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Pont De Farafégné: 18 Ans De Prières Exaucées, Mon Fils Ne Vivra Pas Ce Calvaire !

J’ai effectué mon premier voyage Sédhiou-Dakar en septembre 2000,

le voyage c’était bien déroulé jusqu’au moment où notre voiture est arrivée à la frontière Gambienne.Je sentais la voiture ralentir, je lève ma tête et vois une plaque où c’était marqué « Welcome to Gambie ».

J’ai aperçu des gendarmes, la douane et une foule de commerçants et de badauds tournaient dans tous les sens.

La voiture s’arrêta, un policier gambien monta à bord et nous demanda de montrer nos pièces d’identité. J’exhibai ma carte d’identité scolaire, moins d’une minute après, le policier m’ordonnait de baisser ma main.

À ma gauche, il y avait un monsieur dont j’ignorais l’origine et qui n’avait pas de pièce d’identité. Le policier lui ordonna de le suivre au poste et il s’exécuta rapidement. Je pensais que mon voisin allait revenir rapidement, mais nous avons attendu plus de 15 minutes, il n’est toujours pas revenu. Le chauffeur a dû coupé le moteur de la vieille Ndiagandiaye pour aller s’enquérir de la situation. La police gambienne réclamait 2000 FCFA d’amende à mon voisin pour faute de ne pas avoir une pièce d’identité. Ce dernier ne pouvait pas les payer, car il ne disposait que de 1000 FCFA et c’est finalement le chauffeur qui compléta l’argent.

Après plus d’une heure d’attente, nous quittâmes le poste de police et continuions notre voyage à travers les routes bitumées et chaotiques de la Gambie.

Trente minutes plus tard, notre car commence à ralentir de nouveau et je voyais une sorte d’embouteillage monstre sur la route. L’apprenti-chauffeur, nous annonça que nous sommes arrivés au bac de Farafégné.

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L’apprenti déclara : « allez acheter vos tickets et vous n’êtes pas obligé d’attendre la voiture, vous pouvez traverser et nous allons nous retrouver de l’autre côté du fleuve. Mais attention, dès que la voiture traversera : « nous n’allons pas attendre les absents ou les retardataires plus de 15 minutes ».

À 500 m du quai, nous descendions de la voiture et comme c’était mon premier voyage, j’ai suivi le groupe comme un vrai mouton de Panurge.

Des deux côtés de la route qui menait au quai, il y avait des vendeurs de toutes sortes de marchandises. Mais ce qui attira plus mon attention, c’était l’odeur de la viande rôtie, car la faim commence à se faire sentir. Malheureusement, je ne pouvais pas acheter cette viande, car mon père m’avait mis en garde de manger tout plat cuisiner sur la trans-gambienne. J’ai tout de même acheté un paquet de biscuits et un sachet d’eau fraîche en attendant de prendre le ferry pour la traversée.

Une attente interminable…

Avec mon paquet de biscuits et mon sac à d’eau, j’ai marché jusqu’à l’embarcadère pour compter le nombre de voitures devant nous, d’estimer la capacité du ferry afin d’en déduire le temps d’attente avant notre tour.

Ce petit exercice m’a permis de penser que notre voiture partira dans un maximum 2 allers-retours du ferry soit environ d’ici une heure trente. Je me suis donc assis sous une des tentes de fortunes pour manger en attendant la traversée de notre NdiagaNdiaye. Le ferry fit un aller-retour, au deuxième aller vers l’autre berge, il ne revint pas. Après plus d’une heure d’attente, la nouvelle tomba : le seul moteur du bac est tombé en panne ! Il ne sera pas réparé avant moins de 8 heures. Cette nouvelle m’assomma, car je ne pouvais pas comprendre à l’époque comment c’est possible qu’un fleuve de moins d’un kilomètre puisse nous bloquer pendant plus de 10 heures ?

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Pourquoi les deux pays ne pouvaient pas trouver un financement pour construire un pont ? Pourtant, on voit à la télé des ponts sophistiqués qui facilitent la vie des humains et développent l’économie locale.

Durant toute cette journée d’attente interminable, je n’ai pas arrêté de me poser des questions dont je ne trouvais pas de réponse.

C’est seulement aux environs de 18h:30, que notre voiture traversa enfin le fleuve et nous prenions la direction de la capitale sénégalaise.

Depuis, ce jour-là, j’ai gardé un traumatisme de la trans-gambienne et je n’ai pas arrêté de prier pour la construction d’un pont sur ce fleuve. J’ai surtout prié pour que mon fils ne vive pas ce calvaire de la traversée gambienne.

L’inauguration du pont de Farafégné dans quelques jours, montre que nos prières sont exaucées, mais reste à savoir si ce pont mettra fin à la tracasserie policière et l’humiliation de toutes sortes subies par les usagers.

Dr. Mamadou CISSE

Scientifique-Chercheur

mamadou_cisse@live.fr

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