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The Big Five De Macky Ii

Le Président de la République, Macky Sall, a été réélu pour un deuxième et dernier mandat à la tête de l’Etat du Sénégal avec un taux de 58,27 % des suffrages valablement exprimés, selon la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv). L’opposition, tout en refusant de reconnaître sa victoire, a décidé de ne pas saisir le Conseil constitutionnel, l’instance suprême habilitée à donner les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Encore moins féliciter son vainqueur. Ce qui est dommage pour notre démocratie tant chantée et adoubée dans une Afrique où l’on peut compter les alternances sur les doigts de la main.

Abdou Diouf l’avait pourtant fait en 2000 pour Abdoulaye Wade et ce dernier n’avait pas non plus manqué de téléphoner à l’actuel Chef de l’Etat pour reconnaître sa victoire. L’opposition actuelle, quels que soient ses griefs, à tort ou à raison, aurait dû rester dans cette dynamique. Le Sénégal ne se porterait que mieux. Mais osons le dire : elle a raté le train de l’histoire.

Quant au Président Macky Sall, il ne devrait jamais perdre de vue qu’il y a 1.829.274 (soit 41,72 %) de ses concitoyens qui ne sont pas d’accord avec sa politique. Il lui appartient alors, en tant président de tous les Sénégalais, d’amorcer des ruptures pour son dernier mandat, un quinquennat, afin de faire du Sénégal un pays émergent. Nous retenons d’emblée cinq chantiers du « Macky II ».   

REFORMES INSTITUTIONNELLES

Dans sa volonté d’amorcer une rupture afin d’instaurer une gouvernance sobre et vertueuse, le Chef de l’Etat avait confié un travail à de dignes fils de notre pays en mettant en place une Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). Mieux, il avait même réussi à sortir le Professeur Amadou Makhtar Mbow de sa retraite pour mener à bien une telle mission. Il nous plait de rappeler les grandes lignes du décret présidentiel fixant les prérogatives au Pr Mbow et Cie.   

En tant que Président des Assises nationales, le Chef de l’Etat lui avait demandé d’«organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long terme, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie». Selon l’édit présidentiel, les propositions que la concertation soumettra à Macky Sall devraient prendre en charge les problématiques suivantes : le recentrage de l’Etat autour de ses missions régaliennes ; la consolidation de l’Etat de droit ; l’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire ; le renforcement de l’indépendance de la justice ; l’approfondissement de la démocratie représentative et participative ; le renforcement de la protection des libertés publiques ; le renforcement de la décentralisation et de la déconcentration; la territorialisation des politiques publiques ; la protection des valeurs positives de notre société ; la promotion de la bonne gouvernance, de la transparence et de l’éthique dans la gestion des affaires publiques ainsi que la culture de l’imputabilité ; la stabilité institutionnelle.

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Le Président de la République avait, en outre, souligné dans sa lettre qu’il fallait veiller, en se fondant sur l’expérience des «Assises nationales», à ce que «la concertation soit large, participative, inclusive, démocratique et ouverte à tous les segments de notre société : acteurs politiques de la majorité comme de l’opposition, société civile, secteur privé, Etat, collectivités locales et ordres religieux etc.». Qui plus est, elle «devra s’appuyer sur les principes et orientations du programme de «Yoonou Yokkuté» et s’inspirer fortement des conclusions des «Assises nationales» et, en particulier, de la Charte de gouvernance démocratique qu’il avait paraphée alors et qu’il s’était engagée à mettre en œuvre, s’il est élu».  Ce qui avait été fait avec brio par les membres de la CNRI avant d’être déchiré. A notre avis, ce ne serait pas impertinent de revenir à la raison et d’appliquer les résultats de ces travaux dont les réalisations auraient coûté plus de 800 millions F CFA.  

BONNE GOUVERNANCE

Toujours dans cette dynamique de redresser le Sénégal, après avoir sorti de sa désuétude la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), créée en 1981, le Chef de l’Etat avait aussi créé l’OFNAC. Toutefois, beaucoup de Sénégalais s’interrogent encore sur son utilité. Ce, à cause de ses pouvoirs plus que limités. Au-delà du départ controversé de Nafi Ngom Keïta, c’est l’utilité d’une telle instance qui se pose désormais avec acuité. Ainsi qu’en témoigne le refus systématique de plusieurs personnalités assujetties pourtant à la déclaration de patrimoine de s’appliquer cet exercice. Que dire également des différents «scandales» cités dans les médias. Les 29 milliards du Prodac, les 94 milliards invoqués par Ousmane Sonko. Sans occulter des nébuleuses qui entourent certains contrats notamment la commercialisation de l’eau à Dakar entre Suez et SDE, pour ne citer que celles-là. 

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APAISEMENT DE LA TENSION POLITIQUE ET SOCIALE

Macky Sall avait exprimé sa volonté d’apaiser la tension politique en accordant une amnistie à Karim Wade et à Khalifa Ababacar Sall, si nécessaire devant les caméras de la télévision française France 24. Ce qui serait loin d’être une mauvaise chose pour notre pays. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’a pas ce pouvoir et qu’il appartient à l’Assemblée nationale de le faire. Certes ! Mais, ce ne sera pas la première fois qu’un député est appelé à porter une proposition politique savamment pilotée depuis le Palais. Ce n’est surtout pas à Macky Sall qu’on va expliquer cela. Lui qui a été chassé du Perchoir par la loi Sada Ndiaye, suggérée depuis les bureaux de Me Abdoulaye Wade.

Elargir Khalifa Ababacar Sall de prison, le plus rapidement possible et ensuite faire introduire une loi d’amnistie pour effacer les infractions pour lesquelles Karim Wade et l’ancien maire de Dakar ont été poursuivis ne feront que renforcer notre démocratie et apaiser nos cœurs. Surtout qu’une telle loi permettra de repartir de zéro pour la Présidentielle de 2024 qui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, va se dérouler sans un président sortant. Macky Sall ne sera qu’un arbitre de sa bonne marche. Pourvu cependant qu’il ne morde pas à l’hameçon des Faucons qui théorisent déjà un aventureux troisième mandat. Mieux, cela étonnerait qu’une amnistie de Khalifa Sall et Karim Wade puisse créer un tollé à l’image de la loi Ezzan contre les supposés assassins de Me Babacar Sèye.

Enfin, Macky Sall gagnerait à revoir son entourage. Mais surtout les sorties maladroites de certains responsables, qui, dans un discours désinvolte, narguent les Sénégalais et leur donnent la nausée.  

DESIGNATION D’UN CHEF DE L’OPPOSITION

Pour renforcer notre démocratie, il ne serait pas futile non plus de faire droit à…un chef de l’opposition. Et sur ce point, il ne s’agirait de personne d’autre que d’Idrissa Seck, arrivé deuxième lors de la présidentielle avec 20,50 % des suffrages. Là aussi, Macky Sall devrait faire preuve de dépassement pour ne pas nous faire revivre l’épisode de 2001. Alors que tout le monde s’attendait à voir Moustapha Niasse arborer ce manteau, le pape du Sopi, déjà dans ses calculs de reconquête du pouvoir en 2007, nous sortira un faux débat sur deux chefs de l’opposition : Ousmane Tanor Dieng dont le parti (PS) comptait plus de voix (légitimité) et Moustapha Niasse (AFP) qui avait plus de députés à l’Assemblée nationale (légalité) grâce à un système dit Raw Gaddu (scrutin majoritaire). Ce qui avait fait qu’il n’a jamais été possible de désigner un chef de l’opposition même s’il faut rappeler que Me Wade avait promis de choisir celui qui aurait plus de députés après les Législatives de 2001. En l’occurrence donc, Moustapha Niasse.

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Mais, à notre avis, le Sénégal, étant un régime présidentiel pour ne pas dire de pur présidentialisme, Idrissa Seck s’impose de droit. Avec plus de 300 partis politiques, ce serait bien que le Chef de l’Etat puisse avoir un seul interlocuteur, surtout pour certaines questions hautement importantes.

DESEQUILIBRE TERRITORIAL

Un autre chantier attendu, c’est sans nul doute le déséquilibre territorial. Dakar est atteint de macrocéphalie urbaine. Avec la plus petite superficie de notre pays (550 Km2) ; soit 0,28 du territoire national, la capitale sénégalaise concentre pour autant plus de 80% des activités économiques du pays. Ce qui fait de Dakar, à la fois, la capitale économique, politique, culturelle, sportive, etc.

Les initiatives entreprises avec la nouvelle ville de Diamniadio dans le but de décongestionner Dakar, ne sont loin d’être mauvaises mais, ce serait encore mieux, si en plus de la politique de rapprochement des villages avec les villes, via des routes et des autoroutes, il y avait une autre visant à fixer les populations. C’est la seule façon de lutter contre cet exode qui tue nos campagnes et ruralise nos villes.







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