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Le Pont De La Sénégambie, Une Stratégie Diplomatique, économique Et Sécuritaire Audacieuse

Le Pont De La Sénégambie, Une Stratégie  Diplomatique, économique Et Sécuritaire Audacieuse

En traversant la région naturelle de la Casamance, on ne peut s’empêcher de remarquer le renouveau du dynamisme économique et social. La production agricole par exemple, notamment rizicole, a connu une hausse jamais égalée. Sédhiou, la dernière-née des régions, est aujourd’hui la 2ème zone de production de riz du pays grâce à la mise en place d’infrastructures hydroagricoles, la mécanisation progressive ainsi que la subvention des intrants. Toutes les autres productions suivent la même tendance.

Mais les efforts des populations se heurtaient jusqu’ici à l’enclavement de la région, rendant difficile la mise en marché de leur production aussi bien à l’intérieur que vers l’extérieur de la région naturelle. Cette situation décourageait ainsi les producteurs qui voyaient leurs produits pourrir ou encore les obligeait à brader le fruit de leur travail.

Cependant, le désenclavement interne et externe est une réalité aujourd’hui. Les pistes et les routes bitumées, réalisées ces dernières années, ont permis à 60% des communes des neuf départements de se connecter, facilitant ainsi le transport des hommes et des biens et la communication entre les populations. La connexion au reste du pays constituait le maillon faible. En effet, la réalité géographique empêchait une continuité territoriale du Sénégal, notamment la traversée à Farafegny du fleuve Gambie. Pendant des décennies, les usagers de la transgambienne ont subi des souffrances tant sur la durée de la traversée (une journée entière pour les passagers et plusieurs jours pour les camions de marchandises) qu’au niveau des conditions précaires de sécurité et de salubrité du lieu de traversée.

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Aujourd’hui, sans nul doute, l’espoir renaît en Casamance avec la fin des travaux et l’inauguration, ce 21 janvier 2019, du pont de la Sénégambie. Une date historique ! Avec l’inauguration de ce pont, c’est un défi de plus d’un quart de siècle qui est relevé. En réalité, la réalisation de cette infrastructure sur le fleuve Gambie est l’émanation d’une vision et d’une stratégie diplomatique, économique et sécuritaire audacieuse du chef de l’Etat Macky Sall. En effet, depuis des décennies, plusieurs tentatives ont échoué, principalement à cause de considérations géostratégiques et diplomatiques divergentes avec la République sœur de Gambie. Mais depuis deux ans, tout est au beau fixe grâce à une nouvelle ère démocratique chez le voisin.

Ainsi, les 50 milliards investis pour la réalisation de cette infrastructure, avec le concours de la Banque africaine de développement (Bad), seront vite rentabilisés. En effet, l’impact de ce joyau pour booster la région est incommensurable, car elle connaîtra très vite une croissance exponentielle. La baisse des coûts des produits importés dans la région, notamment de grande consommation, augmentera le pouvoir d’achat des ménages. S’y ajoute la mise en marché vers le reste du pays des productions jusqu’ici sous-évaluées et sous-exploitées. En réalité, le pont de la Sénégambie sera un maillon essentiel pour l’émergence de la région de la Casamance en particulier et du Sénégal en général.

Par ailleurs, en prolongement du pont, l’axe Sénoba (frontière gambienne) et Mpack (frontière bissau-guinéenne) en passant par Ziguinchor est en cours de réalisation. A cela s’ajoutent le pont de Marsassoum, les boucles du Blouf, des Kalounayes, du Boudié ainsi que du Sud Pakao. A noter la reconstruction du pont Emile Badiane qui sera suspendu entre Ziguinchor et Tobor. Ainsi, l’intégration sous-régionale sera renforcée, notamment entre le Sénégal, la Gambie et les deux Guinée.

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Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a une cohérence dans la politique actuelle de développement de la Casamance. Le niveau des investissements depuis 2013 est inégalé. En effet, 450 milliards de F Cfa ont été investis dans plus de 58 projets. Après le désenclavement par voie maritime avec les trois bateaux, le dragage du fleuve, le secteur aérien a été renforcé avec une déserte bi-quotidienne par deux compagnies. La promotion du tourisme à travers la Zone touristique spéciale, la construction d’agropoles ainsi que la Zone économique spéciale vont sans nul doute positionner la région comme un des moteurs du développement du Sénégal.

Pour accompagner cette dynamique, le prochain Programme triennal d’investissement public (Ptip) 2019-2021 mobilisera, en faveur de la Casamance, plus de 680 milliards de F Cfa pour des projets majeurs dans les secteurs de l’hydraulique et de l’assainissement, des infrastructures routières, de la santé, de l’éducation, de l’électrification, de la promotion des jeunes et des femmes.

En définitive, depuis 2012, il y a eu un changement de paradigme dans la politique casamançaise du gouvernement, passant de la logique désarmement, démobilisation et réintégration (inefficient) à celle de reconstruction, développement et réintégration.

C’est une approche qui sera utilisée dorénavant à travers le monde.

La paix par le développement !

Fossar Banding SOUANE

Président du Conseil d’Orientation du Promise Spécialiste en Développement et Coopération internationale

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