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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Parlons Serieusement !

Depuis la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle, nous avons respecté la trêve républicaine. Nous avons attendu, dans le recueillement, le déroulé des mécanismes institutionnels consécutifs à l’élection du Président de la République. Nous avons assisté, sagement, au défilé du 04 avril en hommage à nos Forces de Sécurité et de Défense. La fête a été belle… Tout cela cependant, en restant des observateurs attentifs des variations dans le discours de certains néo zélateurs, voire des appels du pied insistants, voire indécents, des nombreux aspirants à des strapontins gouvernementaux ou autres… Tout cela en regardant, amusés, les coups de coude que commencent à se donner, déjà ( ?) les nombreux « alliés de circonstances… » Si ces signaux persistent, le quinquennat risque d’être long et tumultueux pour certains…

En attendant d’y voir un peu plus clair, à la faveur de la mise en place progressive des équipes du second et dernier mandat, un coup d’œil furtif dans le rétroviseur s’impose. Regarder dans le rétroviseur ce n’est pas regarder en arrière,  vers le passé. Ce serait plutôt une précaution pour engager l’avenir. Le rôle du rétroviseur c’est, en effet, de prévenir les erreurs à venir par une exacte photographie des fautes de conduite pouvant surgir de l’arrière (du passé ?) Pour mieux aller de l’avant.

Les résultats sortis des urnes le 24 février 2019 ont révélé, encore une fois, que le Peuple sénégalais n’est pas, majoritairement, à l’image des foules hagardes, transportées de meeting en meeting, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. Notre peuple n’est pas, non plus, à l’image de ce Sénégal médiatisé, artificiel et mal occidentalisé, qui s’épuise en imitations caricaturales d’un modèle décadent. Notre Peuple, majoritairement silencieux est très mature. Croyant mais non servile. Profondément attaché à ses Guides religieux, il garde sa liberté de se choisir des dirigeants  dans l’ordre temporel. On le voit aux résultats, même biaisés par la corruption et autres méthodes déloyales, l’électeur sénégalais ne se laisse pas distraire lorsque vient l’heure de s’exprimer sur son choix d’avenir. Ayant dit leur fait et, comme d’habitude, les sénégalais ont continué à vaquer à leurs occupations. Tout en sachant exactement le sens de leur vote. De mon point de vue, le défi lancé à toute la classe politique est celui-ci : comprendre le message du Peuple et aller dans le sens de ses aspirations  profondes. Politiquement, la majorité absolue qui s’est dégagée le 24 février au soir n’est pas celle que l’on croit. Pour preuve, ni le camp du Président élu, ni celui de l’opposition n’ont eu le cœur ou une raison de se réjouir, de fêter ou de déferler dans les rues. Car les résultats renvoient, dos à dos, les offres politiques présentées avec un certain avis de recevabilité à celle formulée, pour une première tentative, par le benjamin des candidats Ousmane SONKO. Prime à la jeunesse et à la nouveauté ? Ousmane SONKO devra faire la preuve de son ancrage, dans la durée, pour devenir la locomotive d’une relève générationnelle inéluctable.

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Parlons un peu des résultats du 24 février 2019 : Le Président Macky Sall a été réélu à 58,26% des suffrages valablement exprimés. Soit 2.555.426 voix. On peut considérer qu’il a fait le plein des voix qui lui sont favorables. Le nombre de suffrages valablement exprimés est de 4/386.139 voix. Le total des voix de l’opposition  est de 1 830 713 voix. Soit autour de 41,73%. Même si le taux de participation est qualifié « d’exceptionnel », 66,27%, le nombre de sénégalais qui se sont abstenus est trop important pour laisser indifférent : 2.254/363 citoyens sur les 6.683.043 n’ont pas voulu, ou n’ont pas pu, exercer leur devoir civique. Cette situation mérite d’être analysée en profondeur, ce qui n’est pas mon propos ici. Cependant, et en attendant que des voix plus autorisées analysent les implications possibles, en termes de probabilités du vote du « Parti des abstentionnistes », quelques remarques de bon sens s’imposent :

Lorsque l’on additionne le total des voix de l’opposition aux voix de ceux qui se sont abstenus, on obtient : 4.085.076 voix qui ne se sont pas portées sur le Président Macky SALL, élu le 24 février 2019. Même si rien n’indique que les voix de l’abstention se seraient portées sur l’un des quelconques candidats de l’opposition, la certitude est qu’elles ne se sont pas portées sur le Président élu. Ainsi, plus de 4.000.000 de sénégalais, en âge et en droit de voter, n’ont pas accordé leurs suffrages au Président Macky SALL. Autrement dit, la majorité des électeurs n’a pas voté pour le candidat élu ! Ceci est un fait qui expliquerait, entre autres, le silence assourdissant consécutif à la victoire du Président Macky SALL. Un silence de plomb qui dure et qui devrait nous interpeller et nous faire réfléchir sur notre « modèle démocratique » qui semble à bout de souffle et qui doit nécessairement se réinventer. Un sujet pour la concertation ou le dialogue national ?  

Inversement, les voix abstentionnistes (2.254.363 ) sont supérieures aux voix cumulées de l’opposition (1.830.713), cela peut signifier une défiance vis-à-vis des offres politiques alternatives présentées ou alors d’une lassitude générale qui gagne de plus en plus les citoyens de notre pays. Ce signal est préoccupant. Il va falloir que les différentes coalitions se donnent les moyens d’analyser en profondeur ce phénomène grandissant d’éloignement des citoyens de la chose politique. Sinon, ils pourraient répondre à l’appel de sirènes malfaisantes…

Ne prenons donc pas cette césure à la légère. Car, et comme bien souvent dans notre pays et sur des sujets importants, les bavardages sans lendemains risquent de nous boucher l’horizon. Pour dire que, quant au fond les maux du Sénégal se résument en un seul mot : SÉRIEUX ! Parlons-nous sérieusement.  Abordons les questions, des  plus compliquées aux plus simples…sérieusement. Mettons en œuvre les solutions sérieusement. Prenons au sérieux les tâches qui nous sont confiées au service du pays. Arrêtons les flagorneries, le culte de l’apparence et le goût du gain facile. Ne confondons pas ruse et intelligence créatrice. Redéfinissons les paramètres de la « réussite »… Tempérons les ardeurs  des flatteurs, des opportunistes, des menteurs, des tricheurs…. Soyons SÉRIEUX et tout ira mieux ! Ce message s’adresse aux élites dirigeantes, aux fonctionnaires, aux juges, aux chefs d’entreprises de presse, à certains guides religieux… Principalement. A nous tous. Collectivement.

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Nous restons, quant à nous, dans le sens de l’Histoire des Résistances séculaires de notre Nation : une profonde aspiration à l’Indépendance, la vraie ! une quête constante de dirigeants vertueux, patriotes et ambitieux, au-delà de tous les possibles. Des dirigeants qui participeront à effacer les frontières entre pays africains pour ouvrir des espaces économiques et politiques forts, capables de défendre l’homme noir lorsque, humilié sur des terres où il a été transplanté, par la force ou par la nécessité, il cherche du regard la terre mère.

Nous croyons en une Afrique nouvelle, décomplexée et conquérante. Et nous avons foi. Car les bourgeons de nos espérances commencent à défier le temps et annoncent la saison imminente des cueillettes victorieuses. Un dialogue sérieux permettrait d’arroser abondamment les plants pour demain ! Est-il raisonnable de le refuser par avance ?

Enfin, nous félicitons le Président élu Macky Sall, suite à sa prestation de serment. Nous faisons partie des 4.000.000 de sénégalais qui n’ont pas voté pour lui. Nous ne lui souhaitons pas pour autant d’échouer. Dans la configuration actuelle du « système », il a, en effet,  gagné. Le reconnaitre ce n’est pas une capitulation. Juste du réalisme.

Lors de son premier mandat pour lequel nous n’avions pas voté pour lui non plus, nous avons régulièrement exprimé, à visage découvert, nos points de vues, différents et bien des fois divergents. Dans le strict respect des convenances républicaines. Et nous ne nous sentons pas seuls parmi 4.000.000 d’électeurs sénégalais ne l’ayant pas choisi. Mais, et le Président Macky SALL l’a dit, le Président de La République ayant prêté serment « devant Dieu et devant les hommes », est celui de tous les sénégalais. Il devra, plus que par le passé, en administrer la preuve en passant de la parole aux actes au cours de son dernier mandat. Et d’abord en respectant sa parole de convier le pays à un dialogue inclusif, franc, transparent et sincère. A l’entame de son dernier mandat, il doit cependant donner des gages. Car nul ne peut effacer de notre mémoire les péripéties du septennat précédent. Même s’il n’est plus nécessaire de rabâcher des détails connus de tous. Mais le Président de la République et ses plus proches collaborateurs savent que, tant l’opposition que de larges franges de la société civile et de la classe politique ont exprimé, par toutes les modalités possibles, leurs avis à toutes les étapes du processus ayant mené au référendum, puis au parrainage, puis à l’élection présidentielle…

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Mais l’obsession du second mandat avait été au dessus de toute autre considération. Un immense fossé s’est donc creusé entre le Président de la République, ses alliés et l’opposition fortement malmenée par des poursuites judiciaires, des interdictions de manifester et toutes sortes de vexations peu républicaines. Il va donc falloir rassurer et restaurer la confiance pour rendre crédible l’appel au dialogue. Si la volonté d’aller de l’avant est réelle, le Président de la République doit prendre des initiatives de rapprochement avec les leaders les plus représentatifs de l’opposition sénégalaise. Ils sont identifiables par les résultats obtenus aux dernières élections présidentielles. En sus d’autres critères de pondération pour atteindre un quorum suffisamment représentatif. Des démarches préparatoires pourraient être engagées par des personnalités consensuelles ayant à cœur les intérêts supérieurs du Peuple sénégalais.  Il en existe encore. Des termes de références, sur la portée et le champ d’application des accords issus du dialogue, devraient être rendus publics après avoir été partagés avec les différentes forces vives de la nation dans des délais de consultations contraignants.

Alors, si la volonté du Président élu est de rentrer dans l’Histoire, il sait exactement ce qu’il lui reste à faire. Ce dernier mandat lui donne l’opportunité de corriger les nombreuses distorsions du septennat précédent. Il lui revient d’être le Président de tous les sénégalais et non essentiellement celui de l’APR, de la coalition BENNO ou des 2.500.000 sénégalais qui lui ont accordé leurs suffrages.

Cela étant dit, et en politique, le sens de l’initiative ne doit pas être laissé qu’au Pouvoir. L’opposition doit jouer son rôle de proposition et d’anticipation suite aux âpres adversités  de la campagne électorale.  La coalition Idy2019  et Sonko Président regroupent les principaux leaders de l’opposition. Ces regroupements doivent anticiper sur les termes de références d’un éventuel dialogue politique. Ils doivent prendre au mot le Président de la République et avancer des propositions concrètes en prenant l’opinion publique nationale et internationale à témoin. Car la nature a horreur du vide. A défaut, il sera toujours loisible au Président et à ses alliés de remplir une salle et de dérouler un « dialogue sur mesure » si les leaders confirmés par les urnes le 24 février 2019 répondent absents. N’oublions pas que 300 partis politiques légalement constitués hantent le Sénégal et que la légalité ne s’encombre pas souvent de légitimité.

Pour ce qui nous concerne, nous reconnaissons au Seigneur des Mondes la Puissance d’accorder à qui Il veut la responsabilité de la conduite des affaires de ce monde. Lui,  n’impose cependant à personne de taire ses points de vues ni de ne point les défendre. Que ce droit nous soit reconnu et que le dialogue tant attendu et tant de fois avorté se tienne enfin… Sérieusement ! Dans la Vérité et dans la Droiture.

Pour le Sénégal ! Pour nos enfants !







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