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Macky Joue À Se Faire Peur

Il joue à se faire peur. Son positionnement agressif, privilégie l’adversité, la confrontation et les rapports de force. Pour lui, le silence, face aux attaques de l’opposition, est l’arme des faibles. Il est dans la réactivité, synonyme de manque de sérénité. C’est un homme irascible qui regarde de haut, ses opposants, ses partisans et ses collaborateurs. Tous ceux qui oseraient lui opposer un minimum de résistance. Il est perché là-haut. Il est tout simplement le président de la République.

« Force restera à la loi…Je ne tolérerai pas… Je ne laisserai personne brûler ce pays…  Petites gens (parlant des opposants) … Je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression… », dixit le premier des Sénégalais.

Le président Macky Sall a choisi le positionnement agressif (territoire d’expression), chaque fois que sa communication s’adresse à ses opposants. Il brandit la force légale. Le ton est menaçant, la parole coule, les lèvres se resserrent et les sourcils baissent. Ces micro-expressions de colère (qui ne sont pas des gestes appris) prouvent qu’il ne triche pas et en veut à cette opposition « impénitente » qui agresse aussi par la parole, la plus haute institution du pays.

Lexique des lutteurs, ascendance psychologique

Et lorsque le président Sall choisit de communiquer en wolof, il puise dans le lexique des lutteurs traditionnels : beuré (lutter), mbott (ceinturer), daan ou jeul (terrasser) … Tout est confrontation chez lui. La stratégie du faire peur, de bander ses muscles, est connue des lutteurs (à l’occasion des face-à-face) pour avoir une ascendance psychologique sur l’adversaire.

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Même les syndicalistes, y compris ses partisans et ses collaborateurs, n’échappent pas à la coulée de lave discursive. Des remontrances aux mises en garde, en passant par les menaces, Macky veut montrer qu’il est le maître du jeu. Et gare à ceux qui tenteront de lui résister. Il les regarde de haut et n’hésite pas à les écraser, chaque fois que le Léviathan sent que le rapport à l’autre lui est défavorable. C’est l’être des cimes, des hauteurs, accroché à son piédestal telle une abeille à sa ruche.

Communication violente et abus

Certes, le marketing politique nous enseigne que l’humour est efficace pour rallier les partisans et les indécis, mais la menace s’avère plus pertinente pour convaincre ses opposants politiques (Sonia Capelli, 2014). Mais tout abus est nuisible et la parole n’est pas à l’abri de la dépréciation lorsqu’elle suit la voie de la permanence, de la désacralisation, de la banalisation.

La communication violente du président Sall ne saurait être dissociée de l’image austère de l’Etat (le monstre froid), incarnée par le corps sacré. Renfrogné, bougon, grincheux, il a toujours le masque à portée… du visage. Il est sérieux…trop sérieux…Même quand il décide de nous ressembler (se mettant dans la peau de monsieur-tout-le-monde), en nous faisant rire, son humour vire au noir. Ses pas de danse (le numéro qu’il nous a servis au Centre Abdou Diouf), accompagnés, de poings fermés, montrent à suffisance que le président a un problème avec la spontanéité.

Il est dans la réactivité

La faiblesse de sa communication réside dans sa réactivité, en voulant répondre coûte que coûte à ses adversaires qui sont dans leur rôle de « destruction massive » de toute initiative de la majorité, susceptible de leur faire perdre la bataille de l’opinion. Cela l’expose, et le manque de sérénité se lit à travers certains glissements sémantiques maladroits qui brisent la carapace sacrée, le ravalant ainsi, au rang des hommes et des femmes ordinaires. Cette réactivité en fait un homme irascible.

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Son erreur est de croire que le silence est une marque de faiblesse face à une opposition qui bande ses muscles. C’est plutôt le compagnon des grands hommes qui ont compris que la meilleure des communications, est celle basée sur les résultats. L’action assèche la bouche et évite à la parole de couler. Et pourtant, c’est le président qui nous parle du Temps de l’action !

Clash permanent

La stratégie du clash permanent génère de la violence. La parole n’est plus policée, parce qu’elle est grosse de colère. Et par un effet d’entraînement, elle est reprise au rebond par le destinataire, qui la renvoie à l’expéditeur. Ainsi, la parole coléreuse, incapable d’appréhender la réalité qui ne se dévoile pas dans le brouillard des invectives, est l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.

Attention, le diable rode autour, il n’attend que le déclic pour habiter ces corps malades… de frustrations.

dmane@







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