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L’afrique à L’ère De La Gouvernance Démocratique

Sans aucun doute, l’Afrique est un continent qui s’oriente aujourd’hui vers une gouvernance démocratique.

L’Afrique a fait d’énormes progrès au cours des deux dernières décennies. Bon nombre de ses 54 pays peuvent désormais être qualifiés de démocratiques, tenir des élections pacifiques et crédibles, disposer d’une presse libre et de gouvernements généralement responsables devant leur peuple. Un moteur de la réforme démocratique sur le continent est la population jeune de l’Afrique qui arrive à l’âge adulte. Plus de 50% de la population africaine a moins de 30 ans et est de plus en plus éduquée et connectée à Internet. Elle est donc informée de ce qui se passe ailleurs en Afrique et dans le monde. Les choses ont radicalement changé au cours des deux dernières décennies. Certes, il reste encore de nombreux pays à problèmes, tels que la République démocratique du Congo, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Togo, la Somalie et le Soudan, mais le vent a tourné et il ne fait aucun doute que l’Afrique progresse.

Nous avons déjà vu les élections controversées qui se sont déroulées en République Démocratique du Congo et attendons avec anxiété les résultats qui s’annoncent assurément contestables. Le mois prochain, deux autres élections présidentielles importantes sont prévues et feront l’objet d’une surveillance étroite en Afrique et dans le monde – au Nigeria et au Sénégal.

Au Nigeria, après un premier mandat très terne, le président Muhammadu Buhari (76 ans) se présente pour un second mandat en tant que candidat du All Progressive Congress (APC), contre le politicien et homme d’affaires Atiku Abubakar (72 ans) investi par le People’s Democratic Party (PDP), et qui était vice-président du Nigéria sous Olusegun Obasanjo. En grande partie du fait de son absence du pays pour raisons médicales, très peu de choses ont été accomplies lors du premier mandat du président Buhari sur les questions fondamentales auxquelles il s’était attaqué à savoir : la lutte contre la corruption, le développement économique et la prospérité. Malgré sa grande richesse pétrolière, le Nigéria est en passe de devenir l’un des pays les plus pauvres du monde au cours des 25 prochaines années si des mesures radicales ne sont pas prises immédiatement pour endiguer la corruption et instaurer la bonne gouvernance dans le pays.

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Les élections sénégalaises, qui auront également lieu en février, auront en ligne le président Macky Sall (57 ans) qui souhaite prolonger sa présidence pour un second mandat. Le Sénégal est entré récemment dans l’histoire avec l’ouverture de « l’impressionnant » musée des civilisations noires à Dakar, positionnant le pays comme la capitale intellectuelle et culturelle du monde noir.

Avec une population de 15 millions d’habitants, le Sénégal a connu ces dernières années une croissance économique annuelle de 6% en 2015, de 6,2% en 2016 et une croissance continue atteignant 7,2% en 2017. L’extraction prévue de pétrole et de gaz en 2021 devrait très probablement donner à l’économie un nouvel élan.

Le Sénégal est largement perçu comme un phare de stabilité et de démocratie dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Il n’a jamais connu de coup d’État, avec une image renforcée par un scrutin présidentiel pacifique et bien organisé en 2012 lorsque le pays a été confronté à ses premiers tests avec le précédent président Abdoulaye Wade qui s’était investi pour un troisième mandat et a été défait par Macky Sall.

En tant que partenaire fort des États-Unis, le secrétaire d’État Michael R. Pompeo a réaffirmé le mois dernier l’engagement des États-Unis envers le Sénégal avec la signature du deuxième pacte pour la Millennium Challenge Corporation au Sénégal, doté de 600 millions de dollars, et leur engagement pour le maintien des traditions démocratiques du Sénégal lors des prochaines élections de février 2019.

Avec une élection présidentielle dans moins de deux mois, on craint de plus en plus que la démocratie Sénégalaise qui a été pendant longtemps un exemple pour l’Afrique de l’Ouest, ne soit renversée. Deux situations importantes créent des tensions politiques.

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Premièrement, une nouvelle loi électorale approuvée par le Parlement sénégalais en avril, exigeant 53 000 signatures pour être éligible à la présidence, a provoqué des manifestations de critiques accusant le gouvernement de Macky Sall d’un complot visant à empêcher aux candidats mineurs de se présenter.

Deuxièmement, les dirigeants des deux partis politiques historiques, Karim Wade (50 ans), fils de l’ancien président Abdoulaye Wade (Parti Démocratique sénégalais) et l’ancien maire populaire de Dakar, Khalifa Sall du Parti socialiste (63 ans), ont satisfait à ces exigences mais voient leurs candidatures mises en jeu à cause des accusations criminelles portées contre eux. Certains acteurs politiques au Sénégal estiment que ces procès sont motivés par des considérations politiques.

Malgré sa condamnation, son adversaire le plus acharné, Khalifa Sall, poursuit ses contestations tout en exploitant la procédure d’appel. Il est actuellement en train de mener sa campagne depuis sa cellule de prison. La Cour suprême du Sénégal a rejeté son appel le jeudi 3 janvier. Les partisans de Khalifa Sall estiment que le gouvernement de Macky Sall le prend pour cible en raison de sa forte probable candidature.

Dans un rapport publié l’année dernière, Amnesty International a critiqué le gouvernement sénégalais pour avoir réprimé des manifestations pacifiques et indiqué que le système judiciaire chargé de l’affaire Khalifa « avait fait preuve d’un manque d’indépendance ».

Les Sénégalais de l’intérieur du pays et de la diaspora sont mobilisés pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation qu’ils qualifient de « démocratie en danger » et appellent toutes les parties prenantes à contribuer au maintien de la démocratie sénégalaise en assurant l’indépendance du système de justice, en permettant à tous les candidats politiques à se présenter et à organiser des élections transparentes, libres et équitables.

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Bien que le Sénégal ait réalisé des progrès économiques et politiques significatifs, la victoire éventuelle du président Macky Sall pourrait laisser un goût amer à la bouche de nombreux citoyens si les deux autres principaux partis politiques historiques n’étaient pas autorisés à concourir librement. Tous les observateurs sénégalais se concentreront sur le 21 janvier, date à laquelle le Conseil constitutionnel publiera la liste définitive des candidats retenus pour le scrutin de la présidentielle.

Les deux élections au Nigeria et au Sénégal promettent d’être bruyantes et fortement contestées à bien des égards. C’est pourquoi le bloc régional de l’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, a récemment exhorté le Nigéria et le Sénégal à organiser des élections pacifiques, libres et transparentes. Nous espérons que les ambitions personnelles ne remplaceront pas la volonté du peuple et que la démocratie gagne.







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