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Le Journaliste SÉnÉgalais, Une Vie De ForÇat

Le Journaliste SÉnÉgalais, Une Vie De ForÇat

Le 1er mai, Fête du travail, les journalistes ont couvert les différentes activités des travailleurs. Quand les autres « festoyaient » et profitaient d’un jour de repos, les pisse-copies, eux, se faisaient donc l’écho des doléances des travailleurs des autres secteurs d’activité. Ils sont dans leur rôle. Le journaliste est « la voix des sans voix », pour parler de manière triviale. Seulement, il se trouve qu’au même moment, certains journalistes vivent un drame social pire que celui auquel sont confrontés ceux dont ils se font les relais des revendications.

En effet, le vécu social de certains confrères dans les rédactions dépasse les limites de la précarité. Bamba Kassé, secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), lors de la remise des cahiers de doléances au président de la République, n’y est pas allé avec la queue de la louche. Dans son discours, véritable pamphlet contre les patrons de presse, il a peint la misère dans laquelle patauge une grande majorité des journalistes sénégalais. Allant même jusqu’à qualifier les employeurs de « bandits à col blanc ». On ne peut que donner raison au Sg du Synpics.

En effet, bon nombre de journalistes ne savent pas à quoi ressemble un contrat de travail, encore moins un bulletin de salaire. Cotisations à l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), à la Caisse de sécurité sociale (Css), prise en charge médicale dans un Institut de prévoyance maladie (Ipm) ? N’en parlons pas, c’est faire trop de privilèges à ces forçats. Affectés aux tâches les plus pénibles, les journalistes sénégalais n’ont aucune assurance d’être payés à la fin du mois. Leur seule consolation : voir leur nom étalé au bas des articles de presse. Pourtant, les journalistes sont ceux qui font tourner les rédactions.

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De véritables souffre-douleur, taillables et corvéables à merci par des patrons cupides. Une violation éhontée de la Convention collective des journalistes que les acteurs eux-mêmes refusent d’évoquer ouvertement par pudeur. Et pourtant, « violer un tabou, donne du pouvoir », dixit David Homel. Pour justifier la situation de précarité des journalistes, on évoque l’environnement difficile et le modèle économique désuet des médias. Certes, mais comment se fait-il que seuls les journalistes en ressentent les contrecoups ? Car, au moment où ceux-ci ne voient même pas la queue du diable pour la tirer, les patrons de presse, eux, vivent dans une certaine « opulence ». Et on ne les entend que lorsque le butin de l’aide à la presse tarde à être partagé. Certains se comportent en véritable satrape. Avec une belle régularité, ils s’essuient allégrement les pieds sur les droits de leurs employés, dépassant sans s’arrêter le stade des états d’âme et des cas de conscience. Il me vient à l’esprit l’exemple de cet ancien journaliste devenu un magnat de la presse aux affaires supposées florissantes au point de rêver d’un destin présidentiel avant que l’implacable tamis du parrainage ne le fasse redescendre de son nuage. Lorsque les employés de son groupe de presse ont voulu mettre sur pied un syndicat (minimum syndical pour toute entreprise qui se respecte), le bonhomme rogue et pontifiant à souhait, les licencie sans crier gare. Et dire qu’une quinzaine d’années plus tôt, lui-même avait été renvoyé du groupe de presse qui l’employait pour avoir osé émettre l’idée, avec d’autres confrères, de la création d’un…syndicat.

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Défense de rire. Quid de ce patron d’un groupe de Btp propriétaire d’un journal dont les salariés sont restés 18 mois sans solde et qui, un beau jour, a déclaré faillite juste pour se débarrasser de quelques poils à gratter avant de créer, dans la foulée, un autre journal ? Voilà un échantillon des patrons auquel les journalistes sénégalais, très souvent, font face. Nous dit-on, une nouvelle Convention collective des journalistes et des techniciens qui revalorise le salaire minimum a été déposée au Greffe du tribunal du Travail depuis 2018 et n’a pas a été encore appliquée par les patrons de presse.

Comment des gens qui peinaient à appliquer l’actuel texte plus souple peuvent-ils mettre en oeuvre une nouvelle disposition plus contraignante sur le plan financier ? Tout comme le Code de la presse dont les décrets d’application tardent à être publiés, il y a peu de chance que la nouvelle Convention collective soit appliquée. Il est temps que l’Etat, jusqu’ici trop passif sur la question, s’intéresse à ce qui se passe dans le milieu et sévisse si besoin. Car, angélique et noble que soit ce métier, difficile de l’exercer et de prétendre à une presse libre et responsable lorsque les acteurs qui l’animent végètent dans l’indigence







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