Incroyable ! Ils ont osé franchir la ligne rouge avec leurs habits. Les candidats à la présidentielle du 24 février se sont «déshabillés» pour mieux incarner le pouvoir et l’autorité. A travers leur port vestimentaire, ils se racontent et racontent aux autres leur destin présidentiel. En politique l’habit fait le moine !
La politique contredit l’adage qui dit que «l’habit ne fait pas le moine». Par le port vestimentaire, l’acteur politique se raconte et raconte aux autres (les électeurs) l’histoire d’un destin présidentiel dont le récit commence au royaume de l’enfance pour se prolonger jusqu’à l’âge adulte, sans jamais quitter le chemin tracé. Et chaque pas qu’il fait est éclairé par une constellation d’étoiles, accompagnée d’une mélodie divine à la gloire de celui qui choisit l’élu.
L’habit fait le moine en politique ! Puisque le corps de l’acteur (politique) devient la scène où résonnent des ambitions à hauteur d’homme «exceptionnel» qui prétend se mettre au service de tout un pays, de ses populations, réceptacles d‘intérêts divers et variés.
Ce ne sont pas les cinq candidats à la présidentielle du 24 février prochain qui nous contrediront. Macky Sall, le président sortant, Madické Niang, El Hadj Issa Sall, Idrissa Seck et Ousmane, ont tenté de se conformer aux codes vestimentaires de notre pays. Aucun d’eux n’a osé défier ce code en vigueur qui a une signification sociale importante.
Les costumes arborés lors du premier temps d’antenne de campagne (Sonko et Madické (il a porté un costume à l’étape de Diourbel), ont vite été rangés dans les vestiaires au profit des grands boubous et autres anango, assortis de bonnets, de casquettes ou de chapeaux de campagne.
Boubou, symbole de sagesse
Parce que l’habillement assume une dimension symbolique chez les hommes politiques, le choix du grand boubou par les candidats est loin d’être anecdotique. Au-delà de l’élégance, il donne de la prestance. En arborant le grand boubou, assorti de bonnet, les candidats veulent renvoyer l’image d’homme politique mature, responsable et surtout plein de sagesse.
L’habit d’Idy pour séduire…
Le choix du candidat Idrissa Seck de l’arborer (boubou) systématiquement, découle de cette logique et surtout de la volonté de séduire les familles religieuses et un certain type d’électorat rural et urbain, proche des segments confrériques. Ce n’est pas étonnant de la part de quelqu’un qui mise beaucoup sur l’électorat mouride (Touba).
Mais, il n’est pas le seul. Macky Sall, le président sortant veut récolter les dividendes de l’autoroute Ila Touba. Ce n’est pas anodin s’il a démarré sa campagne électorale dans la ville religieuse, en portant le grand boubou mouride blanc (baye Lahat).
L’habit, marqueur d’identité
Comme quoi, les hommes politiques, lorsqu’ils y trouvent un intérêt électoral certain, n’hésitent pas à arborer des signes extérieurs d’appartenance à un groupe confrérique, ethnique ou régional, surtout lorsque celui-ci bénéficie d’une très grande audience.
L’habit du politique peut ainsi jouer le rôle de marqueur d’identité ethnique, confrérique ou régionale. L’enjeu ici est de ressembler à un vrai fils du terroir ou talibé.
Tout comme la parole, l’habit de l’acteur politique véhicule un message à travers une mise en scène corporelle, contribuant du coup à la lutte pour le pouvoir. Il dira si l’homme politique en question est un dictateur, un démocrate, un humaniste ou autoritaire.
L’habit permet au politique d’affirmer son leadership et de sacraliser sa fonction. Il reflète, à n’en pas douter, ce désir d’imposer respect et considération aux fins de gagner en crédibilité.
Le grand boubou, tout comme le costume-cravate ou sans cravate, en mode décontracté, permettra au politique d’incarner l’homme d’Etat.
L’anango, pour faire décontracté
En cohérence avec ses idées antisystèmes, le candidat Ousmane Sonko a arboré, en plus du grand boubou, le anango, assorti d’un chapeau de campagne, pour renvoyer l’image de quelqu’un de décontracté. Son port vestimentaire livre le récit d’un homme d’action, jeune, dynamique, pragmatique. Quelqu’un qui est venu balayer un système pour bâtir la République de «tous pour tous». C’est une tenue de travail. Son habit est aussi une invite à consommer local ou africain.
Issa, le style sobre, changement de paradigme
Le candidat Issa Sall, a aussi choisi un style vestimentaire sobre : le boubou, assorti de casquette aux couleurs du PUR. Cette sobriété vestimentaire traduit le pragmatisme et la volonté de changer de paradigme dans la gestion de l’Etat.
Madické, le dandy !
Chez Madické, c’est l’élégance. Il nous a servi un costume-cravate, assorti d’une pochette, le premier jour du temps d’antenne. La chaleur ne l’a pas empêché d’arborer le coustume-cravate à l’étape de Diourbel. A travers cet accoutrement, le candidat est animé par le désir de montrer qu’il est un homme d’Etat qui incarne le pouvoir, en dépit de ses traits de l’esprit (humour) qui font le buzz sur les réseaux sociaux.
Macky en boubou, un endurant…
Le candidat Macky Sall a choisi le boubou et la casquette aux couleurs de son parti, l’APR. Son port vestimentaire en dit long sur le pragmatisme d’un homme d’action et endurant. Il incarne le pouvoir, comme le montre la qualité des habits arborés.