant.

Tous et toutes les candidat(e)s savent que pour convaincre les électeurs ils doivent leur faire d’abord des propositions et/ou offres pertinentes en matière de gouvernance sociale. Dans l’approche des animateurs des Assises Nationales, la gouvernance sociale est déclinée en cinq éléments : éducation, santé, culture, sports et dialogue social, politique et économique.

L’éducation est l’arme la plus puissante pour les transformations sociales, comme l’a souvent rappelé Madiba Nelson Mandela. Elle permet d’articuler l’ensemble des objectifs de développement durable (ODD) et d’améliorer le sort des populations dans un monde plus sûr, plus solidaire.

Cheikh Anta Diop, le grand savant sénégalais avait fondé son optimisme quant à l’avenir de l’humanité sur les progrès de la science et la force de la jeunesse instruite, éduquée et engagée. Il a développé ses points de vue dans Civilisation ou Barbarie, le dernier ouvrage qu’il a publié de son vivant en 1981.

– Des initiatives novatrices –

Le grand sage Hampathé Ba, dans Une lettre à la jeunesse africaine a rappelé, comme Joseph Ki Zerbo, que l’Afrique ancienne a développé des civilisations de responsabilités et de solidarités. L’esprit communautaire et le sens du partage présidaient dans les rapports humains. Ils ont toutefois invité à relever les faiblesses, à les corriger en préservant les valeurs positives. Le grand écrivain Abdoulaye Sadji, compagnon de Léopold Sédar Senghor n’a pas manqué non plus dans Education Africaine et civilisation, d’inviter à puiser dans nos sagesses très anciennes.

Enfin, Roland Colin très proche des présidents Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor, a eu dans sa thèse soutenue à Lyon sur l’éducation au Sénégal, la bonne démarche consistant à faire ressortir les convergences et différences entre les pratiques wolof, sereer et pulaar en étudiant successivement :

  • l’éducation intra familiale et pré initiatique
  • l’éducation initiatique
  • l’éducation post initiatique

Il a consacré comme A. Sadji, une part de la réflexion aux chocs internes et externes (Les vents d’Est et d’Ouest, à savoir la civilisation arabo-islamique, celle de l’Occident chrétien). Les osmoses réussies, les greffages artificiels, les résistances multiformes permettent de comprendre les atouts et les défis persistants. Pour mieux tracer les voies d’un futur fécond, il faut donc avoir à l’esprit l’articulation entre éducation des jeunes et des adultes, des garçons et filles entre les dynamiques formelles, non formelles et informelles.

Le combat anti assimilationniste a été porté par des intellectuels sénégalais (Majaxate Kala aux côtés de Lat Dior Diop, Musaa Ka aux côtés de Cheikh Ahmadou Bamba) maîtrisant bien leurs langues africaines, et écrivant en caractères arabes, puis ce fut le tour des militants utilisant la langue française, tel que Lamine Arfang Senghor, auteur en 1927 de « Violation d’un pays » qui va devancer, dans le combat culturel et politique l’autre Senghor, Léopold Sédar. Puis ce fut le tour des étudiants regroupés dans la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire (FEANF) parmi lesquels : Amadou Mahtar Mbow qui deviendra Directeur Général de l’UNESCO, Abdoulaye Wade qui deviendra président de la République, Cheikh Alioune Ndaw qui deviendra un grand écrivain, Assane Sylla, Saliou Kandji, etc. D’autres furent aussi actifs dans l’Union Générale des Etudiants d’Afrique de l’Ouest (UGEAO) à Dakar, pour poursuivre le combat jusqu’au moment des indépendances dans les années 1960.

Le combat s’est poursuivi à l’ère postcoloniale, non seulement autour des langues, mais aussi pour la réforme des systèmes éducatifs, l’utilisation des langues nationales, dans la presse, au cinéma, dans l’administration. Des figures célèbres comme Ousmane Sembène, l’écrivain et cinéaste, Pathé Diagne, linguiste et économiste, Aram Fall Diop linguiste, Cheikh Alioune Ndaw écrivain, entre autres, ont poursuivi le combat.

– Une trajectoire tumultueuse –

Le retrait du président Senghor en 1980 de la scène politique, et le passage de témoin au président Abdou Diouf a frayé le chemin aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation et à la mise sur pied de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation. Les programmes d’ajustement structurel, sous l’injonction du Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ont plombé les recommandations pertinentes issues de quatre années de réflexion conduites par les syndicats d’enseignants, les enseignants de tous les ordres de l’enseignement, les chercheurs et experts en éducation. Les retouches, réformes timides, n’ont pas amélioré les résultats du système, même après la première alternative politique post coloniale qui a permis l’avènement du gouvernement du président Abdoulaye Wade en 2000.

Ce dernier fut enseignant, comme Léopold Sédar Senghor, le premier Président de la République. Mieux encore, il a été le doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques. Toutefois en tant que chef d’Etat, il n’a pas pu développer certaines des idées qu’il développait alors qu’il était dans l’opposition entre 1974 et 2000.

Les Assises sur l’Education convoquées par le président Macky Sall entre 2013 et 2015 sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche d’abord, ensuite sur tout le système, ont produit des recommandations pertinentes. Les résultats médiocres et les secousses persistantes du système montrent qu’on n’est pas sur la bonne voie s’agissant d’une refondation de notre système éducatif. Bien sûr des hommes et femmes de culture dont Boubacar Boris Diop, Mame Younousse Dieng et d’autres, ont poursuivi le combat pour l’utilisation des langues nationales.

Est-il possible de refonder le système sans la mise en place d’un dispositif de suivi et d’évaluation des recommandations ? D’où la pertinence des Assises qui ont insisté sur le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Malheureusement, la plupart des parties prenantes engagées pour la création d’un système citoyen de veille et d’alerte, en matière d’éthique et de valeurs, n’ont pas pris leurs responsabilités. Pourtant, les recommandations en matière de gouvernance sociale sont toujours pertinentes. Elles avaient préconisé :

  • la refonte du système éducatif, en tenant compte des valeurs humaines, sociales, spirituelles, conformes à notre histoire et au patrimoine universel et en tenant compte des besoins du développement économique et social de notre pays ;
  • la réorganisation des structures chargées de l’éducation sous l’égide d’un ministère unique, comme dans le premier gouvernement du Sénégal indépendant, et comme on le constate également dans des pays performants en matière d’éducation, de sciences, de techniques, voire de sports et loisirs ;
  •  l’équité, l’efficacité et l’efficience dans le traitement du genre et des disparités géographiques.

– Un Institut des Assises Nationales –

Les différents candidats devraient se prononcer sur la proposition d’un Institut des Assises Nationales et sur les autres dynamiques publiques ou communautaires, œuvrant pour un dialogue social, économique et politique.

Il ne s’agit pas de prendre les Assises ni pour le Thorah, ni pour la Bible, encore moins pour le Coran. Au contraire, il faut mettre en œuvre les recommandations tout en approfondissant la réflexion,  en développant  une approche multilingue, multimédia, multiscript, donnant leurs dignités aux différents paliers, depuis la préscolaire jusqu’au supérieur, à la recherche fondamentale et appliquée, à l’innovation, à l’éducation de base et la formation continue, celle des jeunes et des adultes, des garçons et des filles, aux sciences et des techniques, aux arts et lettres, à la formation professionnelle et au développement communautaire, à l’éducation, à la santé, à l’environnement, à l’éducation civique, l’éducation à la paix, aux médias, à la solidarité africaine et internationale.

Les candidats à l’élection présidentielle ont intérêt à décliner leurs propositions sur les axes de réflexion et à éclairer l’opinion et les électeurs sur les sources de financement à explorer pour relever les défis gigantesques en matière de gouvernance sociale, dans un contexte de globalisation accélérée.

Les mesures de performance pourraient se faire à la lumière des modes de gestion des conflits, surtout liés au foncier et à l’environnement, du retrait des enfants de la rue publique et au dépérissement de la mendicité, de l’aménagement du territoire, de l’amélioration  du cadre de vie, de la gestion intelligente et durable des ordures, de la suppression des encombrements multiples dans les voies de communication, de la multiplication des offres d’emplois décents et de loisirs, de l’allongement de l’espérance de vie, etc.

#Enjeux2019

Babacar Buuba Diop est universitaire, professeur titulaire de classe exceptionnelle en Histoire ancienne. Ancien médiateur à l’Ucad (1982 à 2016), il a coordonné le travail de la commission Gouvernance sociale des Assises Nationales Politiques, Economiques et Sociales. Il a été également Président de la Fédération de l’Education et de la Recherche (FEDER) et Vice-Président du Conseil International d’Education des Adultes (ICAE).

RÉSUMÉ DE L’ARTICLE EN WOLOF

#Enjeux2019 – Tenk ci walaf – Gindi  ngir  saytu mu baax, màgg  ak bokk  tigi.

XamXàmme  mooy  indi  kaaraange, moodi  am sa gopp  ngir  bay, am  xalima  booy  binde, moodi  yore sa galan  gooy  tëgge sa sabar, ngir  feexal sa xol. Xam sa yaram, say cër  moodi  nite tette, yar, mooy  may gone am  loxo   yu set bamën,  bokk ak  mag   ňi.

Ni  begg  toog ci jal bi, ngir  gindi  réew mi war nan leeral  lunu  xam ci jaar  jaari  réew mi,  ci mbirum  jàng  ak  jàngale, yarak tette xale yi, tàggat  magňi, yee   leen ci mbiri  àdduna.  Yeewu  mooy  tax   men toog  ci  penc   ma ; bayaal   ba,  ,ja  ba

Warnen  wax  lu  nu  xalaat  ci  denkaane  yi  doomi  reew mi ak  boroom  xam xam  yi  def  ngir  suxxali  njàng mi,  ngir  mu  barkel, jariň   reewmi,  ,jariň  askan  wi, te it  kenn  baň   nooy  yak. Xam  adduna,  xam li ňu  war,   sàmm  càkkeef   gi.

Wax  rekk  doyul  war nan  leeral  funuy  jele  xaalis  bi  war, ngir  defaraat  jikko   yi,   xel   yi

Xam loo  àttan  ak  loo  àttanul

Nu  yokk  ci  sa  mën  mën,   pexe, xam  sa diine,   say  baax   ak  xarbaax, sa cosaan, xam  yosi  say  dekkandoo, ngeen  wegante ; looloo  mooy  suuxët  jàmm.

War  nan  wax it  ni  nuy  xaymaa  ak di topp  li  nuy  degmal

Jàmm sax,  yalwaan  dakk,   xatxat yi, wànňiku,  nit  ni  am  ci  li  nuy   gor, ngir  gore

Xam  seen  warugar, xam  seen  wareef

Buuba Joob,  njiitu PAALAE







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