« L’armée doit en toutes circonstances avoir une attitude républicaine. Elle doit toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. Un ordre illégal ne doit pas être exécuté. » (Macky SALL)
Le Sénégal, notre très cher et beau pays s’achemine, avec toutes les craintes justifiées ou non, vers une date plus que cruciale de son histoire. En effet, le 24 Février 2019, nous sommes appelés à nous rendre aux urnes pour choisir celui qui présidera pendant cinq ans aux destinées de notre nation.
Ce choix doit s’opérer dans le cadre d’un scrutin transparent, libre et démocratique. Cela implique la participation de tous les acteurs, notamment les membres des forces de défense et de sécurité. Seulement il est bon et fort utile de rappeler que le vote en tant que tel n’est que l’aboutissement d’un long processus qui, pour ce cas d’espèce, s’est déroulé sans le minimum de consensus nécessaire entre les différents acteurs du landerneau politique. Et, c’est malheureux et très regrettable d’avoir assisté à l’évacuation du code électoral consensuel de 1992 qui a été jeté aux orties par le Président Macky Sall dont le peuple attendait qu’il procédât à des avancées significatives et non à un recul.
Toujours est-il que, malgré les nombreux dysfonctionnements et autres anomalies notés, et qu’il faut en toute objectivité imputer aux autorités politiques et administratives en charge des élections, le peuple dans un élan de civisme affirmé et de citoyenneté affichée, a, de manière déterminée et sans équivoque, manifesté son ardent désir et sa réelle volonté de s’exprimer en cette occasion de délibération démocratique et de choix historique.
Les Forces de défense et de sécurité seront interpellées et éventuellement mises à contribution pour permettre à tout citoyen , ou qu’il se trouve sur le territoire national, de pouvoir s’acquitter de son devoir de vote et de jouir de son droit à le faire librement dans les meilleures conditions de sécurité. Quant aux autres formes d’entraves involontaires ou sciemment provoquées, elles seront constatées par qui de droit et auront les réponses appropriées.
Par rapport à leurs différentes interventions, les forces de défense et de sécurité devront convoquer la nature véritable des missions à elles confiées par le peuple, détenteur exclusif de la souveraineté légitime. Il s’agit de préserver l’unité et la cohésion de la Nation, d’incarner et de sauvegarder les valeurs de la République, de garantir la stabilité de l’Etat et de protéger le Peuple. L’ensemble de ces missions doit être exercé dans le strict respect des lois et règlements.
Dans le cadre de la présente élection vous serez énormément sollicités et devrez agir et intervenir en conséquence ; mais il faudra le faire avec mesure, dans la sérénité et la lucidité, avec la claire conscience d’exercer une mission de service public et surtout dans le respect des droits humains. En aucune circonstance vous ne devez-vous départir d’une posture républicaine qui, seule, vous permettra de bénéficier du respect, de l’égard et de la considération de vos concitoyens. Le jour du scrutin est un moment particulier ou l’atmosphère peut être volatile, ou les passions peuvent s’extérioriser et s’exacerber et ou enfin des affrontements peuvent surgir de manière imprévisible. Il vous appartiendra de prendre conscience non seulement de la dimension exceptionnelle de l’évènement mais aussi et surtout du fait qu’il s’agit d’une compétition entre cinq candidats d’égale dignité, soumis aux mêmes devoirs et obligations et jouissant des mêmes droits. Ils seront représentés dans les centres de vote par leurs mandataires, leurs militants et sympathisants. Aussi ne saurait-il être question de favoriser les uns par rapport aux autres. Vous devez être équidistants et jouer votre rôle de régulateurs et surtout d’arbitres dans la plus totale impartialité. Il est tout à fait clair qu’aucun trouble ne sera toléré d’où qu’il provienne et quels qu’en soient les auteurs.
Vous exécutez les instructions et agissez sous l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime ; cela veut dire en clair que vos actions, si bénignes soient-elles, doivent s’effectuer dans un cadre légal et sur ordre express de l’autorité hiérarchique. Tout acte pris ou réalisé en dehors de l’encadrement de ces deux conditions cumulatives expose son ou ses auteurs à des sanctions que déterminera la nature de la faute commise. Une fenêtre d’appréciation est ouverte pour juger de l’opportunité d’agir ou non. C’est ainsi que :
– Le militaire ne doit pas exécuter un ordre lui prescrivant d’accomplir un acte manifestement illégal ou contraire aux règles du droit international applicables dans les conflits armés et aux conventions internationales en vigueur.
– Les fonctionnaires de police ont un devoir de désobéissance quand l’ordre donné est manifestement illégal.
– Le fonctionnaire est délié de l’obligation d’obéir à son supérieur hiérarchique lorsque l’ordre donné est manifestement illégal.
C’est un devoir sacerdotal et un impératif moral que d’être loyal vis-à-vis de la Nation, de la République et de l’Etat ; par contre, il faut toujours éviter, dans la mesure du possible, de se mettre aveuglement au service d’hommes politiques souvent très prompts à faire montre d’ingratitude et à vous abandonner à votre sort ; la trahison est consubstantielle à la pratique de la plupart de nos politiciens. L’exemple collectif des policiers radiés et celui individuel de l’ancien commissaire central de Dakar sont suffisamment illustratifs de mes propos. Ce n’est point une incitation à la désobéissance, ce qui ne saurait prospérer dans des entités ou les gens sont astreints à la discipline la plus rigoureuse, mais plutôt s’agit-il de faire comprendre que l’on peut faire son travail avec rigueur sans pour autant verser dans des excès condamnables et très souvent préjudiciables aux simples citoyens. Les personnes s’en vont et les institutions demeurent.
Vaillantes forces de défense et de sécurité, vous devez comprendre que l’enjeu du maintien de l’ordre c’est de pouvoir conserver l’ordre établi par des méthodes modérées de coercition afin d’éviter le recours à la violence que suppose le rétablissement de l’ordre. La force publique est constituée pour assurer la tranquillité et la sécurité des citoyens et plus largement des populations. Elle est garante de l’efficacité des droits humains sacrés et consacrés de manière universelle. C’est la seule justification de son existence
Je ne saurais terminer sans vous adresser mes très vives félicitations pour l’excellent travail que vous accomplissez sur les différents théâtres d’opérations extérieurs ainsi que pour la protection des personnes et des biens.
Se mettre toujours au service du peuple, ne jamais se soumettre à un homme.
Dakar le 20 Février 2019
Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.
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