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N’enterrez-pas Les Jeux De La Francophonie !

Alerte aux chefs d’état ayant le français en partage

De mauvais vents nous rapportent avec une immense tristesse que « Les Jeux de la Francophonie » seraient menacés de disparition. Nous refusons d’y croire ! Il y faudrait un autre mot français que « sacrilège », pour dénoncer une telle irresponsabilité, si ces Jeux étaient suspendus ! Tous les États membres de la Francophonie sont ici interpellés ! Au commencement, dit-on, la Francophonie était « sainte » ! Depuis, nous sommes passés des chemins de coton aux chemins de pierre de rail ! Une rampante instabilité et un malaise têtu semblent s’installer au sein de l’Oif !

L’arrivée récente de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwaba à sa tête, fait encore penser aux vraies raisons qui ont conduit au choix du Président français Emmanuel Macron de la mettre sur le fauteuil de l’Avenue Bosquet ! Malgré toutes les suspicions et les non-dits autour de ce sacre qui a fait saliver, notre intime conviction est que le débat est ailleurs et que cette femme africaine venue de la sphère anglophone -cela étonne forcément- pourrait déverrouiller bien des portes et c’est là l’essentiel, c’est à dire sortir l’Oif de son insolente bureaucratie, de ses missions désincarnées, pour en faire un visible et attrayant outil de développement économique et de rencontre culturelle et artistique au service d’une famille francophone aujourd’hui si délaissée !

Et pour mesurer de plus près combien cette famille sait être prodigieuse, il faut avoir vécu au cœur des Jeux de la Francophonie. « Quand la jeunesse, le sport, la culture, les arts, s’allient pour témoigner de la force et de la solidarité francophone, cela donne une merveille de brassages, révèle des fraternités insoupçonnées, prouve que construire un monde de paix et de solidarité est possible ! C’est tout cela « Les Jeux de la Francophonie » quand vous avez l’opportunité de les vivre à Beyrouth, Abidjan, Casablanca-Rabat ! Il n’existe pas d’autres plus puissants leviers d’actions, de preuves du vivre ensemble, de foi partagée, que les « Jeux de la Francophonie » ! Il faut les vivre pour se dire : oui, la Francophonie n’est pas un leurre !

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On le répète partout aujourd’hui : la Francophonie ne fait pas sourire. Elle fait rire ! Elle ne fait pas sérieux ! Elle n’est pas une réalité dans les deux grands pays qui la portent : la France et le Québec ! Les grands Sommets francophones considérés comme pompeux et pillards, font encore plus douter d’elle ! Par contre, ce qui apaiserait le plus dans la Francophonie, c’est cette rencontre physique, humaine, touchante, vibrante de milliers et de milliers de jeunes venus de tous les horizons et qui, à travers des compétitions culturelles, sportives, artistiques, se rencontrent, échangent, débattent, dorment ensemble, vivent ensemble, vibrent ensemble, pleurent ensemble, rient ensemble, espèrent ensemble ! Pour avoir été souvent au cœur de ce bonheur humain rare, nous avons adopté ces « Jeux ».

Nous les défendons ici. Nous savons que notre terre n’est pas belle au regard des rejets, des égocentrismes, des haines, des enfermements, des replis et des postures politiques odieuses qui l’agressent. La Francophonie est une chance ! Nous avons appris à croire et à aimer cette formidable communauté que les « Jeux de la Francophonie » restituent dans toute sa grandeur humaine et solidaire ! Avant l’économie, il faut d’abord croire à la capacité de l’homme de créer des liens de proximité et de beauté. La jeunesse est le plus beau trésor de la Francophonie et les « Jeux de la Francophonie » en sont le vivier, l’arbre de vie. Ces « Jeux » sont une patrie ! Oui, les « Jeux de la Francophonie » ont fait de la Francophonie une attraction thermique. Ils lui ont donné une âme.

Cette fête de la jeunesse est le seul lieu où la Francophonie est oculaire, n’apparait pas comme un triste imaginaire et arrive sans maquillage ! Sinon, elle reste une île froide et lointaine qui s’arrête aux 19-21 de l’Avenue Bosquet dans le 7ème Arrondissement de Paris ! La Francophonie était une prophétie. Elle ne s’accomplira pas en enterrant les « Jeux de la Francophonie » ! Ces Jeux, lieu unique de dialogue, de rencontre et d’enrichissement, ne sont pas négociables ! Nous refusons d’être muets ! La Francophonie, finalement, devient de plus en plus non le reflet de ceux qui la composent, mais plutôt de ceux qui la regardent mourir.

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La France a une terrifiante responsabilité dans ce jeu de quincaillerie ! Puisse-t-elle aider à réinstaller la Francophonie sur le chemin de la grandeur de ses cultures, de la splendeur de sa langue en partage. La France n’aura pas meilleure vocation que de nourrir la flamme de l’esprit ! C’est à la fois son précieux héritage et son devoir de responsabilité devant le futur ! Face à l’Afrique qui se rebelle, c’est à dire qui refuse de mourir, c’est à la France de prouver son respect pour elle, au regard de sa pénible histoire coloniale qu’elle assume de plus en plus avec des leaders d’un nouveau temps du monde – Emmanuel Macron s’entend qui ont arraché de leur bouche, avec courage, le mors des anciens ! Nous demandons à la France de contribuer à sauver les « Jeux de la Francophonie » ! Ils sont le tambour et l’arche d’alliance de notre famille francophone ! La belle Côte-d’Ivoire, en 2017, a abrité les 8èmes Jeux de la Francophonie ! Elle a honoré notre famille. Ce fut une réussite sans nom !

 Le Sud a appris à faire mieux que le Nord ! L’organisation des Jeux de la Francophone nous en a donné de très solides exemples. L’on se souvient encore du naufrage des Jeux francophones de Nice ! Mais nous sommes ensemble et dans l’échec comme dans la réussite ! C’est cela une vraie famille ! Nous avons tous appris que le Canada Nouveau Brunswick s’est désengagé pour l’organisation des 9èmes Jeux de la Francophonie pour 2021. Il faut alors, très vite, trouver un nouveau pays d’accueil et cela fait désordre ! D’où l’idée, désormais, de réfléchir à la combinaison de l’élection du pays hôte des Jeux et d’un pays second pour parer à un éventuel désengagement. Notre espace francophone a trop mal ! Nous devons resserrer les rangs. L’Oif, dit-on, donne aujourd’hui l’image d’une organisation qui serait gouvernée par un conglomérat constitué comme « lors d’une rafle » -l’expression hilarante est de Barbara Botton-. Si l’immense jeunesse et la prodigieuse communauté francophone de penseurs, chercheurs, professeurs, écrivains, artistes, poètes, entrepreneurs, paysans, pasteurs, pécheurs, ont du talent et du génie et que l’Oif n’a ni talent ni génie, la cause est perdue !

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Le talent, le génie, l’envie, il faut les avoir des deux côtés ! La Francophonie politique est incontournable, mais elle est apparue comme trop dominante, rance et démobilisante ! Nous souhaitons qu’elle soit plus créatrice. Le temps et les acquis ont démontré avec ces « Jeux », que la Francophonie accomplissait le meilleur des rêves de sa communauté et prouvait ainsi l’élan et la force irremplaçable de sa mission. Nous demandons un investissement financier moins massif dans la politique, des missions régaliennes moins shootées à la politique, mais une vision plutôt porteuse de richesse, de prospérité, de culture, d’art, de création, d’échanges, de partage. Sauvons les « Jeux de la Francophonie » ! Ils participent les premiers à « faire connaître l’originalité des cultures francophones dans toute leur diversité et développer les échanges artistiques entre les pays francophones ». Il nous semble défendre et porter ici une cause qui engage la vie contre la mort ! Puisse la Francophonie choisir la vie !

Amadou Lamine Sall est Lauréat des Grands Prix de l’Académie française







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