« Panser l’Afrique qui vient ou Penser l’Afrique qui vient » c’est selon (sur la couverture, le flou est entretenu avec A et E en même temps), c’est le titre de l’essai de Hamidou Anne.
L’auteur né en 1983 à Dakar est un ancien élève des Ecoles Nationales d’Administration (Ena) du Sénégal et de la France. C’est en marge de la préparation de sa thèse en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint Louis qu’il sort cet essai qui est son premier livre.
Réputé provocateur, Hamidou Anne se met à nu dans le premier chapitre du livre. D’abord en déconstruisant l’idée selon laquelle « la jeunesse » du continent africain est un « potentiel ».
« Faux! » assène t-il. Pour Hamidou, « la lucidité impose de sortir des catégories optimisme ou pessimisme et de photographier le continent tel qu’il est ».
Et le continent comme il est, Hamidou en parle à l’aune de l’amour tyrannique qu’il lui voue. « Un amour tyrannique » est d’ailleurs le titre du premier chapitre de cet essai de 95 pages, découpé en sept chapitres dont un sobrement consacré aux remerciements.
Mr Anne avertit afin probablement d’éviter tout malentendu que son œuvre a un « caractère réfractaire à l’équilibre. C’est un récit partisan, excessif, virulent mais assumé ».
Pour lui, « La jeunesse africaine est un prétexte ». Elle valse « Entre terrorisme et immigration : un désespoir criminel ». Et que dire des nouvelles opportunités offertes par les technologies de l’information et de la communication et de l’entreprenariat présenté comme la panacée pour la jeunesse africaine ? Sans préavis, il déclare « Smarts, Accusés, Levez – vous ! » Par l’expression « Smarts », Hamidou fait référence à l’expression de Jacques Parizeau, premier ministre du Québec 1994 – 1996. Il fait référence à la jeunesse privilégiée d’Afrique qui tourne le dos à la politique alors que pour Hamidou Anne, il faut tout faire « Pour un éloge du politique ». Ce qui entre dans la droite ligne du texte qu’il avait écrit dans l’ouvrage collectif Politisez-vous.
La contribution de Hamidou Anne, intitulée La politique pour inaugurer de nouvelles utopies présente d’abord un état des lieux de la crise du politique au Sénégal, avant d’appeler à la re-politisation de la société. La rupture du pacte de confiance entre les gouvernants et le peuple ainsi que le désarmement de la puissance publique par le « néocolonialisme, le néolibéralisme et la perte de crédibilité de la parole politique », semblent être les principaux facteurs ayant conduit au désintérêt grandissant des citoyens à la chose politique et à la désincarnation de l’action publique. C’est pourquoi l’auteur appelle à un renforcement de la puissance publique dans ses dimensions symbolique et pratique, en vue de faire advenir de nouvelles utopies. Dans cette perspective, la « désertion coupable du champ politique » risque d’être une impasse pour le progrès de la société politique’’[1].
‘’Sur la route du future’’ clôt cet essai écrit en deux semaines. Hamidou Anne disait qu’il « faut soigner le continent. C’est là où panser mais je ne panse pas le continent, les politiques publiques sans la connexion, ni la réflexion, encore moins le savoir d’où le jeu de mots entre panser et penser.[2]»
Explication assez complexe différent du contenu du livre qui se lit en une traite tant la sincérité est touchante. Il n’a pas de solutions miracles. Il rappelle juste l’impérieuse nécessité pour les africains de se reconnecter à eux-mêmes afin de jouer une partition de qualité dans le concert du monde.
[1] In Politisez vous!, de El Hadj Cheikh Diop https://www.seneplus.com/opinions/politisez-vous
[2] In Présentation de son livre Panser l’Afrique qui vient ! : Hamidou Anne veut qu’on soigne les maux de l’Afrique de Mame Fatou Kébé
https://www.lequotidien.sn/presentation-de-son-livre-panser-lafrique-qui-vient-hamidou-anne-veut-quon-soigne-les-maux-de-lafrique/