Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Pensée Pour Les « migrants »

« L’âge ne vous protège pas des dangers de l’amour. Mais l’amour, dans une certaine mesure, vous protège des dangers de l’âge. » 

Ainsi parlait l’actrice française Jeanne Moreau, paix éternelle à son âme. 

Au seuil de mon retour à Dakar, j’ai soudain l’envie folle d’arrêter l’accordéon du temps et de le plier à mon désir de retourner faire les mille choses prévues que je n’ai pu réaliser au cours d’un voyage qui me serre en dedans. Je ne récolte entre mes doigts grand ouverts que sable et eau filant à la même allure. Sablier ou clepsydre, le temps a décidé de rester souverain.  

Me restent le souvenir des éclats de bonheur de mes enfants devant des films en avant-première, la majesté perdue de Notre-dame de Paris en voile de deuil, les sentiers rieurs du Mont Saint-Clair sur les hauteurs de Sète mais surtout l’exceptionnelle chaleur humaine de ceux qui m’ont accueillie chez eux. En les remerciant, j’ai une immense pensée pour ceux que l’on désigne d’un mot générique vite dit, un peu facile, les migrants, qui eux, ne retrouveront pas, ce soir, la chaleur d’un foyer. Ces pasteurs des nouveaux temps aux regards de bêtes traquées, chassés par la misère pour retrouver une misère encore plus cruelle et qui développent, et c’est bien normal, des réflexes de gibier avec tout ce que cela comporte de désespoir. Je quitterai sans regret ces ignares des élites qui pensent et twittent que les Noirs ont attendu Toni Morrison pour savoir écrire. Louanges éternelles à cet immense auteur que j’aime, mais tout de même… 

A LIRE  Qui pour faire des remarques à notre president (Par Oumar Diaw)

Je retrouverai avec regret d’autres élites plus colorées aux chaussettes blanches et aux chaussures vernies délicatement posées sur une natte pour planter un arbre, mais tout de même… 

M’attendent les joies et les tracasseries de la Tabaski qui se profile.

M’attendent mon Afrique et mon Sénégal et mon foyer et les sourires de mes amis et les pluies vivifiantes de l’hivernage. 

Une chose est sûre, jamais je n’oublierai le regard perdu de mon fils « migrant » au bord du périphérique de Paris.

Et je prie pour qu’il trouve sur son chemin un regard d’amour qui le préservera des dangers de l’âge à venir. Je prie pour que les lambeaux d’humanité qui se terrent tout au fond de son cœur l’empêchent de blesser d’autres innocents en pensant se venger d’un sort qui l’accable. 

Je prie pour que l’hémorragie qui frappe les pays pourvoyeurs de « migrants » soit garrotée et que la sève de cette jeunesse soit utile au développement de nos pays. 

Seigneur, faites que les cris de détresse des mères soient entendus par ceux qui nous gouvernent !







Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *