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Les Crimes De Karim

Les Crimes De Karim

La parenthèse présidentielle étant désormais derrière nous, quoi qu’on en pense, l’heure est venue de jeter un regard lucide et forcément sélectif, subjectif, et sans doute aussi partisan, sur les crimes politiques commis durant les sept ans de Macky 1. Évidemment, je ne parle pas des crimes de sang, mais politiques, avec des conséquences, à l’échelle de notre pays, de nos concitoyens, sans doute autant, sinon plus graves que les premiers : les crimes politiques qui dévoient et renvoient les rêves, dans des impasses tragiques. De ce point de vue, symboliquement bien sûr, Karim est le plus tordu des « serial killers » politiques.

S’il est vrai que les prémisses des crimes de la mandature 2012-2019, datent sans doute de 2010-2011, avec ce qu’on a appelé la « dévolution monarchique » du pouvoir, les victimes elles, n’apparaîtront qu’ultérieurement ; durant la gouvernance de Macky. Procédons à la manière des « enquêteurs criminels » et des « profilers », avec l’examen des preuves, « the évidences », ou éléments de preuves.

1/ Comme quasiment tous les tueurs en série, ils commencent d’abord par se faire la main, avec des animaux, des proches (amis et/ou parents). Le but, c’est de parfaire la méthode. Karim, avec ses fonctions de ministre du « ciel et de la terre » comme on l’a affabulé (avec quelques exagérations sans doute), imprime sa marque en régnant par la terreur vis-à-vis des collaborateurs du pater président (ministres et autres), le mépris de l’outil historique du père, le parti (PDS) en greffant dans sa périphérie, une monstruosité politique appelée « génération du concret ». Avec cette dose de mépris pour ceux qui ont permis à son père d’atteindre la station présidentielle ; avec une prétention « hors normes » (génération du concret qui renvoie tous les autres acteurs politiques des soixante dernières années au cirque préhistorique).

2/ Un père trop aimant et aveugle quant aux capacités de la progéniture, lui tresse des lauriers et lui attribue des qualités qu’il est sans doute le seul des «  sunugaliens » à voir, avec le célèbre « je dirai à ta mère que tu as bien travaillé ». Outre le fait que cette conférence de l’OCI fut la plus coûteuse, la plus gabégique, la plus mal organisée, le fiston aux qualités surévaluées, n’était pas le seul maître d’oeuvre de ce naufrage financier et organisationnel. Le pauvre secrétaire exécutif, Abdoulaye Baldé, avalera ainsi sa énième couleuvre  de ce festin gargantuesque. Le dernier étage de l’immeuble Tamaro devint ainsi le bûcher des ambitions des autres et aussi, le cimetière de plusieurs carrières…

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3/ Tout cela annonçait une plus grande tragédie : la défaite du père en 2012 et une retraite qui était loin d’être anticipée, mais bien méritée, après 26 ans d’opposition, de galère, de privations de toutes sortes et une récompense méritée de douze ans de pouvoir suprême. Le Pape défroqué, le jardinier de ses rêves commence sa descente aux enfers (comme les enfers de Dante). Mais, il y a des prédateurs, des prévaricateurs, qui refusent de payer seuls, leurs dettes. De rester dignes dans l’épreuve. Non, il faut qu’ils amènent dans leur chute des innocents et d’autres qui le sont moins : les parasitaires politiques. Il donne ainsi au nouveau « Maître du jeu », oui, celui là même qu’il voulait égorger sur l’autel de ses ambitions politiques : le « Macky » redresseur des torts, le justicier à la main ferme et au visage fermé est arrivé : les voleurs d’hier des deniers publics, vont passer à la case justice, avant d’aller passer de longues vacances au plus couru des réceptifs politico-touristiques de la capitale : Rebeus !

4/ Que nenni ! Le justicier se défroque lui-même, apeuré par son audace et l’ampleur des délits et du nombre des délinquants. Il abandonne la douce symphonie de reddition des comptes et autres mythes qu’on pensait fondateurs de son passage à la tête du pays. Il adopte la politique du coude qui cache les copains et coquins prédateurs, il use de la matraque pour accélérer la cadence du « déculottage -défroquage » des pilleurs d’hier. Ces vaches laitières qui ne demandaient qu’à partager leur lait, beurre et fromage illégalement accumulés, fermentés et bien planqués dans plusieurs paradis fiscaux. Ils iront brouter dans les nouveaux pâturages d’un berger qui se voulait plus patriotique que partisan. C’est le quatrième crime de Karim, notre « serial politicard killer » national.

5/  Le cinquième crime, sans doute le plus horrible de notre obsédé du pouvoir, c’est sans doute la situation dans laquelle s’est trouvé plonger le pays pendant  6 ans et onze mois du fait de sa saga politico-judiciaire. Les revendications et les urgences populaires se sont trouvées phagociter dans, et par, un combat pour la survie (de survie) d’un homme qui jamais de sa vie, n’apporta quelque chose d’essentiel au pays.

Il fit de son combat particulier, une quasi « cause nationale » ; il parasita toutes les activités politico-sociales, bref, il inonda de toxines la République et ses organes. Les partis politiques en premier. Une gigantesque prise d’otages fut organisée par le père et le fils. Dans leurs filets, d’abord le parti et ses structures, puis la « classe » politique avec une multitude de structures (FDR, FNR et autres F et R..). On garrota les cadres du parti dans des impasses. Leurs cris strictement politiques (code électoral, fichier, parrainage, etc.) finirent par devenir inaudibles aux oreilles d’un peuple fatigué par un quotidien qui était tout sauf paradisiaque.

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6/ Les partis politiques « oublièrent » qu’ils n’étaient pas que des outils électoraux, mais aussi et surtout des outils au service des luttes des populations pour l’amélioration de leur vie au quotidien. Ils oublièrent qu’un parti doit marcher sur deux jambes et non sur la seule béquille électorale ou politicienne, comme on dit abusivement. Ils désertèrent le champs des urgences populaires (emplois, chômage, alimentation en eau, bien-être de l’électricité, des routes et des pistes de circulation) ; on ironisa sur les bourses familiales et autres CMU, en oubliant que pour un pauvre, 500 FR, 1 000 FR et autres cent mille par trimestre, c’est une bouffée d’oxygène dans une vie perpétuellement au bord de la noyade… Oui, ils oublièrent que la vie se déroule TOUS les jours et non pas un mois sur sept (ou cinq), le calendrier électorale, démagogiquement  appelé « calendrier républicain ».

7/ Et aujourd’hui, toujours sur leur trajectoire électorale, ils n’abordent la question du dialogue appelé par le « vainqueur étonné de sa victoire » que sous l’angle…électorale ; des élections prochaines ; du code et de ses imperfections. Les urgences sociales attendront la fin des échéances électorales. L’emploi, l’école et ses abris provisoires en voie de pérennisation, les boulimies foncières et autres spoliations des terres des paysans et autres particuliers qui se sont saignés pour épargner, tout cela sera passé sous le silence criminel des ambitions politiques. Nos gouvernants continueront à monnayer nos ressources dans des opérations corruptrices (week-ends gratis, enveloppes dodues) pour spolier en toute indécence des citoyens qu’on était sensé protéger. C’est pourtant le serment d’un président élu. Et aussi, celui des partis politiques. 

8/ A ce niveau de mise à plat de nos errances durant les sept dernières années, je plaide coupable. Mais j’affirme aussi que d’une certaine manière, nous avons été tous, sinon coupables, du moins comptables de cette réduction, dilution, de notre espace de vie, aux errances, errements politico-judiciaires d’un « golden boy » improbable, qui voulait faire de la République un royaume, hériter du pouvoir au lieu de le conquérir dans l’adversité et les sacrifices.

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De ce point de vue (c’est en fait le prétexte de cet édito), pour avoir voulu s’opposer à cette succession familiale décrétée, Me Madické Niang a sauvé l’honneur de milliers de militants qui ont donné de leur temps, de leur sang, bref, de leur vie, pour construire contre vents et marées, l’outil PDS qui leur a conduit à l’Eden du pouvoir pendant douze longues années. Son modeste score n’est pas aussi ridicule au regard de l’acte posé : sauver un patrimoine contre un fondateur grabataire et un héritier indigne.

Il a tenté de dire aux milliers de militants encore sous influence d’un « Vieux Pape » : « le PDS, c’est nous, et son avenir, n’est pas Wade, encore moins l’usurpateur ». Sa décision de créer un parti dans les flancs et à la périphérie du grand malade PDS, va réveiller de leur torpeur, des milliers de cadres et de militants, qui savent le parti malade, le vieux grabataire, le fils inapte pour une opération de survie. Ces cadres-là, à moins de rejoindre le parti au pouvoir la queue entre les jambes, à défaut de reconstruire un PDS de combat, de construire une autre formation politique avec les valeurs du PDS du « Sopi », sans les avatars du PDS dégénéré au contact de la gestion des affaires de l’Etat. Madické sera-t-il cet homme là ? Bien sûr, il ne sera jamais Maître. On lui demandera seulement d’être le bâtisseur d’un nouvel outil au service de ses ambitions.

Allez, pour ne pas changer, le pays est à l’arrêt dans l’attente d’un gouvernement où tout le monde ne pourra officier mais qui fait saliver des centaines des candidats. Après, on parlera élections locales de Décembre prochain, on dissertera sur des législatives anticipées et des couplages, découplages, meurtres ou non d’institutions (HCCT, Sénat…), amaigrissement ou non du gouvernement, appels d’offres ou non pour la nomination des DG et autres Directeurs nationaux.

Quelqu’un peut-il me dire où sont les urgences sociales, populaires là dedans ? Ils vont nous emmerder encore les cinq prochaines années avec leurs objets de jouissance préférés : les élections et ses dérivées. Merveilleux pays que nous avons là !

dndiaye@seneplus.com







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