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Remaniement Du Secrétariat National Du Pds: Le Cataclysme Annoncé

J’avais pris la décision, il y a quelques mois, d’adopter un silence face au méli-

mélo qui sévit dans ma formation politique (Parti Démocratique Sénégalais).

Cette décision, dont la réminiscence avait inquiété ceux qui me connaissent

toujours prompt à défendre mon parti, a été prise suite à la décision du PDS de

ne pas soutenir un candidat libéral lors de la dernière élection présidentielle.

Mon intime conviction était qu’il fallait soutenir un candidat pour être

conséquent. Mon syllogisme était clair: comme l’objectif était de gagner Macky

Sall, Karim Wade étant écarté ; donc il fallait soutenir les deux libéraux sur la

scène : Madické Niang ou Idrissa Seck.

J’avais pris mes responsabilités et j’ai voté pour Idrissa Seck qui, pour moi, avait

un programme alternatif crédible et était, avec Ousmane Sonko, les grands

challengers de Macky. C’était la première fois que j’adoptais une position

réfractaire aux décisions de maître Wade. Mais au fond, ma conception de la

politique est différente de celle de beaucoup de jeunes… En politique, j’ai

toujours évité de défendre une personne. Je défends des idées. Je défends une

vision. Et pour moi, le PDS est un creuset de dialogue, de réflexions, d’analyses

et de diagnostics des questions qui plombent le développement du Sénégal afin

d’y apporter des solutions idoines. C’est cela son rôle.

Ce que je fustige

Après une longue léthargie des structures du PDS, après les cascades de

démissions, après le grand désenchantement des militants de ne pas voir Karim

Wade rentrer au bercail, après le silence assourdissant du candidat du PDS qui,

jusque-là, ne s’est pas expliqué sur le pourquoi il n’est pas venu pour battre

campagne alors qu’il a écrit urbi et orbi qu’il sera de retour, on réaménage le

secrétariat national en nous bombardant les ‘‘ potes ’’ de Karim. C’est un

euphémisme, le manque de respect avec lequel les choix ont été opérés a

aiguillonné mon instinct de chroniqueur qui, au-delà des discours partisans, est

prompt à donner son point de vue sans crainte aucune. Dès lors, j’ai tenu, de

manière succincte, à livrer mes observations. J’ai tellement de choses à dire qu'il

me faut aller à l’essentiel pour ne pas écrire un essai sur la situation du PDS.

Personnellement, je ne suis pas contre la nomination de Karim Wade. Car, si on

est franc avec nous-mêmes, l’on peut lui reconnaitre son leadership, son

charisme, ses capacités intellectuelles, sa notoriété. Il a bien le package qu’il

faut pour porter le projet politique, social et économique du PDS. Par la force

des circonstances, Karim est devenu la personnalité politique la plus apte à

redorer le blason du PDS. Il est aimé par certains Sénégalais et admiré par ses

militants et sympathisants, même s’il faut noter qu’il en a perdu beaucoup avec

son retour manqué… Que Karim Wade soit le…Secrétaire Général Adjoint,

chargé de l’Organisation, de la Modernisation et de l’Élaboration des Stratégies

Politiques ; cela ne pose pas un problème. C’est raisonnable. Parce que l’objectif

c’est d’avoir un leader d’envergure nationale capable de créer un rapport de force

nécessaire sur le terrain politique. Mais ce qui est déplorable, la manière, oh

combien burlesque, de faire le remaniement du secrétariat national. Un parti

comme le PDS ne doit pas engager une telle initiative sans, au préalable, faire

une évaluation nécessaire de la situation du parti…

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Une démocratie interne vilipendée

C’est connu: le PDS est un grand parti. Un grand héritage qui, s’il est préservé,

peut servir la nouvelle génération. Malheureusement, il tend vers une décadence

avec le manque de démocratie interne et de dialogue. C’est le philosophe Michel

Onfray qui, en théorisant la métaphysique des ruines, a noté que toute chose suit

un processus de décadence. Naturellement, le Parti Démocratique Sénégalais ne

déroge pas à cette règle. Mais, cette manière de constater une décadence

accélérée du PDS, avec en toile de fond des micmacs politiciens, m’exaspère.

Dans le PDS d’aujourd’hui les militants semblent ne plus avoir la liberté de dire

ce qu’ils pensent, mais ils doivent obéir, tels des valets, au Maître. Ça alors ! Les

partis politiques classiques au Sénégal sont allergiques au renouvellement. Ils

refusent de s’adapter à la marche du monde. Or, il est temps de sortir de ces

pratiques politiciennes pour faire face aux préoccupations sociales. Les

Sénégalais souffrent. Il y a des questions prioritaires auxquelles le PDS, en tant

que parti politique, est appelé à faire face.

Un parti politique n’est pas une ‘‘ confrérie ’’ où, constamment, il faut obéir au

‘‘ Marabout ’’ de façon mécanique. Maître Abdoulaye Wade est un brillant

homme politique, il faut le lui reconnaitre sans ambages. Wade lui-même est un

homme qui a le sens du relatif. Un homme ouvert au débat et à la critique. Il a

certainement compris tout le sens de ce précepte de Blaise Pascal: vérité en deçà

des Pyrénées, erreur au-delà. Comme en écho, l’auteur Du contrat social Jean

Jacques Rousseau note : s’il y avait un peuple de Dieux, il se gouvernerait

démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes.

Pour preuve, il y a deux ans quand le bureau du MEEL (Mouvement des Élèves

et Étudiants Libéraux) national, auquel je suis membre, a été reçu par le

président Wade qui avait demandé à ce qu’on donne la parole à tous ceux qui

étaient présents. Pourtant, le secrétaire général d’alors, Victor Sadio Diouf, avait

proposé des membres qui devaient porter la parole du MEEL. À la surprise de

tous, le président Wade nous avait dit: on fait le tour; tout le monde prendra la

parole. Cet acte prouve, à juste titre, qu’il tient à la liberté d’expression, à la

démocratie interne, au respect des opinions de ses militants.

Les lobbyings, les amis, la famille

À y voir de près, l’on constate, avec un œil avisé, que le président Wade et

Karim ont été manipulés par des prédateurs qui ne sont bien que dans et par les

manœuvres. Les lobbyings, les amis, la famille, voici les trois notions qui

cristallisent les décisions du secrétariat national du PDS. Comme toujours, il y a

une bande de vautours, d’arrivistes, de faucons qui disent à Karim Wade ce qu’il

veut entendre. Ils tissent toute une odyssée à Karim pour l’amener à prendre des

décisions absurdes et inintelligentes. Karim n’est pas un politicien. Tous ceux

qui l’ont pratiqué le disent. C’est un bosseur qui ignore quelquefois que la

politique tient plus à la géométrie qu’à l’arithmétique. C’est un…banquier.

Certes, il faut le reconnaitre, il y a des personnes sur la liste qui méritent d’être

choisies, mais nombreux sont ceux qui ne doivent pas y figurer. Vous ne pouvez

pas parler de redynamisation avec les mêmes têtes et certains qui, nombreux,

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n’ont de mérite que parce qu’ils font « la grande gueule ». Et puis, même si

selon les textes du parti c’est le secrétaire général qui doit constituer les

membres du secrétariat national, tout porte à croire qu’il doit, en amont,

consulter les responsables du parti. La démission de Babacar Gaye, de El Hadji

Amadou Sall, de Amina Sakho, de Docteur Cheikh Tidiane Seck, de Aly Nar et

autres…justifient que la liste a été faite de manière unilatérale.

Choisir Babacar Gaye comme Secrétaire National, Président du Comité National

Permanent d’Organisation est une stratégie pure et simple de le pousser dos au

mur. Karim préfère des gens qui pontifient avec toute véhémence à la télé, des

gens super-médiatisés qui parlent beaucoup pour ne rien dire. Des gens qui ne

sont pas crédibles devant les Sénégalais. Des gens qui, dans un pays sérieux, ne

feront pas la politique.

Karim doit intégrer que quand on veut gérer la res publica, c’est-à-dire la chose

de tous, on doit se départir des considérations relatives à la famille, relatives au

clan, relatives aux états d’âme, relatives à l’amitié… Plus de 60 ans de politique,

le pays bouge peu ou pas. Parce qu’à vrai dire, il y a des méthodes orthodoxes

qui peuplent l’univers des partis politiques classiques. Il faut faire sauter les

verrous. Il faut mettre le Sénégal sur les rails du développement. Et ce n’est

possible qu’à travers la promotion de l’élite et des compétences, le tout couronné

par un choix fondé sur des critères exigeants. Les enjeux dépassent les

individualités et les intérêts des partis politiques. Il s’agit de la destinée de notre

Sénégal.

Ce que Karim Wade doit comprendre

Karim Wade doit comprendre que les choses ont changé. Le débat politique

Sénégalais est devenu sérieux. Les Sénégalais sont devenus exigeants et ils

écoutent les différentes interventions des hommes politiques pour démêler le

grain de la paille. Les réseaux sociaux sont devenus le point de jonction des

débats politiques. Le peuple Sénégalais est hyper connecté (environ 9 Millions

d’internautes). Loin de la théorie et d’un discours va-t-en-guerre, il faut une

stratégie digitale efficace adaptée à des contenus percutants, pertinents et

convaincants. C’est une bourde que de confier sa communication sur les réseaux

sociaux à une pseudo-experte en communication qui n’est bien que dans et par la

diarrhée verbale.

Je n’ai pas une dent contre un membre du PDS, mais je suis ulcéré par certaines

pratiques et méthodes glauques. La façon de faire la politique d’il y a 20 ans doit

changer. Si Ousmane Sonko est écouté aujourd’hui (mieux que le PDS) c’est

parce qu’il a un discours sérieux, il propose une alternative crédible, il est

entouré d’hommes et de femmes respectables qui font focus sur les choses qui

bloquent notre pays. Ils sont dans des débats thématiques. De là, ils sont en train

de convaincre les Sénégalais. Il faut que le PDS s’adapte au contexte politique

actuel.

Ils disent à Karim qu’il a les moyens et que les Sénégalais peuvent facilement

voter pour lui. Ils oublient de lui préciser que les Sénégalais sont en train de

se départir de cette conception de la politique. Les citoyens sont en train de

comprendre les enjeux. Ousmane Sonko n’a pas assez de moyens, mais il est

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parvenu à gagner le cœur de beaucoup de Sénégalais. Il faut des idées. Il faut

des arguments. Karim ne peut pas réussir avec sa façon de faire les choses. Il ne

peut pas faire face à la préoccupation des Sénégalais avec sa méthode clanique.

Faire la promotion des cancres est absurde et est loin de la meilleure méthode de

prendre le pouvoir dans le contexte politique actuel.

‘’Ils  font croire à Karim que ce sont ses militants qui ont voté pour Sonko.

Bigre ! Tous ceux qui ont voté pour Ousmane Sonko ont été convaincus par son

programme alternatif. Avec ces frustrations et cette crise profonde, créées par

une bande de prédateurs, beaucoup vont quitter le navire. Vous ne pouvez pas

former une liste sans consulter les responsables du parti… Or, le PDS regorge de

brillants jeunes qui, politiquement et stratégiquement, peuvent beaucoup

apporter. Mais, bah ! il faut être un ami de Karim ou l’ami d’un ami de Karim

pour être promu. Ils sont nombreux à se targuer de Karim m’écoute Karim

m’appelle chaque fois Karim limako wah lay def . Bah ! on s’en f… !

Les prédateurs

Sur la liste du nouveau secrétariat national, il n y a que ceux qu’on nomme les

hommes de confiance de Karim qui occupent les postes stratégiques. Même les

adjoints… Des hommes de confiance qui, c’est certain, roulent pour leurs

propres intérêts. J’ai le sens du relatif et j’ose affirmer que certains membres sur

la liste sont fidèles et vont mener le combat dans la pertinence et l’abnégation.

La vie politique est faite de soubresauts et je ne l’apprends pas à Karim dont le

père a été victime de déceptions inouïes. Donc laissons Karim faire ses choix et

regardons les séries de trahisons et de démarches politiques maladroites de

certains de ses hommes de confiance.

Ce qui est plus aberrant dans le choix des personnes sur la liste est qu’on

retrouve parfois les mêmes personnes titulaires de deux postes de

responsabilités. Et d’autres adjoints dans deux postes différents. Comme si ces

derniers étaient les seuls capables, compétents, déterminés et engagés. Cette

surcharge prouve l’amateurisme avec lequel les choix ont été faits. Il faut que

celui…qui a pris cette décision respecte les militants. Le PDS regorge de

ressources humaines de qualité, de militants aguerris, chevronnés, aptes à porter

la philosophie et la vision politique du parti pour un Sénégal meilleur. Mais,…

Wade préfère les plus dociles aux plus intelligents. Il est impératif de poser un

débat sérieux et démocratique dans le respect des différentes opinions. C’est cela

qui mène le monde.

Fouad Laroui, chroniqueur à Jeune Afrique, avait fait un brillant texte titré LA

REVANCHE DES CANCRES. Sous nos cieux, ce texte, écrit dans un style

parfait, prend son sens. Le texte en question notait : l’élitisme, la culture,

l’excellence sont devenus de gros mots. Le cancre mène le monde. Faut-il

s’étonner que le monde ne tourne pas rond ? Quand des munis habens prennent

le contrôle sur les postes clés du secrétariat national du PDS, il ne faut pas

s’étonner de voir le parti tourner en rond. Avec ce choix de…Wade, rien n’a

changé pour que tout change. Le cataclysme est annoncé.

El Hadji Omar Massaly

15/08/2019

masselhadjiomar@gmail.com

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