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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Sortir Des Extremes, La Trahison Des Contraires

Mise Au Point à L’article De Seydi Djamil Niane Dans Le Quotidien Catholique Français La Croix Et Intitulé: « Au Sénégal, Les Politiques N’agissent Pas Face à La Poussée Salafiste. »

Le 29 juillet 2019, le journal en ligne d’obédience catholique la Croix.com a publié un article intitulé: « Seydi Diamil Niane : « Au Sénégal, les politiques n’agissent pas face à la poussée salafiste » »Ce texte  qui donne l’apparence d’une initiative du très jeune chercheur dont la marque de fabrique repose sur des positions radicales à l’encontre des organisations islamiques non confrériques au Sénégal, est de fait, une interview téléphonique de la rédaction du journal, avec des questions chargées et ciblées pour confirmer l’amalgame et le dénigrement  de la communauté musulmane sénégalaise, accentuer sa division et saboter une initiative de l’Etat du Sénégal destinée à renforcer l’économie solidaire au sein de ses populations majoritairement musulmanes, en institutionnalisant le waqf qui est un instrument de la finance islamique très efficace dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté en générale et dont les preuves ne sont plus à démontrer.Il est important dans le cadre de de mise au point de revenir sur un certain nombre de considérations :

1). les motivations du journal la Croix en s’attaquant de manière détournée à l’institution du Waqf dans un pays à grande majorité musulmane.

2). la naissance et le développement du Fonds Sénégalais pour la Zakat, sa vision, ses missions et objectifs.

3). une approche  comparative entre les œuvres caritatives musulmanes et chrétiennes en terre africaine, sur les  moyens, missions, objectifs et résultats.

1). S’agissant du journal la Croix, il est présenté par  Wikipédia comme étant  « un journal quotidien français, fondé en 1883 par la congrégation de religieux catholiques des Augustins de l’Assomption. Se réclamant ouvertement chrétien et catholique…, ce quotidien Français se démarque des autres titres de la mouvance conservatrice et contre-révolutionnaire en s’affirmant uniquement catholique, apostolique et romain » . Cette présentation laisse entrevoir une filiation idéologique qui peut autoriser à penser, que  cette interview est une attaque détournée et masquée  mais habilement ciblée  contre l’islam et ses institutions  au Sénégal, même si les propos malveillants sont ceux d’un jeune « musulman » ignorant, et irresponsable. Le titre de chercheur à lui arboré ne servant que d’alibi  et de caution pour défendre le mensonge érigé en expertise.

Cette pratique du journal la Croix est un manque de respect et d’ouverture envers l’Islam au Sénégal en ce sens qu’elle  démontre encore une fois si besoin est, que si les populations musulmanes du monde par un pacifisme béat font la promotion d’un dialogue islamo chrétien au détriment de leurs valeurs religieuses et de foi, il existe parmi  leur vis à vis des extrémistes qui ne ratent aucune occasion pour saper cette volonté de vivre ensemble et par une hypocrisie manifeste, ne se gênent point à jeter l’opprobre et l’insulte sur les instruments légaux de promotion de l’Islam dans le monde.

Alors que les instruments d’une économie solidaire d’inspiration musulmane sont tournés en dérision et leurs initiateurs accusés d’une terreur « bienfaitrice », les populations musulmanes démunies de nos terroirs africains continuent de « subir » l’aide d’obédiences religieuses autres que musulmanes, qui ne cessent de convaincre par  la bienfaisance pour ensuite convertir les faibles d’esprit ou comme dans d’autres pays, travaillent à accentuer les divisions communautaires pouvant conduire à des scissions. L’exemple du Soudan avec l’influence des églises évangéliques dans la scission du pays est un cas d’école parmi d’autres.

Dès lors, nous comprenons l’opposition et le combat contre les musulmans qui ont pris conscience de l’importance de l’assistance sociale et de l’aide au développement apportées aux populations démunies. Une aide et une assistance qui, non seulement présentent l’islam dans son image réelle de  religion d’entraide, de développement et de solidarité active, loin de l’image de terreur qu’on cherche à lui coller mais, permettent de fixer les plus vulnérables dans leur foi musulmane. Il est à plusieurs reprises arrivé dans des villages musulmans de l’intérieur du Sénégal, au centre et dans le sud-est que pour des microprojets financés, des centres de santé ouverts ou des forages offerts, des populations musulmanes démunies rejettent leur foi ou confient l’éducation de leurs enfants à des congrégations religieuses non musulmanes qui les détournent de leur foi et faire d’eux des sujets  non musulmans. Si les organisations d’aide et d’assistance musulmanes sont accusées d’être des facteurs de renforcement de la foi des populations à majorité musulmane et sont combattues comme telles, d’autres organisations d’aide et d’assistance ayant pour vocation de détourner les populations musulmanes ont libre cours d’agir en toute impunité.

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Par ailleurs, le choix porté sur le jeune chercheur Seydi Diamil Niane n’est pas fortuit. Il s’agit d’une stratégie de contournement visant à faire passer cette forfaiture du journal La Croix comme un débat intra musulman, alors qu’il n’en est rien. L’auteur des propos lui-même étant le secrétaire permanent d’un cadre qui réunit tous les courants de l’Islam au Sénégal, confrériques  comme non confrériques, soufistes comme salafistes, ne peut accuser l’Etat du Sénégal d’un «mal» dont lui-même est promoteur. Cependant, il convient de comprendre l’état d’esprit de tous ces néo-occidentalisés qui sont pour beaucoup des citoyens de seconde classe, schizophréniques et dont l’identité religieuse est réduite à la portion congrue, et qui doivent, pour ne pas se justifier tout le temps devant ceux qui leur reprochent leur état physiologique d’homme de «couleur» et idéologique de musulman, user de la stratégie du double discours, d’un dédoublement comportemental et subir pour en souffrir un bipolarisme forcé, au risque d’être marginaux, rejetés ou même déchus de leur nationalité.

Ils sont en somme les héritiers de ce que Fanon appelait “les peaux noires, masques blancs”

Ils sont souvent adeptes d’un islam laïcisé, teinté de manière opportuniste et fausse d’un soufisme humaniste proche de l’idéologie syncrétique  des loges à l’image de ce que présente  Thierry Zarcone dans Mystiques, philosophes et francs-maçons en Islam ou Bruno Etienne dans Soufisme et franc-maçonnerie. Des formes de mystique syncrétiques  qui  se trouvent à des années lumières de celle prônée par les guides religieux du Sénégal, à l’exemple de Sidy El hadji Malick Sy, de Cheikh Ahmadou Bamba et d’autres grandes figures de l’Islam Sénégalais. Ces orientalistes néophytes sont chargés de la mission de semer la discorde, le désordre  et la zizanie entre les musulmans de leurs pays d’origine et de s’attaquer à toutes formes d’expression musulmane qui serait contraire aux idéaux d’un nouvel ordre mondial que l’Occident judéo-chrétien cherche à imposer au reste du monde. L’objectif général étant de légitimer le droit d’ingérence en utilisant  la stratégie du cheval de Troie au service du bien commun.

2). Quant aux Fonds Sénégalais pour la Zakat, il s’agit d’une association humanitaire créée en 2009 et légalement reconnue par l’Etat, suivant le récépissé N° 14582 en date du 02 juillet 2010 et dont la principale mission est  la collecte, l’administration et la redistribution  de la Zakat (3ème pilier), conformément aux prescriptions de l’Islam.

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Depuis sa création, le Fonds Sénégalais pour la Zakat travaille à soulager les populations démunies et couches vulnérables à travers l’assistance sociale, la prise en charge de frais de formation supérieure pour les étudiants issus de familles défavorisées et le financement de microprojets au profit des populations pauvres et potentiellement actives. Son organisation et ses résultats ont donné des idées à beaucoup de nos compatriotes qui s’en ont inspirés pour mettre en place des organisations similaires qui contribuent toutes au rayonnement d’une solidarité musulmane active, indépendante de toute ingérence étrangère. Fort de son credo : « la Zakat des Sénégalais pour les Sénégalais », l’expérience du FSZ n’a pas manqué d’attirer l’attention des pouvoirs publics, de la communauté universitaire nationale et internationale, des partenaires au développement du Sénégal et de tous les acteurs de l’économie solidaire dans notre pays qui considèrent le FSZ comme la première expérience réussie de la mise en œuvre d’un instrument de solidarité islamique qui est la Zakat. L’ensemble de ses activités et résultats se trouve dans son site web (www. senegalzakat.sn).

Cela dit, une organisation d’une telle envergure ne peut manquer de gêner ceux qui utilisent la situation d’extrême pauvreté de nos compatriotes dans les villages les plus reculés, pour leur imposer des croyances contraires à leur foi musulmane.

Dès lors, les musulmans de tous les courants doivent manifester leur fierté quant aux actions caritatives et humanitaires entreprises par leurs coreligionnaires partout à travers le monde et se doivent de refuser la distraction à eux imposée par des opposants à leur projet de société, qui chercheraient par tous les moyens à leur faire obstacle.

Une preuve de la volonté manifeste de faire obstruction à la solidarité musulmane agissante peut être lue dans le rapport conjoint du Groupe d’action financière (GAFI) et du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) 2015 qui n’a pas hésité à trouver une connexion entre le terrorisme en Afrique de l’ouest et les ONG. Par ailleurs, le contexte de ce rapport et les développements qui s’en ont suivi accusent de manière ouverte, les ONG islamiques qu’il faut contrôler d’après le rapport, réduire les moyens et discréditer aux yeux de l’opinion nationale et internationale,  pour dire lutter contre le financement du terrorisme en Afrique. Alors qu’au même moment, des ONG catholiques, évangélistes, pentecôtistes et d’autres obédiences manipulent des milliards de nos francs, et sous le couvert de l’assistance aux plus démunis, évangélisent des populations entières musulmanes. Nous ne sommes pas en train de dire que les acteurs influents de ces mécanismes de contrôle des transactions financières en Afrique qui pour la plupart sont des non musulmans ou ne portent pas du tout le souci de la promotion des valeurs islamiques dans notre continent prêchent pour leur chapelle, mais un certain discours venant de leur part à l’endroit des actions caritatives musulmanes nous laisse perplexes.

La confirmation de cet état de fait se trouve dans le rapport de  l’Agence Fides 2018 qui en dit long sur la percée de l’Eglise catholique en Afrique et son recul en Europe; plus de 6 millions d’Africains se convertissant au christianisme chaque année. Ne pas faire le lien avec la forte présence caritative de l’Eglise en Afrique serait manquer d’esprit critique. Plus de 50 000 institutions sociales d’obédience chrétienne sont présentes en Afrique, des écoles et universités à tous les niveaux, des hôpitaux et dispensaires, des orphelinats, des maisons de retraites et des congrégations pour l’évangélisation des peuples. Alors qu’une grande majorité de ces institutions sont financées depuis l’étranger, elles manipulent des sommes d’argent colossales et ne trouvent aucun problème à opérer des mouvements de fonds et alimenter leurs comptes. Et Pourtant, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) connu comme étant la banque de Vatican est présenté par le journal le Point dans sa parution du 29 juin 2013 comme étant la banque de tous les scandales, du blanchiment d’argent sale à la corruption, la concussion et le détournement des fonds destinés aux activités religieuses, mais cela n’empêche que leurs transactions financières se fassent en toute sécurité en Afrique et partout dans le monde. Même si du reste nous sommes sceptiques face aux allégations de cette presse anti religieuse qui cherche à détruire l’image des religions, le christianisme en premier, le constat demeure  que ces institutions financières à travers leurs bénéficiaires dans le monde dont le réseau CARITAS international, continuent de financer leurs activités religieuses et de prédication, au moment où, les organisations caritatives musulmanes sont muselées, harcelées, étouffées, voir asphyxiées pour lutter prétendument contre un terrorisme qui ne serait que musulman .

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Si les congrégations religieuses autres que musulmanes, dans un pays à majorité musulmane de plus de 97% comme le Sénégal peuvent, par un engagement sans faille, avec audace et une parfaite organisation locale et internationale, investir dans l’humanitaire des sommes dépassant les 4 milliards de  FCFA par année, les musulmans du Sénégal, qui font 32 fois plus doivent mobiliser avec audace, abnégation et détermination des montants qui dépassent les 128 milliards par année pour les investir dans le social et venir en aide à toutes les populations. Pour ce faire, le Waqf constitue l’un des meilleurs outils, car permettant la pérennisation de l’action humanitaire musulmane à travers des investissements durables et à fort profit.

Il revient pour les musulmans du Sénégal dans leur totalité, de magnifier la création de la Haute Autorité du Waqf par l’Etat du Sénégal et d’aider à la réussite de la première tentative d’institutionnalisation d’un instrument de la finance islamique et solidaire dans notre pays. Pour qui sait la détermination des pourfendeurs de l’islam au Sénégal et dans le monde, l’engagement des apôtres de la division dans la communauté musulmane, leur volonté affichée de discréditer l’islam par tout moyen,  ne peut ignorer que les défis sont énormes et restent très difficiles à surmonter.

C’est avec la volonté farouche de  surmonter ces défis, que nous lançons un appel à tous les hommes d’affaires sénégalais, les opérateurs économiques, les professionnels des entreprises et les populations en général, chacun en fonction des moyens dont il dispose de penser à la constitution de waqf ou de contribuer à sa constitution. Ce waqf une fois constitué et sécurisé par la haute autorité du waqf sera pour son constituant une aumône pérenne dont les bienfaits seront inscrits dans son registre de bonnes actions, aussi longtemps que les nécessiteux bénéficieront de ses retombées.

La vie est courte, même pour ceux qui passent leur temps à la trouver longue,  mais elle nous laisse toujours du temps pour bien agir.

 

Ismaila NDIAYE

Analyste-chercheur

Vice Président du Fonds Sénégalais de la Zakat

ismandiaye777@yahoo.fr

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