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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Pour Un Service Civique Obligatoire

Les pays africains colonisés jadis par la France sont parmi les plus pauvres du continent. Burundi, Madagascar, République centrafricaine, Niger etc. rivalisent de pauvreté, leurs habitants manquent presque de tout. Pourtantce n’est pas que les Belges ou encore les Anglais ont été plus tendres ou moins pillards que les Français durant la colonisation. Mais, comme l’historien anglais George Martelli l’a suggéré dans l’ouvrage « De Léopold à Lumumba » et un conseiller du roi belge, Léopold II, avant lui, la France a réussi à mettre en place un système d’assimilation qui  non seulement lui garantit une mainmise dans le temps mais qui également ne laisse aucune place à des leaders de la tempe de Patrice Lumumba dans « ses » territoires. L’impérieuse DECONSTRUCTION qui devait suivre la décolonisation ou encore l’indépendance n’a jamais eu lieu dans ces pays que la France continue à vampiriser.

Pourquoi le Sénégalais est plus enclin à défendre son marabout que son pays ? Il connait mieux son marabout et son pays ne fait presque pas grand-chose pour lui, contrairement à celui qui pourrait lui ouvrir les portes du paradis. Pour le Sénégalais de Fongholémy, qui n’a jamais fait l’école, le Sénégal n’existe que quand l’équipe nationale joue. Pour celui-là, patrie ne peut sonner fratrie. Ce qui importe, qui mérite d’être préservé, ne peut être en dehors du cadre familial. Ainsi, la rue devient « mbedou Bour » et, par ailleurs, on peut tout casser car, « c’est l’Etat qui paie ». Ce détachement avec l’Etat qui est compris comme une entité supra personnelle voire étrangère, explique le comportement du chauffeur qui engage son véhicule sur une passerelle. Tout comme il explique le manque de civisme et de discipline qui ne singularise même plus au Sénégal.

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Mais, ce n’est pas que l’analphabétisme qu’il faut mettre à l’index. C’est le collégien qui appelait à tout casser car, « c’est l’Etat qui paie », qui détourne et vole les deniers publics une fois devenu Président, ministre ou directeur. Ce n’est pas l’exercice d’une fonction ou l’âge qui change le rapport que le Sénégalais a avec l’Etat. Comme le suggérait le professeur Cheikh Anta Diop, la Culture du suivisme ne peut être obsolète sans une école qui substitue l’assimilation à l’appropriation. Etudier l’Arabe, l’anglais ou le français mais pas le sénégalais (wolof ou autres) a participé à renforcer la distance entre l’Etat étranger et le citoyen autochtone. Tout comme la Constitution, l’hymne national, l’administration et tous les autres symboles de l’Etat moulus dans les escarbilles de la colonisation constituent une barrière entre le Sénégalais et son pays.

Imprégné de cette situation, Macky Sall dont on dit qu’il est né après « les indépendances » était attendu sur cette question de souveraineté mentale. A l’arrivée, Macky Sall s’est adressé à la Nation en français et a fait du sujet une question de civisme «La citoyenneté est mise à mal si l’espace public est occupé sans titre ni droit, au risque de poser de graves problèmes d’encombrement, d’insalubrité et de sécurité publique. Quand, enfin, le bien commun n’est pas respecté et que les symboles de l’Etat, de la Nation et de la République sont ignorés. Nous ne pouvons, mes chers compatriotes, nous résigner face à cette situation», disait-il lors de son discours à la Nation, le 3 avril dernier. Comme le président Senghor, le leader de l’APR a choisi son camp.

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Pourtant, à défaut de changer les programmes scolaires, qu’il faut « sénégaliser », l’instauration d’un service civique obligatoire est devenue plus qu’une nécessité. Eduquer les Sénégalais en dehors de leur cadre familial plus qu’opportun. Comme cela se passe dans certains pays, aucun jeune ne devrait avoir plus de 20 ans sans avoir au préalable fait un service civique national d’au moins 15 mois. En plus d’être plus discipliné à la fin, le Sénégalais serait plus outillé et donnerait un sens à la patrie.







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